La filière bois reprise en main par ses artisans ?

Filière traditionnelle qui a vécu de belles époques, elle redevient aujourd'hui une filière d'avenir, boostée par les enjeux de la transition énergétique et du réchauffement climatique. Ce sont les marchés, soit l'utilisation qui est faite du matériau bois (en bois d'œuvre, bois d'industrie ou bois énergie) qui tire l'ensemble du secteur, et l'innovation au sein du secteur est portée par les professionnels eux-mêmes.

Avec 18 000 entreprises et 65 000 emplois, dont 40 % liés au secteur de la construction, la Région Auvergne Rhône-Alpes est le leader national dans le domaine de l'exploitation forestière. "L'ambition est d'atteindre 6 millions de m3 en 2020", ambitionne même Marinette Feuillade, déléguée générale de la FIBRA, l'interprofession régionale de la filière forêt-bois, rappelant qu'actuellement 5,2 millions de m3 de bois sont exploités chaque année.

Le "bois d'œuvre" retrouve ses lettres de noblesse

Matériau de prédilection pour tous types de constructions pendant des décennies, le bois a ensuite longuement été délaissé au profit de matériaux beaucoup moins nobles. Bénéficiant d'une certaine tendance du retour "au naturel", le "bois d'œuvre" retrouve ainsi ses lettres de noblesse.

Il s'agit du bois réservé à tout autre usage que le chauffage : menuiserie, charpente, caisserie pour la construction, ameublement, aménagement des espaces intérieurs et extérieurs. Provenant du fût des arbres (partie du tronc la plus régulière), il est la première finalité de l'exploitation des forêts.

Lire aussi : La filière bois régionale, un filon à structurer pour mieux l'exploiter

Aujourd'hui plébiscité par les consommateurs, il fait également la "bonne santé" des entreprises qui le transforment. Les structures traditionnelles se sont modernisées pour s'adapter aux tendances actuelles. De jeunes entreprises et startups ne manquent pas d'idées pour inventer de nouvelles applications à partir du bois. "

Par le passé nous avons beaucoup laissé la place à la distribution, notamment aux grandes chaînes. On a alors négligé l'aménagement intérieur et les contraintes de l'aménageur" analyse Christophe Chenu, gérant de Blum France, une des 27 filiales de la société autrichienne Blum, fabricant de charnières et coulisses pour les meubles de cuisine et salles de bain, qui compte 7000 collaborateurs dans le monde.

"L'évolution est aujourd'hui de faire en sorte que la construction tienne en compte, dès la conception, du futur aménagement intérieur", ajoute-t-il, précisant que l'on est désormais capable de faire des constructions à ossature bois jusqu'à 7 ou 8 étages.

Fort de l'observation de l'utilisateur final, Blum est à l'origine du plan de travail établi entre 88 et 93 cm de hauteur, des tiroirs à sortie totale et de meubles plus larges, améliorant considérablement l'ergonomie dans la cuisine.

Selon M. Chenu, ébéniste de formation, il faut soutenir la branche artisanale qui doit davantage pouvoir se développer en France. Le marché de la cuisine est actuellement à 72% d'importation, mais pour la filiale française de Blum créée en 1992 à Rumilly (Haute-Savoie), le marché français fait partie des 5 plus gros marchés au monde.

Eurobois 2016 : un salon au cœur de la filière

Evènement réalisé par et pour les professionnels de la filière, le salon Eurobois qui se tiendra du 15 au 18 novembre 2016 à Lyon, va accueillir 20 000 professionnels et 300 exposants européens, parmi lesquelles 25% de nouvelles entreprises. Ces nouvelles tendances seront à l'honneur durant l'événement.

"Notre objectif est d'être une plateforme de lancement de nouveaux produits" déclare Florence Mompo, Directrice du Salon Eurobois. "C'est un salon incontournable qui nous tient à cœur" témoigne Laurent Maziès, Directeur de Biesse France,  filiale basée à Brignais du groupe italien, fidèle d'Eurobois depuis son origine.

En passe de devenir N°1 mondial dans le secteur des machines spéciales et à commandes numériques sur le marché de la 2ème transformation du bois, Biesse est en phase de forte croissance et réalise un chiffres d'affaires de 41 millions d'euros en distribuant à travers 100 pays dans le monde. "Maintenant que nous savons faire 6 étages à ossature bois, notre nouveau secteur d'activité est la charpente", indique-t-il, précisant qu'il s'agit encore d'une petite activité au sein du groupe, mais avec une perspective de croissance importante.

Soutien ministériel

Au-delà de la technologie, le partenariat de prestige noué avec les Compagnons du devoir symbolise pour Biesse la mise à disposition de l'innovation au service de l'artisanat d'excellence. "La France est en mal d'industrialisation", regrette E. Maziès, affichant la volonté du groupe de la sponsoriser en mettant ses technologies entre les mains "de la crème des artisans" pour les tester et se les approprier. Jadis dominée par la distribution, la filière bois serait-elle en train de reprendre son destin en main ? Les artisans du bois en seraient alors les principaux acteurs.

Toujours est-il qu'avec l'annonce le 26 septembre dernier du renforcement des crédits alloués à un fonds destiné à soutenir la filière bois par le ministre de l'Agriculture et de la Forêt, le salon s'ouvrira dans un contexte enthousiaste.

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