Jean-Jack Queyranne : « Créer une nouvelle croissance »

Le président de la Région répond aux principaux enseignements et critiques de l'enquête. La « nouvelle croissance » qu'il explique construire depuis 2004 le propulse visionnaire aux yeux de ses partisans, le circonscrit utopiste chez ses détracteurs. Le bilan final en 2010 tranchera.

Quel bilan dressez- vous de l'action économique de la Région, de sa participation au développement économique rhônalpin ?

 

En 2004, j'ai souhaité réorienter la politique économique de la région, qui ne correspondait pas aux objectifs d'un territoire comme Rhône-Alpes. Souvenez-vous du Nouvel Observateur titrant « Rhône-Alpes, la belle endormie ».... Dès mon arrivée, j'ai organisé une conférence sur l'emploi, rassemblant les partenaires sociaux et destinée à revitaliser le dialogue social. Un plan pour l'emploi en a résulté, qui constitue le fil conducteur de notre politique en matière de formation, de développement économique, de sécurisation de l'emploi. Parallèlement, nous avons initié le Schéma régional de développement économique, dont l'efficacité n'est pas étrangère aux conclusions récemment présentées par la Cour des comptes : son Président Philippe Seguin a cité la Région Rhône-Alpes comme exemple de collectivité territoriale qui a fait le choix, avec succès, de ne pas disperser ses aides économiques. La Chambre régionale des comptes a salué notre stratégie, qui substitue la logique de « l'effet levier» au système des subventions jusqu'alors en vigueur.


Quelles sont les spécificités de ce SRDE?

 

Il prend appui sur les points forts de la région : son industrie, son niveau de compétitivité à l'international - qu'il faut renforcer -, la liaison entre recherche et innovation et un fort réseau de laboratoires publics et privés. Et il concourt à développer ce que j'appelle une « nouvelle croissance », fondée sur quatre piliers : la formation, notamment à l'égard des jeunes et destinée à l'acquisition de savoirs comme à l'apprentissage des responsabilités - les 11 000 étudiants rhônalpins qui bénéficient de bourses pour partir à l'étranger (la moitié de toutes les bourses affectées par les régions françaises) peuvent en témoigner -; l'innovation - au-delà des clusters, nous avons participé aux pôles de compétitivité à hauteur de 40 millions d'euros sur ces trois dernières années -; une considération exigeante de la responsabilité écologique. Enfin, l'inscription de cette dynamique dans le développement d'emplois durables - 6500 contrats d'aide à l'emploi durable ont été créés depuis 2004 -. La vocation de la Région est de mettre l'ensemble de ces acteurs en réseau, mais son rôle économique ne se limite pas au budget ad hoc. Les politiques d'infrastructures et d'innovation sociale participent à l'attractivité de l'économie.


Nombre d'analystes déplorent un « saupoudrage » des moyens, préféré à leur concentration sur quelques priorités phares - nano-bio-tech¬nologies de l'information -. Ce choix de l'émiettement répond-il à d'autres raisons que l'impossibilité, politique, de trancher et d'arbitrer?

 

Rhône-Alpes se distingue par la variété de son tissu, qui lui permet d'être compétitive et d'amortir les chocs. Cette diversité, le SRDE devait l'intégrer, et non pas la tordre. Nous l'avons bâti dans le respect des politiques économiques des agglomérations, en pleine coopération avec ces acteurs. II constitue un document cadre, structurant, mais qui intègre les réalités de chaque territoire.


Vous avez pris des positions très tranchées sur le nucléaire ou les OGM. Reproche vous a été fait que ces sujets ne relèvent pas des compétences d'une Région, et qu'ils constituent des terrains de développement économique importants mais désormais minés. Dans ces choix, quelle part est occupée par vos convictions personnelles, quelle autre est dictée par les pressions exercées par vos partenaires Verts et communistes ?

 

Notre position sur les OGM était connue dès 2004. La Région a signé la Charte de Florence «hors OGM », à laquelle adhèrent la plupart des régions européennes. Mais faire son procès en assimilant cette position au rejet de la recherche agrochimique est un non sens. Etre opposé aux «OGM en plein champ » - au nom d'une insuffisante maîtrise des problèmes de dissémination et d'une incohérence avec le type d'agriculture produit dans la région - ne signifie nullement être hostile à la recherche en milieu confiné. Contrairement à ce que le lobby des semenciers voudrait faire croire.


