L'attractivité auvergnate boostée par la fusion ?

Dans un contexte mitigé et de recherche active d'attractivité, la construction de la future grande région avec Rhône-Alpes inquiète les acteurs auvergnats les moins convaincus et réjouit les plus optimistes.
La place de Jaude, à Clermont-Ferrand, lors de la finale du Top 14 en 2009, du club de reugby de l'ASM

« Dans la future grande région, l'Auvergne pèsera ce que le Cantal pèse actuellement en Auvergne, c'est à dire 15 % du poids économique, résume Isidore Fartaria, président de la chambre de commerce et d'industrie du Puy-de-Dôme et président fondateur du groupe Titel. En même temps, cette fusion est la suite logique des événements. 60 % des échanges économiques de l'Auvergne se font avec Rhône-Alpes. Il faut nettoyer les écuries et partir unis au combat.

L'idée n'est pas de créer « un machin » supplémentaire, comme aurait dit le Général de Gaulle. Il va falloir jouer dans la même cour, chacun avec ses propres atouts et l'Auvergne a des arguments à faire valoir. Dans la future grande région, la plus grande entreprise du territoire s'appellera Michelin et, jusqu'à preuve du contraire, elle se trouve en Auvergne ! »

Relever le challenge

De leur côté, les chambres régionales de commerce et d'industrie des deux régions n'ont pas attendu bien longtemps pour annoncer leur rapprochement puisque, dès novembre dernier, Bernard Schoumacher et Jean-Paul Mauduy, respectivement présidents de la CCIR Auvergne et de la CCIR Rhône-Alpes, posaient officiellement les jalons de leur avenir commun en enclenchant le travail préparatoire au rapprochement des deux établissements à l'horizon 2016.

fusion région-Rhône Auvergne

Bernard Schoumacher et Jean-Paul Mauduy, présidents de la CCIR Auvergne et Rhône-Alpes.

« Nous allons relever le challenge de réussir ce rapprochement, en étant très attentifs à certains aspects essentiels, comme la proximité avec les entreprises et le respect des spécificités des territoires », assure Bernard Schoumacher.

« L'enjeu de la démarche est bien de conforter le réseau des CCI dans son rôle d'acteur majeur du développement économique de la 6e région européenne en termes de PIB. Il s'agira plus que jamais de trouver la meilleure articulation entre, d'une part, le niveau local avec des actions au plus près des entreprises et, d'autre part, le niveau régional qui garantit le développement équilibré d'un vaste ensemble régional grand comme l'Irlande et composé de multiples territoires, avec leurs forces et leurs faiblesses », renchérit Jean-Paul Mauduy, depuis Lyon.

Pas d'illusion

Pourtant, certains entrepreneurs comme Henri Billard, patron de Billard Engrenages et membre du cluster rhônalpin Aerospace, semblent beaucoup plus réservés.

« Nous n'en sommes qu'à la genèse. Il est trop tôt pour dire ce que cela va changer. Mais je ne me fais pas d'illusion, cela va coûter cher et ne pas rapporter grand-chose ! »

De là à dire que cette nouvelle alliance transforme le quotidien des petits chefs d'entreprise...

« Nous sommes et nous serons toujours livrés à nous-mêmes, déplore un patron de PME cantalienne. Loin des yeux, loin du cœur ! Le Cantal était déjà loin de Clermont-Ferrand alors, de Lyon, vous pensez bien que nous n'allons plus peser grand-chose. »

Un discours qui va dans le sens du président du conseil départemental du Cantal, Vincent Descoeur (Les Républicains), vent debout contre cette fusion :

« C'est le pire des scénarios pour notre département. Il condamne le Cantal qui sera le plus petit des départements de la grande région et le plus éloigné des grands centres de décision. »

Raisonner au plan mondial

« Soyons optimistes, lance Hamid Berkani, vice-président du conseil régional d'Auvergne, en charge de l'économie. Nous avons échappé à la fusion avec le Limousin et nous allons nous marier avec la 7ème région économique d'Europe. Cela ne pourra être que positif, à la fois pour les clusters et pour les patrons de PME qui vont d'ores et déjà pouvoir bénéficier de la force de frappe de Rhône-Alpes, notamment à l'international. »

Même discours pour Philippe Laurent, patron de 3I Nature, président du cluster Nutravita et président de la marque territoriale Auvergne Nouveau Monde :

« Sans fusion, il y aura une fragilisation des territoires de taille moyenne comme l'Auvergne. Il faut raisonner au plan mondial. Mais pour réussir, il va aussi falloir s'organiser et se structurer. »

 New Deal Auvergne : unique en France

Et si l'on vous proposait un emploi, un logement et un loyer payé pendant six mois pour venir vous installer en Auvergne ? C'est l'idée audacieuse qu'a lancée l'Agence régionale des territoires d'Auvergne (ARDTA) il y a trois ans, à travers une opération unique en France baptisée « New Deal Auvergne ».

Clermont-Ferrand capitale de l'Auvergne

L'objectif est de donner aux Français en recherche d'emploi, ou voulant changer de vie, le coup de pouce qui leur manque pour oser la mobilité et venir s'installer. Plusieurs centaines d'offres d'emploi avec logement ont ainsi été proposées. Des actifs de la France entière ont pu postuler en ligne, sur newdeal-en-auvergne.fr, aux offres proposées par les entreprises régionales qui ne trouvaient pas preneurs.Les personnes recrutées bénéficient d'une aide de 500 euros par mois pendant leur période d'essai, destinée à financer leurs frais.

16 millions d'euros investis

La région leur offre également un accompagnement sur mesure pour faciliter leur implantation. Une intégration trois étoiles en quelque sorte !

« Avec le new deal, l'Auvergne veut lever ce frein, tout en permettant aux entreprises de recruter sur des postes qu'elles peinent à pourvoir, analyse Pascal Guittard, directeur de l'ARDTA. Un pari gagnant-gagnant qui a fait ses preuves. Si ce type de dispositif était mis en place au niveau national, on pourrait espérer créer 10 600 emplois en deux ans à l'échelle de la France, pour un investissement de 16 millions d'euros. »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.