Auvergne Rhône-Alpes  : l'opposition demande à voir le schéma de développement économique

Le dossier polémique de la convention avec les chasseurs sera soumis au vote de la séance plénière de ce jeudi au conseil régional Auvergne Rhône-Alpes. Le président Wauquiez dit assumer totalement ce partenariat, une première nationale. D'autres dossiers hérissent l'opposition qui réclame que le projet de Schéma régional de développement économique leur soit présenté.

Les rapports ne s'apaisent pas entre Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, et l'opposition de gauche. Les échanges promettent, une nouvelle fois, d'être peu amènes lors de la séance plénière de ce jeudi. Il sera débattu des dispositifs ruralité et bourgs centres - "des saupoudrages sortis du chapeau" selon Jean-François Debat, président du groupe SDEA (socialistes et apparentés) - ainsi que de la convention  avec les chasseurs alors que les subventions à la FRAPNA (fédération de la protection de la nature) ont été réduites de moitié.

L'opposition entend surtout que soit mis sur la table le Schéma régional du développement économique qui se fait attendre.

Les 75 millions d'économies confirmés

Le patron du conseil régional, devenu président par intérim du parti Les Républicains, reste droit dans ses bottes et affiche sa satisfaction.

"Nous avons la certitude que nous atteindrons notre objectif de 75 millions d'euros d'économies dès cette première année de mandat. Nous serons la première région à arriver à ce niveau", a t-il martelé, en substance, devant la presse en début de semaine.

Lire aussi : Auvergne Rhône-Alpes : L. Wauquiez détaille les 75 millions d'économies

Jean-François Debat dit avoir appris à se méfier :

"Nous n'avons aucune information sur l'exécution budgétaire. Je verrai sur acte quand nous aurons le compte administratif dans neuf mois".

Le litige crédit bail TER soldé

Laurent Wauquiez se félicite d'avoir sorti la région de "l'ornière" du crédit bail contracté avec Dexia Flobail pour l'acquisition de rames TER. Ce contrat signé en 2008 avait été résilié de façon unilatérale par la banque alors en pleine crise, en novembre 2012.

Selon les informations recueillies auprès de l'actuel exécutif, le litige provenait en fait des relations entre la SNCF et Dexia. Un accord a été trouvé entre le conseil régional et l'opérateur national de transport "sur le coût définitif du matériel,sur sa part de prise en charge du préjudice et sur le montant final à lui verser, soit 82 millions".

Jean-François Debat reconnaît : "La région s'est bien tirée de ce contentieux dont elle n'était pas responsable. Dexia n'a pas honoré sa signature et nous avions déjà engagé les négociations".

Ruralité et bourgs centres

Au chapitre de l'aménagement du territoire, le plan ruralité présenté ce jeudi se voit attribuer 30 millions d'euros sur trois ans. Sont ciblées les communes de moins de 2 000 habitants pour des projets d'un montant compris entre 3 000 et 80 000 euros auxquels la région contribuera à hauteur de 40 %.

"Ces projets ont été longtemps méprisés", moque Laurent Wauquiez.

Le dispositif "bourgs centres remplissant des compétences de centralité" sera, lui aussi, gratifié de 30 millions d'euros sur trois ans. Dans les deux cas les dossiers soumis devront concerner l'investissement avec l'idée pour la région de retrouver un contact direct avec le "1er échelon de la démocratie que sont les maires", avise le patron de la région et ancien maire du Puy-en-Velay, en Haute-Loire.

Le Puy-en-Velay

Jean-François Debat se montre perplexe eu égard à ces deux plans :

"Il s'agit d'aides directes. Il n'y a pas de critères d'attribution. On ne sait pas qui arbitrera si le montant des projets est supérieur à l'enveloppe prévue".

Le député-maire de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, ne comprend pas la cohérence de ces dispositifs avec les "Contrats Ambition Auvergne Rhône-Alpes" votés le 14 avril dernier et succédant aux précédents contrats "Auvergne +" et  "CDDRA" de Rhône-Alpes taxés d'être des usines à gaz.

"En commission permanente on nous a expliqué que le plafond de 20 000 habitants pour les bourgs centres avait été fixé pour faire entrer le Puy-en-Velay dans les communes éligibles. C'est déjà une petite ville", s'exclame le président du groupe SDEA.

Chasse et pêche

Plus polémique encore l'attribution aux chasseurs de trois millions d'euros, sur trois ans.

"Nous assumons complètement ce partenariat. Ce sont 120 000 personnes totalement ignorées et un secteur qui pèse 6 millions d'euros de revenus", justifie Laurent Wauquiez.

Philippe Meunier, son vice président chargé de ces questions a détaillé  : 500 000 euros pour les relais de chasse et autres équipements, 200 000 euros pour la sécurité (sièges de battues en hauteur...).

"Je suis fier de ce plan, une première nationale. Les chasseurs ont un rôle de régulateur. C'est la fin du sectarisme. Et ce n'est pas à l'encontre de la FRAPNA", clame le président de la région.

Le même type de convention se négocierait avec les pêcheurs.

Suppressions de postes à la FRAPNA

Reste que  l'Union régionale et les sept sections départementales de la FRAPNA Rhône-Alpes déplorent avoir subi une division par deux de leurs subventions accordées par la région en 2016 par rapport à 2015. Elles sont passées de 770 000 euros à 385 000.

Conséquence : Frédérique Resche-Rigon, directrice de la fédération du Rhône de la protection de la nature contactée par Acteurs de l'économie-La Tribune, précise avoir été contrainte de supprimer trois postes sur un effectif de 19 ETP :

"Un licenciement économique, un départ à la retraite non remplacé et un CDD non pérennisé".

Et des mesures analogues ont été prises dans les autres antennes départementales.

"Nos inquiétudes sont grandes de ne pas pouvoir maintenir des actions d'intérêt général. Nous avons l'habitude de travailler avec les chasseurs et tout le monde est légitime. Pourquoi déshabiller les uns pour habiller les autres ?", interroge la directrice.

Hyper président

Quant au Schéma de développement économique qui doit être déployé au 1er janvier 2017:

"Nous avions demandé une première présentation devant l'assemblée de ce jeudi. Nous n'avons pas eu de réponse. Nous allons donc déposer un vœu pour être entendus", indique Jean-François Debat.

Ce dernier évoque "des concertations à la va vite dans les départements avant l'été. Depuis, nous n'avons pas eu de retour. Or, les départements ne peuvent intervenir dans ce domaine que dans la limite de ce qui est prévu dans le schéma régional", en vertu de la loi NOTRe.

Des sources internes indiquent qu'une "version 1 est à la lecture. Mais, les directeurs ont désormais pour consigne de ne rien faire sortir. Tout ce que le président n'a pas validé n'existe pas".

Autrement dit le pouvoir est très centralisé et Laurent Wauquiez n'est pas forcément très disponible du fait de son emploi du temps. Il en résulterait "un gâchis d'énergies au sein de l'institution régionale. Il faudra à un moment donné qu'il délègue", témoignent certains.

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Commentaire 1
à écrit le 22/09/2016 à 19:41
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Wauquiez est un homme dangereux c'est un fait. Mais en politique ils sont nombreux à l'être...

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