Concernant l'EPR, là encore l'affichage avait été fait avant les élections. Investir sur cette troisième génération de centrales n'est pas opportun, car l'avenir se dessine dans la quatrième génération de type ITER. Et je ne peux oublier l'échec industriel de Creys-Malville. Pourquoi consacrer 3 milliards d'euros à un prototype alors qu'ils pourraient être investis plus utilement dans les énergies renouvelables ?

 

Quant aux infrastructures, ma position a toujours été claire. Concernant le contournement ferroviaire de l'agglomération lyonnaise, j'ai résisté aux lobbies et ai porté à sa concrétisation un projet soutenu dans sa quasi unanimité par le Conseil régional. L'A45? Je me suis prononcé en sa faveur, contrairement à certains élus locaux de Lyon... Et j'ai fait de même pour l'A89, quand bien même ce sujet suscita des divergences au sein du Conseil régional. Le maillage régional est bien sûr ferroviaire, mais aussi autoroutier. Ma position a toujours été constante. Nous ne pouvons délaisser des départements comme la Loire.


Le « dogmatisme » de certains élus de votre majorité est déploré, qui rend des sujets de développement économique « tabous». Votre réputation n'est pas celle de la doctrine. Comment vous accommodez-vous de cette situation? Est-il bien possible de définir un cap lorsqu'on est le chef d'un orchestre marqué par de telles dissonances?

 

Les Verts, que vous visez dans votre question, font l'apprentissage des responsabilités et l'expérience de la gestion au niveau d'une région. Ils évoluent. Et leur apport, non dogmatique, sur ce que doit être la dimension écologique de l'économie - sujet d'inquiétude majeur dans la société - nous est précieux. Par exemple en matière de pôle de compétitivité consacré aux énergies renouvelables, de construction de lycées, ou de transport. N'oubliez pas le gisement d'emplois que constitue le développement durable.


L'hétérogénéité territoriale, identitaire, culturelle d'une région totalement artificielle, l'ambition des élus attachés davantage à capter des subventions pour leur territoire qu'à construire une région, rendent-elles votre collectivité gouvernable? Votre expérience depuis quatre ans vous a-t-elle bien convaincu des vertus régionalistes?

 

Dans l'économie européenne, les régions sont les mieux à même de capter la croissance. Elles concentrent les capacités de réagir, de travailler en réseau, de produire et de diffuser l'innovation. Rhône-Alpes en est un bon exemple. Aussi vaste que la Suisse et aussi peuplée que le Danemark, elle dispose de cette taille critique à l'échelle européenne. Ce qu'il faut développer, et je m'y attache depuis quatre ans, c'est l'affirmation d'une identité régionale. Or le label Rhône-Alpes n'a pas de racine historique. Dès lors, c'est dans la modernité qu'il faut le forger. Et la modernité, c'est l'innovation, dans les domaines scientifique, culturel comme social, qui la porte.
Le Conseil régional n'a plus vocation à être une banque destinée à distribuer les subventions, il n'est plus ce « croisement d'une vache à lait et d'un bouc émissaire » autrefois décrit par Charles Béraudier. II est temps de sortir de cette période. La Région doit faire office de locomotive, donner l'impulsion, favoriser la concertation entre acteurs institutionnels, sociaux, politiques, industriels... Pour cela, ses compétences doivent être réaffirmées. Or, depuis l'avènement de Nicolas Sarkozy, nous assistons à la recentralisation des responsabilités, au renforcement des logiques jacobines, avec en toile de fond la crise de l'Etat territorial. Exemple? La réforme ANPE-Assedic, pour laquelle les régions n'ont même pas été consultées. La France est à la recherche d'un point supplémentaire de croissance : ce sont les régions qui peuvent lui donner. Regardez l'Allemagne ou l'Espagne.


