Queyranne espère une réforme qui ne "joue pas petits bras"

La fusion annoncée entre Rhône-Alpes et l'Auvergne satisfait le Président du Conseil régional, Jean-Jacques Queyranne, mais les avis sont plus tranchés chez ses alliés écologistes et l'opposition UMP.
©Laurent Cerino/Acteurs de l'économie

Jean-Jacques Queyranne a accueilli ce mardi "favorablement" le projet de fusion entre Rhône-Alpes et Auvergne, annoncé lundi par François Hollande. Mais le Président de la Région insiste surtout sur les futurs pouvoirs, et les moyens que la réforme territoriale confiera aux super-régions :

"Construire la grande Région Rhône-Alpes/Auvergne signifie qu'il faudra aller beaucoup plus loin dans l'attribution de nouveaux pouvoirs et des moyens correspondants. J'attends donc beaucoup des réformes annoncées dans un second projet de loi. Pour réussir, il ne faudra pas jouer petits bras. Différer la disparition des Conseils généraux laisse déjà craindre un renoncement devant les écueils que toute entreprise d'envergure rencontre".

Des initiatives communes annoncées

Une position qu'avait déjà exprimée Jean-Jack Queyranne dans nos colonnes.  Dans un communiqué, le Président de la Région Rhône-Alpes a précisé mardi s'être entretenu avec son homologue de la région Auvergne, René Souchon. Les deux hommes disent partager "une même volonté" de moderniser l'organisation territoriale du pays et veulent, selon Jean-Jack Queyranne : "Prendre rapidement des initiatives pour que cette réforme ne soit pas un simple jeu institutionnel".

René Souchon était toutefois plutôt favorable à un rapprochement entre l'Auvergne et le Limousin. "Une décision a été prise, il nous faut l'assumer" a t-il estimé sur France Bleu Pays d'Auvergne, considérant que cette réforme ne devrait pas favoriser réellement d'économies, notamment en raison de la taille du territoire.

Auvergne et Rhône-Alpes coopèrent déjà dans de nombreux domaines comme la santé, les universités ou l'économie (mécanique ou agroalimentaire). "Cela constitue les premiers fondements qu'il faudra renforcer" souligne Jean-Jacques Queyranne. Selon lui la réforme doit accroître les capacités d'action des Régions pour l'emploi, la formation des jeunes, le développement économique ou encore l'environnement.

Les réserves des Verts

Si les écologistes rejoignent Queyranne sur le renforcement des pouvoirs de la Région, ELLV critique un manque de concertation avec les élus et les citoyens. "Il est dommage de faire l'impasse sur ces débats et de ne pas chercher à respecter les bassins de vie, l'histoire, la géographie, l'économie, les réseaux de transports...", déplore, dans un communiqué, Jean-Charles Kohlhaas, co-président du groupe EELV à la région Rhône-Alpes.

L'Auvergne (quatre départements) et Rhône-Alpes (huit départements), représenteraient une population de 7,6 millions d'habitants pour une surface de 69 700 km2. Une taille et un accroissement des distances qui soulèvent des interrogations dans les deux Régions. "Le Cantal et la Savoie, déjà éloignés, se retrouveront aux confins lointains d'une super-entité. Comment expliquer aux citoyens qui y vivent que les décisions prises à Lyon les concernent ? Cela risque de renforcer les inégalités", relève notamment Jeannie Tremblay, conseillère régionale EELV en Savoie.

A l'UMP les avis sont partagés

Du côté du groupe UMP à la Région, les avis divergent. Pour son président Matthieu Darnaud, "il convient de distinguer le fond et la forme. La forme est intéressante, car il existe des convergences économiques, territoriales, mais sur le fond, il s'agit de voir quel sera le mode opératoire." Le maire de Guilherand-Granges (Ardèche) s'inquiète notamment sur l'équilibre à venir entre les grands centres urbains, comme Lyon, Saint-Etienne ou Grenoble et les territoires ruraux, dans un contexte de suppression programmé des départements à l'horizon de 2020.

Quant à Damian Abad, le député UMP de l'Ain et conseiller régional s'inquiète sur son blog de l'éventuel basculement du centre de gravité de la Région. "Les plus gros potentiels de développement de la région se trouvent sur l'axe métropole lyonnaise-Ain-Haute-Savoie jusqu'aux frontières de la région Genevoise et non pas sur l'axe Lyon-Clermont-Ferrand". Il en appelle à une "consultation directe et démocratique auprès des Rhônalpins".

 

Actualisé le 3/06/2014 à 17h43

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