"Un coup de foudre". C'est en ces termes que Guillaume Lachenal, PDG de Miliboo, une marque digitale d'ameublement, explique son choix d'installer une Milibootik dans le quartier Grolée Carnot, au cœur de la presqu'île lyonnaise. Dans ce deuxième magasin, après celui de Paris, la jeune société sise à Annecy dit avoir investi entre 400 000 et 500 000 euros.

A l'instar de Miliboo, les ouvertures d'enseignes s'égrèneront tout au long du trimestre, dans ce quartier situé entre la place Bellecour et la Place des Terreaux. Ainsi, le 20e magasin Uniqlo en France a donné rendez-vous à ses futurs clients le 29 septembre. La marque de vêtements figure parmi les trois locomotives de ce quartier ayant pour rôle de dynamiser les flux de consommateurs, alors que le Hard Rock Café a été inauguré le 30 octobre 2016 et que Decathlon ouvrira début 2019.

Une histoire compliquée

Racontée ainsi l'histoire paraît banale sauf que ce quartier, pourtant idéalement placé, revient de très loin. Le traverser a longtemps donné l'impression de plonger dans une zone fantôme où les rez-de-chaussée avaient été désertés. Tout a commencé quand la ville de Lyon s'est séparée de ce patrimoine de 10 immeubles Haussmanniens auprès de l'américain Cargill, en 2004. Celui-ci procédera à une opération de vente à la découpe deux ans plus tard. Les rez-de-chaussée seront alors achetés par les Docks Lyonnais (foncière d'UBS) puis cédés fin 2013 au fonds souverain d'Abu Dhabi. Initialement, et au motif de la qualité des immeubles, l'idée était de créer un triangle d'or du luxe. Un échec.

Le soutien de la ville

Face à ce constat, UBS fait appel à Firce Capital, un gestionnaire d'actifs basé au Luxembourg, en 2012.

"Une fois que nous avons compris pourquoi cela n'a pas marché nous avons repositionné l'ensemble du projet vers un quartier commerçant tendance", raconte Christophe Fournage, président de Firce Capital. "Nous avons présenté le projet à Gérard Collomb (le maire de l'époque, NDLR) fin 2012. La ville nous a beaucoup aidés y compris dans les discussions avec l'architecte des bâtiments de France".

"Pour nous, c'est un enjeu fort qui s'inscrit dans le grand projet 'Cœur de Presqu'île', confirme Fouziya Bouzerda, déléguée au commerce à la ville. Les trottoirs ont été élargis et les parkings en épis supprimés.

Transformations majeures

Christophe Fournage annonce que plus de 20 millions d'euros de travaux ont été effectués dans les 18 000 mètres carrés de commerces concernés. Il fait état de transformations majeures nécessaires pour attirer de grandes enseignes ayant besoin de grandes surfaces (plus de 2 000 mètres carrés pour Uniqlo). Cloisons et poteaux ont été supprimés afin de fusionner les espaces commerciaux en utilisant des techniques dignes des ouvrages d'art. De 100 au départ, le nombre des cellules, datant des années 1970, a été réduit à 30. Ont été ciblées des marques évoluant dans les équipements de sports (Snowleader, Au 31 du Cycle, Courir...) le prêt-à-porter moyen de gamme, la mode enfants.

Loyers un peu inférieurs à la rue de la Ré

L'ensemble est aujourd'hui commercialisé à 95 %. Et des contacts existent pour les trois espaces restants, est-il précisé. Au total, quelque 300 emplois pourraient ainsi être créés. Le montant des loyers, comprenant une part fixe et une part variable sur le chiffre d'affaires, oscille entre 300 et 1 000 euros le mètre carré, "un prix un peu inférieur à la rue de la République", relève Christophe Fournage. Le fonds d'Abu Dhabi, également propriétaire de la rue de la République, continue à acheter au coup par coup des murs de boutiques, qui se libèrent, dans le périmètre du quartier Grolée Carnot. Ce même fonds s'était mis sur les rangs pour acquérir les rez-de-chaussée de l'Hôtel Dieu. Les offres ne seront pas concurrentes, est-il promis par les promoteurs.