Vous étiez le candidat qui n'allait pas augmenter les impôts et allait contenir avec rigueur l'évolution budgétaire. Les perspectives d'endettement d'ici la fin de votre mandature sont très élevées, la fiscalité a fortement crû, l'agence de notation Fitch a dégradé sa perspective. Pourquoi ces dérapages?

 

Il est certain qu'une Région qui n'investit pas pour l'avenir ne risque pas de s'endetter... La dette de la région est une « bonne» dette, car elle est destinée à investir, à créer des infrastructures... Nous avons maintenu le niveau d'autofinancement à 350 millions d'euros ; il est identique à celui de 2000. Le ratio de désendettement est de 2,6 années ; dans la plupart des collectivités, il est trois fois plus élevé. Il existe donc une marge. Au vu des taux d'intérêt, le recours à l'emprunt est le plus opportun moyen d'investir. Les milieux économiques si prompts à critiquer feraient bien de réfléchir à l'effet induit par l'investissement régional. Lorsque la Région prélève 1 euro de taxe professionnelle, elle en restitue 3 directement à l'économie locale...
La part de la Région dans la fiscalité locale est de 6 %. Elle est donc modeste. Dans le classement des régions les moins imposées, Rhône-Alpes est au troisième rang. Le véritable problème porte sur les moyens dont dispose la Région pour accomplir ses obligations. Les ressources, notamment celles transférées par l'Etat, ne suivent pas par rapport à nos responsabilités et à nos compétences. Nous butons sur des obstacles. Exemple ? Le plafonnement de la taxe professionnelle, orchestré par le Medef et entériné par le gouvernement Villepin ; en 2008, cette mesure retirera à la Région 27 millions d'euros.


Mais l'endettement réel est supérieur au 1,2 milliard officiel. Les 300 millions de crédit bail, affectés à l'achat du matériel ferroviaire, sont soustraits au budget soumis à l'endettement, mais constituent bien un investissement... Et une fois engagé sur plusieurs années, il n'est plus possible de faire marche arrière...

 

Certes. Mais le crédit bail est une bonne formule, la marque d'une saine gestion. Grâce à lui, nous avons réalisé une économie de 10 % par rapport aux coûts générés par un emprunt, et la charge est étalée sur trente-sept ans. Nous n'avons jamais caché qu'il constituait une opération qui, au plan comptable, est certes distincte du budget d'investissement mais porte sur des dépenses à caractère pluriannuel.


Le budget affecté à la construction du futur Hôtel de Région est passé de 90 à 150 millions d'euros. Sans compter le coût de construction des annexes, rendue nécessaire parce que les nouveaux bâtiments ne seront pas assez grands. Comment le justifiez-vous?

 

Aujourd'hui, les bâtiments ne sont plus adaptés. La Région est éclatée sur six sites, il n'y a plus de capacité d'extension, 2 millions d'euros sont dépensés chaque année pour louer des locaux, et 40 % du personnel travaille dans des préfabriqués ou des bâtiments extérieurs. La fonctionnalité est donc entamée. Notre calcul est simple. L'économie de ces 2 millions d'euros annuels, c'est 50 millions sur vingt ans. Couplée à la vente du site de Charbonnières, cela constitue une enveloppe qui limitera le coût net de l'installation au Confluence à 30-40 millions d'euros - pour un coût général actualisé de l'ordre de 140 millions d'euros -. Exactement ce qui avait été budgété. La décision fut prise en 2005, et la livraison du bâtiment est programmée en 2010. Nous n'aurons pas perdu de temps ! Ainsi nous aurons doté la collectivité de l'infrastructure adaptée à l'évolution de ses compétences, et nous ramènerons la Région au cœur du centre décisionnel, dans un site qui incarnera le Lyon du XXIème siècle. Ce projet permettra ainsi d'accueillir l'ensemble des services de la Région tels qu'ils existent aujourd'hui, une réserve foncière étant disponible pour d'éventuels développements futurs correspondant à de nouveaux transferts de compétences. Enfin, en recourant aux services du renommé Christian de Portzamparc, nous contenterons Nicolas Sarkozy qui a affirmé vouloir faire d'une architecture audacieuse l'un des piliers de son quinquennat...


