Autopartage :  un marché en devenir

Sur la carte française de l'autopartage, la région Auvergne-Rhône-Alpes, et la Métropole lyonnaise en particuliers, font figurent de bons élèves, renforcés par l'arrivée, la semaine dernière, de Yea!, le nouveau service de Citiz-LPA. Pour les observateurs, multiplier les initiatives est bénéfique pour convertir les automobiles à l'autopartage, avec, en ligne de mire, la démotorisation. Mais avec trois opérateurs principaux pour un service encore émergeant, y-a-t-il vraiment de la place pour tous ?

En 2010, le cabinet Xerfi estimait le marché français de l'autopartage à 25 000 utilisateurs. Près de 7 ans plus tard, s'il reste toujours difficile de l'appréhender, les principaux réseaux comptent à eux seuls plus de 150 000 utilisateurs auxquels il convient d'ajouter l'autopartage entre particuliers. Dans la métropole lyonnaise, plus de 13 000 abonnés utilisent les services de Citiz-LPA (2 500 abonnés à fin septembre 2017 et de Bluely (11 000 abonnés depuis son lancement). Un troisième opérateur, Wattmobile (Groupe Indigo), propose des voitures au départ de la gare de la Part-Dieu (données non communiquées). Dans le reste de la région, le réseau Citiz est présent à Saint-Etienne, Valence et dans les Alpes (Annecy, Chambéry, Grenoble, Bourgoin-Jallieu, Villefranche) avec près de 8 000 abonnés en cumulés.

"Sur le territoire de la Métropole, la mobilité doit devenir une source de rencontres et d'opportunités nouvelles. Nous n'avons pas à rougir en matière d'initiatives. C'est un bon temps d'avance pour la Métropole", avance David Kimelfeld, président de la métropole de Lyon.

En quête de rentabilité

Ainsi, en dehors de l'Ile-de-France où les opérateurs multiplient les initiatives, portées par la puissance d'Autolib (plus de 100 000 abonnés), la métropole de Lyon apparaît comme un champ d'expérimentation pour les opérateurs d'autopartage. 

L'arrivée, puis le départ après deux ans seulement d'expérimentation de SunMoov à la Confluence, ou celui de Car2Go (Daimler) en juin 2012 (contentieux juridique) montre l'intérêt de la ville pour les opérateurs.

"Il n'est pas évident d'asseoir un modèle économique autour de la voiture partagée. Nombreux opérateurs perdent de l'argent. C'est pour cela que nous avons fait le choix, dès le départ, de lancer un autopartage en boucle qui permet de s'assurer d'avoir une voiture", avance Jean-Baptiste Schmider, fondateur et président de Citiz.

Pour pérenniser son activité, le pionnier français de l'autopartage (11 100 voitures, 30 000 abonnés) a bâti son modèle économique sur la coopération avec 12 structures locales propriétaires de la marque. Le réseau a réalisé huit millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'ensemble des structures en 2016.

Essor du libre-service

Face à ce modèle prudent, Blue Solutions (Groupe Bolloré) et sa marque Autolib à Paris, Bluely à Lyon et bientôt à Turin, Indianapolis, Singapour, Los Angeles et Londres a misé sur la voiture électrique sans réservation avec restitution sur n'importe qu'elle station (même si depuis elle a introduit la possibilité de réserver une voiture au départ et sa place à l'arrivée). Sur le territoire, l'opérateur compte près de 100 stations sur 12 communes et l'aéroport avec 3 modèles de véhicules.

"Notre développement reste progressif. Après le campus d'Ecully, que nous avons ouvert récemment, nous ouvrirons deux autres stations, dans le 3e et le 9e arrondissement de Lyon d'ici à la fin de l'année. Nous choisissons toujours différents pôles de connexion possible", souligne Stéphanie Saumet Chaussy, responsable marketing et communication de Bluely.

Yeah!, du réseau Citiz, apparaît ainsi comme une riposte à l'alternative Bluely.

Lire aussi : Pourquoi LPA renforce son offre d'autopartage avec Yea!

Une lente évolution des pratiques


Contrairement au marché du vélo en libre-service, contraint de résister aux assauts des startups, le marché de l'autopartage s'organise. Seul l'américain ZipCar (racheté depuis par Avis) a réussi à "provoquer" le marché français, sans opérer une percée spectaculaire.

"Il n'est pas seulement question de technologie dans une plateforme, il faut des investissements lourds. Nous sommes une coopérative, nous ne sommes pas délocalisables", poursuit Jean-Baptiste Schmider.

Mais une dernière question de taille demeure : quel marché pour les opérateurs ?

"C'est incontestablement un marché de niche. On pèse encore peu face aux 40 millions d'automobilistes. Cela relève d'une évolution profonde des mentalités. Pour le moment, nous sommes un service complémentaire à la mobilité, on va se servir d'une voiture en complément d'un trajet en bus, en train. D'où la nécessité d'être tous les uns près des autres pour faciliter l'interopérabilité. J'estime pour ma part qu'il faudra au moins une génération pour aller vers une suppression totale de la voiture", avance Jean-Baptiste Schmider.

"Nous sommes dans une logique d'interconnection avec les autres modes de transports. On choisit la voiture en fonction de son besoin. C'est pour cela que nous multiplions les partenariats avec les autres modes de transport", rajoute Stéphanie Saumet Chaussy.

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