Medef Rhône-Alpes : tensions sur le poste de délégué général

Alain Huet à la retraite l'été prochain, le poste de délégué général du Medef Rhône-Alpes fait l'objet d'un processus de désignation auquel, pour l'heure, seul le « poulain » du président Bernard Gaud, Stéphane Flex, se porte candidat. Un coup de semonce est-il à attendre du côté du Medef Lyon-Rhône ?

Les ambitions s'affûtent au sein du Medef pour succéder cet été à Alain Huet, l'actuel délégué général du Medef Rhône-Alpes qui fera alors valoir ses droits à la retraite. Réuni le 3 février, le bureau s'est, selon le président du Medef Lyon-Rhône Laurent Fiard, officiellement attelé à border le profil du poste et le processus de recrutement confié à un cabinet spécialisé.

Le verdict doit tomber au plus tard le 25 mars, à l'issue d'un conseil exécutif. Pour l'heure, un candidat s'est présenté : Stéphane Flex (sciences Po Paris et Dauphine), actuellement en charge de l'économie, de l'international et de la communication au sein de l'entité régionale. Un candidat « naturel » adoubé par le président Bernard Gaud qui, « sauf à ce que surgisse un profil spectaculairement supérieur au sien », le souhaite à ses côtés jusqu'à l'issue d'un mandat personnel qu'il a fixé à l'été 2016. A priori, le processus s'annonce sans heurts, et la candidature de Stéphane Flex susceptible de rassembler les suffrages.

Candidature de Jean-Louis Joly ?

C'est toutefois sans compter sur les ambitions personnelles du délégué général du Medef Lyon-Rhône, Jean-Louis Joly, qui selon plusieurs sources, chercherait à se positionner dans une configuration de poste Rhône-Rhône-Alpes unique, ou à peser sur le choix d'un successeur qu'il souhaiterait proche de lui. Possiblement en ligne de mire : une organisation sinon officiellement du moins dans les faits, comparable, dans l'esprit, à celle qui caractérise la rivale CGPME : si l'option d'un seul et même président est impossible, en revanche l'unité de lieu et de circuits décisionnels assurerait, outre d'éventuels leviers de mutualisation, la mainmise de la « capitale lyonnaise » sur les autres territoires.

Une option toutefois contraire aux logiques décentralisatrices promues par Bernard Gaud, et que certains Medef départementaux, Isère et Haute-Savoie en tête, ne devraient pas manquer de combattre. "Quel jeu joue-t-il ?", s'interroge-t-on en substance à propos de Jean-Louis Joly - qui n'a pas donné suite à notre demande d'entretien.

Moment d'apaisement

Les principaux acteurs du dossier l'assurent à l'unisson : la désignation du futur délégué régional devra être le fruit d'un consensus et résulter d'un processus « ouvert et professionnel ». Selon nos informations, d'aucuns parmi les responsables des Medef locaux devraient d'ailleurs circulariser l'offre de poste et ainsi, se félicite Bernard Gaud, « permettre une compétition qui assurera au futur vainqueur d'être un excellent profil ». Mais les conditions du déroulement de ce processus dépassent le seul enjeu de désignation : elles constitueront en effet le signal, vert ou rouge, du « moment d'apaisement » que traversent le syndicat patronal et même, au-delà, la famille patronale.

Laurent Fiard « fédérateur »

En effet, la nomination en juin 2014 de Laurent Fiard, Pdg de Visiativ, a permis de propulser le secteur numérique au sommet d'une institution jusque là chasse gardée de l'industrie (métallurgie, bâtiment), et a consacré un profil avant tout pragmatique, imperméable aux dérapages idéologiques, et pour l'heure peu suspect des mêmes « manœuvres voire manipulations » auxquelles son bras droit semble sujet si l'on en juge un important hiérarque du milieu patronal. Autoproclamé « fédérateur » et « viscéralement » rétif aux « tensions inutiles », Laurent Fiard collabore « sans aucune ombre » avec Bernard Gaud, assure-t-il de concert avec son homologue régional.

La région réhabilitée dans les instances nationales

Au sein du monde consulaire, au-delà des tensions que provoque le contexte de durcissement économique, de raréfaction des moyens, d'obligations de réforme territoriale, et d'adversité traditionnelle entre le Medef et la CGPME, le temps dominant est également celui de l'accalmie, qui fait suite aux ouragans qui se sont succédé ces dernières années jusqu'à décrédibiliser le mouvement patronal au sein même de ses troupes. Enfin, le sourire retrouvé du Medef en Rhône-Alpes correspond aussi au départ de Laurence Parisot et à la désignation en juillet 2013 de Pierre Gattaz à la tête du mouvement ; l'ex-Pdg de l'Ifop avait frappé les dirigeants locaux d'un ostracisme auquel son successeur a mis fin. Pour preuve, Bernard Gaud, outre participant de droit au conseil exécutif, est président de la Commission simplification et du conseil d'administration de l'UESL-Action logement.

Tout devrait se jouer à Paris

Prudent, Laurent Fiard ne souhaite se prononcer ni sur la « qualité de la candidature de Stéphane Flex » ni sur « l'éventualité de celle de Jean-Louis Joly », et s'en tient strictement au respect de la procédure. Nul doute que l'arbitrage final se tiendra à Paris, sans doute même dans le bureau du président, tant l'enjeu cristallise au-delà du seul poste en jeu et interroge la gestion de dossiers brûlants - représentation des Medef départementaux, décentralisation des compétences, exploration des conditions d'une future entité commune avec l'Auvergne, etc. Dans ce contexte, la reconnaissance et la proximité que les parties prenantes entretiennent avec Pierre Gattaz seront déterminantes. Ce dernier pourra-t-il prendre le risque de discréditer le président Rhône-Alpes en n'adoubant pas, au final, la candidature de Stéphane Flex ?

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