L'organisation de la Région a été transformée. Un cabinet jugé pléthorique, un exécutif élargi, surtout le morcellement de compétences juxtaposées sur des rivalités politiques ou personnelles. Certains évoquent le « bordel». Le fonctionnement de la Région n'est-il pas prisonnier de l'atomisation et de la confusion des responsabilités, favorisées par un management déficient?

 

Absolument pas. Nous sommes passés à une autre époque de la vie régionale. D'abord les effectifs de l'administration ont fortement crû, du fait des nouvelles responsabilités qui nous ont été transférées. D'autre part, nous avons dû composer avec l'éclatement des sites et des directions, source de difficultés pour travailler ensemble, et l'extension des compétences régionales. Tout cela nous a conduits à reconsidérer l'organisation, originellement très verticale et productrice de féodalités. Et pour le cabinet, il n'est pas plus important que ceux de mes prédécesseurs. Je vous rappelle que pour toutes les collectivités locales, le nombre de collaborateurs du cabinet est fixé par la loi en fonction de la taille des collectivités.


Mais tout de même: certaines directions - économie (DERRT), agriculture (DADR).. ont subi une hémorragie du personne, nombre de cadres dirigeants ont été écartés - et, selon des témoins, remplacés «pas toujours avec bonheur » et selon des critères de proximité politique -. La grève massive de 2005 a cristallisé, selon les organisations syndicales, un « malaise profond » dû au déplacement du centre de gravité décisionnel des services vers l'exécutif et le cabinet. Des salariés se sentent dépossédés d'une partie de leurs prérogatives. Partagez-vous ce diagnostic?

 

Non. D'abord, il n'y a pas d'instabilité. Et les recrutements n'ont pas été réalisés sur « carte politique », mais sur la compétence.


En êtes-vous sûr?

 

Je l'assure. Je suis allé chercher, notamment dans les administrations d'Etat, des compétences affirmées. Parmi elles, le directeur régional du travail, un conseiller d'Etat pour occuper le poste de directeur général des services, un ancien directeur départemental de l'équipement pour gérer le « pôle territoires »... Le directeur en charge du «pôle ressources» est un major de la formation des administrateurs territoriaux.


Le pedigree n'est pas une garantie...

 

Certes. Mais il est la preuve que seule la recherche de compétences a dicté nos choix.


Entre le cabinet, les vice-présidences, et les services, estimez-vous que le curseur des responsabilités est clairement positionné vis-à-vis des interlocuteurs extérieurs et des salariés de la région?

 

L'organisation et donc le mode de management de la Région ont changé. Ils rejettent la concentration des pouvoirs, l'autoritarisme, le bonapartisme. Je favorise la délégation des responsabilités, la mise en commun des ressources, des idées, des projets. Une méthode moderne, qui s'appuie sur la confiance vis-à-vis des directeurs, sur le partage des informations et des initiatives. Et mon rôle est d'orchestrer ce fonctionnement général, adapté à la complexité des situations, à la nécessité de décider efficacement. Alors certes, c'est de nature à bousculer certaines habitudes administratives...


Vous évoquiez l'apprentissage de l'exercice des responsabilités par les Verts. L'inexpérience, la culture de « l'opposition et de la dénonciation » davantage que celle de la «gestion et du développement de projets » propres à une partie de l'exécutif, sont-elles appropriées à leurs responsabilités? Le niveau moyen des élus régionaux - tous bords confondus - est-il à la hauteur des enjeux d'une Région?

 

Les élus sont désignés par le suffrage universel, et disposent donc de la légitimité démocratique. Il est vrai que la candidature des élus s'effectue sur des bases locales, et qu'une fois désignés, eux qui sont attachés aux enjeux de leur territoire doivent embrasser un ensemble de problématiques régionales, et apprendre à « raisonner rhônalpin ». Mon rôle est de les accompagner dans cette évolution, comme d'atténuer la pesanteur d'un système fortement « parlementarisé ». Mes expériences gouvernementale, du fonctionnement de l'Etat, et de Maire me servent dans cet exercice.


