Bernard Pivot, l'ancien animateur vedette de l'émission culturelle Apostrophes, a accepté une nouvelle fois de plaider, avec ferveur, la cause du musée des Tissus de Lyon, dont l'avenir reste en suspens. Le président du Prix Goncourt a répondu à l'invitation d'Emmanuel Imberton, le président de la CCI Lyon Métropole, propriétaire historique de l'institution qu'elle n'a plus les moyens de gérer, seule.

"J'ai eu le privilège de me rendre dans l'atelier de restauration. J'ai vu des pièces extraordinaires : un étendard iranien du XVIe siècle. Une robe chinoise du XIXème d'un bleu divin...", s'est émerveillé le journaliste. "Après avoir admiré cela je me suis dit qu'il n'est pas possible que ce musée disparaisse. J'en étais déjà convaincu avant. Imagine-t- on la ville d'Epinal fermer son musée des images ? Imagine-t-on Mayence, fermer son musée Gutenberg ?", s'exclame-t-il.

Sacrilège

Bernard Pivot, toujours Lyonnais de cœur, a fait éclater son indignation "devant le risque de voir fermer ce musée à l'initiative de Lyon. Ce serait faire preuve d'obscurantisme, de vandalisme et de sacrilège. Ce serait considérer les tissus anciens comme de vieux chiffons, les soieries comme des tergals obsolètes pour aristocrates décadents".

Fermer ce musée serait "trahir la mémoire" de l'ancienne capitale de la soie, a-t-il martelé. Bernard Pivot en a appelé à Georges Képénékian, le nouveau maire et à Gérard Collomb. L'actuel ministre de l'Intérieur "ne peut accepter de fermer ce musée comme un commissariat dans un quartier désert".

Maintien dans les deux hôtels particuliers

L'affaire est entendue. La ville et la Métropole de Lyon traînent les pieds pour apporter leur contribution à la renaissance du musée des tissus et des arts décoratifs (MTMAD) selon le scénario prévoyant le maintien de cette double institution dans ses actuels hôtels particuliers, rue de la Charité, dans la Presqu'île lyonnaise.

C'est pourtant sur cette base que la région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par Laurent Wauquiez, LR, a proposé de prendre en charge le pilotage et l'essentiel du coût d'un ambitieux chantier de rénovation. Il a été chiffré autour de 30 millions par le cabinet In-Extenso. L'Etat aurait confirmé sa participation à hauteur de 20 % de l'investissement. En contrepartie, l'organisme consulaire s'est engagé à rétrocéder les deux édifices pour l'euro symbolique.

La gouvernance

Quant au budget de fonctionnement le conseil régional a réévalué sa contribution annuelle en la portant à un million d'euros. De son côté les pouvoirs publics mettent 300 000 euros sur trois ans à compter de 2018. La CCI ne "lâche pas le manche" et apporte 200 000 euros. Dans le cadre de ce montage il est souhaité une participation conjointe de "500 000 euros" de la part de la ville et de la métropole. Quoiqu'il en soit, le montage ne peut être envisagé sans la présence de ces deux collectivités locales.

La gouvernance est évidemment une question hautement sensible et nécessite d'œuvrer avec force diplomatie. Le secteur privé, par la voix de Grégoire Giraud, vice-président du syndicat Unitex, confirme un premier apport d'un million d'euros, sur les années 2018/2019, pour des actions ponctuelles de mécénat.

 90 % du chemin

"C'est un combat que nous avons engagé il y a trois ans", a rappelé Emmanuel Imberton. "L'appui du président de la région a été décisif. Nous avons fait 90 % du chemin aujourd'hui. Je veux que ce musée soit un musée commun". La réunion de finalisation est fixée le 6 octobre prochain. Elle est présentée comme la dernière des dernières réunions. La vingtaine de salariés du musée s'accrochent eux aussi à cet espoir.