Attentat en Isère : vigipirate en alerte maximum en Rhône-Alpes sur trois jours

Un mort et deux blessés lors d'un attentat commis vendredi matin dans l'usine de gaz industriels Air Products à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. Un individu de 35 ans connu des services de la DGSI, Yassin Salhi, a été interpellé. Quatre personnes sont actuellement en garde à vue. La victime était le gérant d'une société de transport à Chassieu, le terroriste présumé était son employé
Des techniciens en identifications criminelles de la gendarmerie sur les lieux où la tête de la victime a été retrouvée

Un homme a pénétré vendredi matin un peu avant 9h30 heures dans l'entreprise américaine Air Products, à Saint-Quentin-Fallavier en Isère, au volant d'une fourgonnette, avant de percuter plusieurs bonbonnes de gaz déclenchant une détonation. 

"L'attaque est de nature terroriste dès lors qu'il a été retrouvé un cadavre avec des inscriptions", a déclaré le président de la République François Hollande depuis Bruxelles ce vendredi à 12 h 46.

Mise en scène macabre

A 16 heures, le ministère de l'Intérieur a précisé le déroulé des faits. Le terroriste présumé est apparemment arrivé sur place dans la fourgonnette de son employeur, qu'il a exécuté. Pour l'instant les enquêteurs n'ont pas précisé à quel moment la victime a été décapitée, avant ou après être entré dans l'usine.

Selon une source proche de l'enquête, dans une mise en scène macabre, le terroriste a ensuite accroché la tête de sa victime au grillage de l'enceinte de la société, le long de la RD31, à l'opposé de l'entrée de l'usine, puis le corps a été retrouvé près du véhicule l'entrepôt. Ce n'est qu'après qu'il a effectué un rodéo dans la cour de l'établissement, en percutant des bouteilles d'oxygène et d'azote entrainant une forte détonation. Aucun blessé n'est à déplorer parmi les 43 personnes présentes sur le site de l'usine selon le parquet de Paris.

Les pompiers très proches du site sont rapidement intervenu, et l'un d'eux à pu maîtriser le terroriste qui commençait à ouvrir des bombonnes de gaz acétylène. Il a été légèrement blessé ainsi que le criminel.

"L'auteur supposé de ce crime a été neutralisé par un pompier du SDIS de l'Isère avec beaucoup de sang froid", a souligné le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Le terroriste présumé, Yassin Salhi, a été identifié

La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie de l'enquête. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a précisé en début d'après-midi  l'identité de l'auteur présumé de cet attentat :

"Nous savons d'ores et déjà qu'il pourrait s'agir de Yassin Salhi, qui a fait l'objet d'une fiche S pour radicalisation en 2006, pas renouvelée en 2008. Il n'avait aucun casier judiciaire. Il était toutefois connu pour être proche des organisations salafistes", a précisé le ministre.

Vendredi soir le procureur de la République de Paris François Molins a confirmé que l'individu a fait l'objet d'une surveillance de 2011 à 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise.

La compagne du terroriste présumé, jointe par Europe 1  est en garde à vue.

La victime décapitée était l'employeur du terroriste

La victime était le gérant d'une société de transport Colicom située à Chassieu (69). Hervé Cornara, 54 ans, habitait avec sa famille au nord de Lyon à Fontaines-sur-Saône (69). Son entreprise se rendait régulièrement sur le site pour une livraison. Le procureur de Paris a précisé que Yassin Salhi était son employé depuis mars 2015.

Selon le préfet de l'Isère, le terroriste présumé aurait utilisé le véhicule de ce sous-traitant car il était habilité à pénétrer sur le site d'Air Products. Une perquisition a été effectuée vendredi en fin d'après-midi dans les locaux de Colicom.

"On peut supposer que la menace était plutôt dans l'entreprise sous-traitante", a estimé le préfet.

Yassin Sahli âgé de 35 ans, marié et père de trois enfants, résidait à Saint-Priest dans le Rhône. Il était originaire du Doub et s'est installé il y a quelques mois dans la région. Il était employé comme chauffeur livreur par la société de la victime, comme l'a confirmé le ministère de l'Intérieur. Selon le Dauphiné, le terroriste présumé se serait revendiqué de Daesh.

Trois autres personnes en garde à vue

Trois personnes ont été interpellées vendredi. Deux sont toujours en garde à vue, ce sont l'épouse et la sœur du terroriste présumé. Des perquisitions ont été menées à Saint-Priest et à Pontarlier (Doub). Le GIGN a été déployé.

"Des personnes ayant pu participer à ce crime abject ont été mises en garde à vue après avoir été arrêtées et l'enquête permettra de dire si elles ont été impliquées dans cette affaire et de quelle manière" a précisé Bernard Cazeneuve.

"Les circonstances de la décapitation, les mobiles de l'auteur et les éventuelles complicités restent à déterminer" a ajouté vendredi soir le procureur de Paris.

"Les drapeaux retrouvés sur les lieux font l'objet d'une analyse. Leur texte n'a pas encore été traduit", selon Bernard Cazeneuve.

Un très important dispositif de gendarmerie a été déployé sur le site de l'attaque, avec un hélicoptère qui a survolé la zone toute la journée. Dès la sortie d'autoroute, les forces de l'ordre étaient présentes lourdement armées, selon l'un de nos journalistes présent sur les lieux.

Un groupe américain de production de gaz

Capture

Carte Google de la zone d'activité de Saint-Quentin-Fallavier, où se trouve le site d'Air Products.

Air Products est une entreprise spécialisée dans la fourniture de gaz industriels, de produits chimiques et d'équipements et les technologies connexes. Présente dans plus de 50 pays, elle compte près de 21 200 employés dans le monde. Son site logistique, classé Seveso, touché par cette attaque, est situé sur l'une des plus grandes plateformes logistiques d'Europe, près de l'aéroport Lyon Saint Exupéry et de la gare TGV.

Sur son site web, la société se présente comme "le plus grand fournisseur d'hydrogène et d'hélium au monde" et "leader mondial de l'approvisionnement pour les marchés à forte croissance comme les matériaux pour semi-conducteurs ou l'hydrogène de raffinerie".

Vigilance renforcée sur les sites Seveso

Le Premier Ministre, Manuel Valls a ordonné une "vigilance renforcée" sur tous les sites sensibles de Rhône-Alpes. Il écourte son déplacement en Amérique du Sud.

Non loin de là, le site du groupe Messageries Lyonnaises de Presse (MLP), diffuseur de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, va recevoir un système de gardiennage supplémentaire cet après-midi.

Le chef de l'État, François Hollande, a lui quitté le sommet européen sur la crise grecque pour rentrer à Paris, où il a tenu un conseil restreint à l'Elysée à 15 h 30 avec notamment le Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. A l'issue de cette réunion, le président a annoncé la mise en place du plan vigipirate au niveau "alerte attentat" pour trois jours minimum dans la région Rhône-Alpes.

158 sites de la région sous surveillance

Selon la préfecture de Région, les contacts ont été pris avec les responsables de tous les sites SEVESO, (158 dont 81 établissements en seuil haut) pour leur rappeler leurs responsabilités et pour qu'ils renforcent les mesures de protection interne. Des consignes ont été données aux forces de police et de gendarmerie pour déployer des patrouilles dynamiques autour des sites concernés.

Un escadron de gendarmes mobiles au grand complet de 160 hommes a été affecté à l'Isère pour déployer des forces de l'ordre à l'entrée de chaque site Seveso du département.

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