Juliette Jarry, le nouveau visage du numérique régional

Nouvelle vice-présidente de la région Auvergne Rhône-Alpes en charge du numérique, des professions libérales et de l'artisanat, Juliette Jarry est issue du monde entrepreneurial. La jeune dirigeante compte sur cette expérience pour faire bouger les lignes et apporter sa vision à l'ambitieux projet digital de la Région.

Juliette Jarry n'est pas, à première vue, du genre à se mettre en avant. Mais lorsqu'elle parle, son charisme attire l'attention. Comme ce mercredi 12 janvier, lorsque la nouvelle vice-présidente de la Région en charge du numérique, de l'artisanat, et des professions libérales, accompagnait le président Laurent Wauquiez. Face à l'écosystème numérique lyonnais, ses brèves interventions ont suscité un intérêt certain.

De l'IEP à la création d'entreprise

À 33 ans, la nouvelle responsable politique, marqueur "société civile" de la liste de Laurent Wauquiez, sait parler aux entrepreneurs. Et pour cause. Après un master à Sciences-Po Lyon, elle se penche sur la création d'entreprise.

"Ma formation n'était pas la meilleure voie pour entreprendre", résume-t-elle.

Alors, elle suit un cursus de six mois relatif à la création d'entreprises. Et à 23 ans, suite, notamment, à des événements personnels, telle la perte d'autonomie de sa grand-mère, elle lance Adéa Présence, une société spécialisée dans l'aide à domicile. Presque dix ans plus tard, sa société emploie 45 collaborateurs (dont 80 % des femmes) et réalise un chiffre d'affaires d'environ 800 000 euros. Son engagement a été récompensé à plusieurs reprises, notamment par le Prix La Tribune Women's Awards dans la catégorie responsable et solidaire.

De cette expérience, elle devra se servir pour réaliser l'objectif qu'elle s'est fixé : "constituer une passerelle entre le monde politique et celui économique", grâce à sa conception "pragmatique des choses et sa connaissance des problématiques des TPE/PME". Mais au-delà d'un rôle tampon entre les différents acteurs économiques, et pour sortir du piège du symbolisme -, elle devra mener "sa politique". Une feuille de route, sous l'autorité du numéro 2 des Républicains, qu'elle définit par un double enjeu :

"Donner un accès au numérique au plus grand nombre d'habitants et que la Région devienne une référence dans ce domaine", dévoile-t-elle à Acteurs de l'économie-La Tribune.

Piloter le projet "Silicon Valley Européenne"

Pour remplir ce cahier des charges, l'urgence est selon elle, de réaliser un audit précis des besoins, "identifier les projets essaimés", analyser les forces et les faiblesses du territoire suite à l'union des régions, "afin de mettre en place une politique cohérente au sein de (s)on portefeuille".

Elle sera chargée de piloter la grande ambition de Laurent Wauquiez : faire d'Auvergne Rhône-Alpes la "Silicon Valley européenne". Elle supervisera ainsi la création du pôle campus numérique, qui prendra place sur le site de Charbonnières-les-Bains.

"Cette structure devra impulser une énergie politique très forte, afin de répondre, notamment, à la question de l'emploi", affirme celle qui était tête de liste pour la Métropole de Lyon lors des élections.

Parmi les autres challenges, Juliette Jarry se sait attendue sur l'équilibre du territoire, notamment en Auvergne. "J'ai déjà été interpellée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux", confie-t-elle. Les questions des infrastructures, et particulièrement du déploiement de haut débit et de son accès à tous, alors que subsistent des zones blanches dans la région, seront des priorités.

Composer avec la Métropole de Lyon

Mais les difficultés pourraient également venir des autres institutions. Alors que la Région est normalement le fer de lance de l'innovation, la vice-présidente en charge du numérique devra composer avec les ambitions de la Métropole de Lyon dans ce domaine. Une vitalité métropolitaine incarnée, là aussi, par une femme proche des entrepreneurs : Karine Dognin-Sauze.

"Nous devons être complémentaires et réussir à travailler tous ensemble. Nous allons nous rencontrer très bientôt", explique Juliette Jarry.

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Celle qui juge sa "délégation passionnante" aura également en charge les professions libérales et l'artisanat. Une répartition des délégations que le point commun digital rend, selon elle, "cohérente".

"La révolution numérique affecte tous les secteurs, même les plus traditionnels. Pour les artisans, c'est notamment un facteur de compétitivité", affirme-t-elle.

Un nouvel engagement

Restera, enfin, à mener de front responsabilités politiques et engagements professionnels.

"J'ai instauré une approche très participative des projets. La pérennité de mon entreprise ne repose pas uniquement sur moi."

Et sur un plan personnel ?

"Je n'envisage pas cette aventure comme une prise de risque, mais comme une véritable opportunité de faire évoluer les choses", avance Juliette Jarry, mère de deux enfants.

"Si on ne s'engage pas, si on n'agit pas, alors on ne peut pas se plaindre", argue-t-elle, rappelant qu'elle n'imaginait pas une seconde entrée en politique, jusqu'à ce coup de téléphone de Laurent Wauquiez, en septembre 2015.

Plus jeune, Juliette Jarry était une lectrice assidue, parfois rêveuse, passionnée par les langues étrangères. À elle désormais, de trouver le bon ton pour se faire entendre et s'imposer par les actes, au-delà du cercle des primo-convaincus du numérique lyonnais.

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