Bernard Rivalta, le crépuscule de l'ex président du Sytral

Le 11 juin, le puissant Syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération lyonnaise (Sytral) se choisira un nouveau président. Pendant 14 ans, Bernard Rivalta a piloté l'instance contre vents et marées avant d'être contraint de quitter le Sytral avec l'annulation des municipales de Vénissieux. Critiqué, détesté ou adulé, retour sur le personnage, son style et ses pratiques, dans une enquête en trois volets.

 Bernard Rivalta n'est plus président du Syndicat mixte des transports en commun de l'agglomération lyonnaise (Sytral) depuis quatre mois. Le 4 février dernier, le Conseil d'État confirmait l'annulation des élections municipales de Vénissieux de mars 2014 - après une première décision du tribunal administratif de Lyon invalidant le scrutin -, considérant que des irrégularités sur une liste d'extrême droite présente au second tour en avaient faussé les résultats. Le Conseil d'État estimait que « cette manœuvre, compte tenu du nombre de voix obtenues par la liste "Vénissieux fait front" et des écarts de voix entre les trois autres listes présentes au second tour, portait atteinte à la sincérité du scrutin dans son ensemble et justifiait l'annulation de l'intégralité des opérations électorales ».

Le plus important revers de ses 40 années de carrière

Une décision très commentée en particulier par la maire communiste Michèle Picard, fraîchement élue au second tour lors de la triangulaire de mars 2014 : « Seule l'élection des deux conseillers fautifs aurait dû être annulée », estimait-elle. Les Vénissians ont donc été rappelés à voter, à la fin du mois de mars, pour élire leur nouveau maire. Sans trop de surprise, au soir du 29 mars, la maire sortante a retrouvé son poste de premier magistrat, réélue avec 42,8 % des voix, devant l'UMP, le FN et le PS.

Et malgré la situation particulière, une fois encore, personne n'aura réussi à faire tomber le vieux bastion communiste, sauf que derrière cette histoire rocambolesque, ces élections partielles auront fait une victime. Et pas n'importe laquelle : Bernard Rivalta. Grand perdant de cet épisode électoral. À l'âge de 68 ans, l'homme fort du Sytral, élu à Vénissieux ainsi qu'à la Métropole, vient de tout perdre. Le plus important revers de ses 40 années de carrière.

Abandon de ses mandats politiques

Il a ainsi fait les frais de la décision du Conseil d'État de convoquer de nouvelles élections municipales à Vénissieux, mais surtout, des tractations avortées entre le PCF et le PS pour mener une candidature unique - qui à ses yeux, était la plus appropriée pour faire barrage à la droite et à l'extrême-droite. Les cartes rebattues, Bernard Rivalta « ne souhaitera finalement pas s'engager dans ces conditions », dira-t-il, et sera contraint et forcé d'abandonner ses mandats politiques, mais surtout simultanément de se mettre en congés de la présidence du Sytral. Gérard Collomb, président de la Métropole de Lyon et fidèle ami, le remplacera en urgence.

Dès lors, le charismatique patron des transports lyonnais, aussi reconnu pour son savoir-faire que pour son caractère difficile, est un nouveau retraité. Une situation qu'il n'avait sans doute pas inscrite dans son agenda lui qui, cinq jours avant la décision du Conseil d'État, annonçait, à la cérémonie des vœux du Sytral, devant un parterre de 600 invités, les grandes lignes de la feuille de route de l'organisme public pour les six années à venir.

« Homme libre »

Bernard Rivalta n'imaginait pas une telle fin de carrière. « Je l'avais plutôt prévue dans trois ans », confie-t-il. Ses proches, comme son ancien conseiller au Sytral, Lucien Durand, ou Gérard Collomb, continuent de le voir ou de l'appeler - « Je vous rassure, le téléphone sonne toujours autant, c'est moi qui ne réponds pas » -, mais son emploi du temps s'est drastiquement réduit. Sa vie est moins trépidante que lorsqu'il travaillait 70 heures par semaine. Mais aujourd'hui, Bernard Rivalta est un « homme libre ».

Libre de tout engagement, aspirant à de nouvelles perspectives notamment dans le conseil aux entreprises. Les contacts ont déjà été pris et les premières missions pourraient rapidement voir le jour. L'homme n'est pas de nature à s'apitoyer sur son sort.

La chute a été rude, il l'avouera tout de même. Mais la carapace qu'il porte l'a toujours poussée à aller de l'avant et à se reconstruire rapidement. « J'ai cette faculté à rester optimiste et cette capacité à rebondir. » Quitte à se forger un caractère jugé détestable par ses détracteurs. Ses amis crient à l'injustice et regrettent déjà ses qualités de patron de terrain, travailleur acharné. Ses ennemis, beaucoup plus critiques et réservés sur le personnage, affichent un sourire en coin devant sa déconvenue.

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