Acteurs de l'économie - La Tribune. Avec le CentSept, la métropole de Lyon s'est dotée d'un lieu consacré à l'innovation sociale. Quelle est sa singularité ?

Philippe Imbert. Il existe depuis longtemps de nombreuses et efficaces initiatives sur la Métropole. Il manquait cependant un lieu fédérateur où tous les acteurs économiques puissent se réunir pour encourager des projets qui répondent aux besoins sociaux, sociétaux et environnementaux du territoire.

Pour y remédier, nous avons fait le choix de créer une association, de co-construire avec des partenaires publics, des grandes entreprises, des experts de l'entrepreneuriat social, les populations bénéficiaires, mais aussi tout l'écosystème du développement économique (universités, associations, clusters...). Ce lieu vitrine a une approche avant-gardiste et expérimentale dont l'objectif est d'accompagner des projets concrets aux modèles économiques équilibrés, non caritatifs et durables.

Avec le CentSept, nous voulons décloisonner, casser les silos, car nous partageons la conviction que notre collaboration est un levier pour maximiser l'impact de ces projets entrepreneuriaux. Le CentSept est la somme des intérêts convergents de tous les acteurs économiques. C'est inédit à Lyon, mais aussi en France.

Pourquoi avoir créé ce lieu ?

Nous sommes sur une thématique d'open innovation. L'innovation sociale a toute sa place aux côtés de l'innovation numérique et digitale. Nous voulons répondre aux besoins des habitants, notamment les plus fragiles et nous assurer qu'ils bénéficient des nouveaux services de la ville intelligente par exemple. L'innovation sociale doit ainsi faire partie intégrante de la smart city. Je suis convaincu de l'apport des capteurs et des données pour améliorer la vie des citoyens.

L'enjeu du CentSept est de venir compléter cette dynamique, d'encourager les entrepreneurs qui mettent le facteur humain au coeur de leur projet. La ville intelligente doit être pensée comme une ville inclusive et s'inscrire dans l'amélioration du bien vivre ensemble.

De plus en plus de jeunes veulent entreprendre en bousculant l'ordre établi. L'économie sociale et solidaire a de plus en plus la cote...

Cet effet générationnel est formidable. La jeune génération a très envie de donner du sens à ce qu'elle entreprend. La dimension du social business va plus loin, et nous constatons heureusement que de plus en plus d'entrepreneurs de tous âges veulent s'engager dans une action qui a du sens.

L'objectif du CentSept est aussi de faire évoluer les mentalités et les modèles économiques classiques en démontrant qu'innover socialement peut être bénéfique pour tous. Nous voulons toucher tous les publics, toutes les générations, toutes les structures qu'elles soient publiques ou privées, quels que soient leurs secteurs d'activité. Nous avons l'ambition de faire changer la culture des entreprises, de l'intérieur, grâce à l'implication de leurs salariés et de leurs directions. Je suis convaincu que nous pouvons faire émerger des vocations et même sûrement favoriser l'intrapreneuriat.

Le CentSept a cette finalité de faire émerger des entreprises créatrices de valeurs et d'emplois sur le territoire. Souhaitez-vous, à l'instar des incubateurs traditionnels, faire émerger des futurs champions ?

Nous ne sommes pas contre l'idée de faire émerger des champions qui créeront beaucoup d'emplois. Je serai ravi que le CentSept soit un jour reconnu comme un acteur majeur du développement économique et du rayonnement de la Métropole et de la région par l'excellence des initiatives que nos partenaires ont soutenues. Cependant, plutôt que de viser des réussites emblématiques, je préfère que nous favorisions une multitude de petites ou moyennes entreprises qui répondent à de nombreux besoins du territoire. L'impact positif de l'action du CentSept va bien au-delà du décompte du nombre d'emplois créés.

Propos recueillis par Romain Charbonnier