L'intégration des 4900 TOS (techniciens et ouvriers de maintenance dévolus à la maintenance des lycées) constitue un défi managérial. Et il engage la Région dans d'âpres négociations pour ajuster leur régime indemnitaire sur celui du personnel « maison ». Un dossier jugé « explosif» par les partenaires sociaux, et qui aura un impact budgétaire substantiel. Qu'êtes-vous prêt à accorder?

 

En seulement deux ans, nous avons intégré - avec succès, selon les proviseurs des lycées - ces nouveaux collaborateurs. Nous les avons dotés d'un dispositif de services sociaux et de formation performant, fait bénéficier d'une prime de fin d'année équivalente à celle des agents de la région - et qui représente davantage qu'un treizième mois -. Je souhaite l'harmonisation des régimes. Pour cela, nous alignons le régime des TOS issus de l'Education nationale sur celui des TOS affiliés à l'agriculture. Ceci étant, compte tenu des implications budgétaires, il n'est pas question que le régime des TOS soit aligné sur celui des agents catégorie C de la Région. Ceux-ci, très peu nombreux - une trentaine -, ont bénéficié historiquement de conditions très favorables que nous n'avons pas la capacité d'attribuer aux 4900 nouveaux salariés. En revanche, nous veillerons à les rendre destinataires du maximum d'opportunités de promotion professionnelle.


La colère gronde chez les syndicats. Ils font de cet alignement un objectif incompressible...
Ils peuvent contester...

 

Les règles du jeu ont toujours été clairement établies et annoncées. Quant au défi culturel, il est vrai que l'intégration de ces personnels, bien qu'ils ne travaillent pas au siège, bouleverse les lignes, en termes quantitatif et de profils. Le visage des partenaires sociaux aussi va changer. Des syndicats qui n'étaient pas représentés le sont maintenant.


Vous aviez soutenu Ségolène Royal lors de la Présidentielle. Quelle est votre examen des causes, propres à Ségolène Royal et au PS, qui ont provoqué la défaite? Allez-vous continuer de la soutenir, notamment dans sa quête du poste de premier secrétaire du PS ?

 

Dix-sept millions d'électeurs, des milieux populaires séduits... Le PS ne peut pas se passer de Ségolène Royal. Elle a eu un double mérite: faire bouger le parti sur certains sujets, initier un dialogue direct avec les Français. En revanche, il y a eu des insuffisances. Elles tenaient à l'impréparation de certains dossiers, à une organisation déficiente, aussi à un PS qui a peu soutenu sa candidature. Or en face, il y avait l'impressionnant dispositif Sarkozy. Par ailleurs, le PS n'avait pas produit, depuis 2002, le diagnostic nécessaire pour mieux cerner l'évolution de la société. Et cela a manqué pour nourrir le projet présidentiel. Celui-ci, porté par Ségolène Royal, était « daté »; il était un «pot pourri », une synthèse molle des courants du PS qui ne correspondaient pas aux attentes.


Mais à l'aune de ce qu'elle montre depuis mai 2007, et le livre qu'elle a publié cet automne en est l'expression, rien n'indique que Ségolène Royal a engagé la prise de conscience et l'auto-critique nécessaires. Donc, rien ne laisse présager d'évolution...

 

Cette auto-analyse n'est pas éclatante, mais elle constitue une première approche. Ségolène Royal dispose du leadership et de la légitimité pour occuper les responsabilités à la tête du PS. Elle possède la force d'entraînement, le charisme nécessaires, mais elle doit aussi mobiliser derrière elle une équipe à même de porter le projet socialiste du XXIe siècle.


Ces qualités sont nécessaires, mais sont loin d'être suffisantes pour faire un candidat crédible puis un Président de la République fiable. A-t-elle les compétences pour être l'un puis l'autre?

 

Les compétences, ce n'est jamais l'affaire d'une personne seule, mais d'une équipe. Aujourd'hui, elle commence de produire le travail - avec des économistes, les milieux intellectuels - qui a manqué en amont de l'élection, et qui est capital pour ajuster le projet sur les besoins d'une société moderne. Ce travail, et le candidat Sarkozy en a fait la démonstration, est de longue haleine. II faut l'accomplir dès maintenant si l'on veut être prêt en 2012.


Ségolène Royal est donc davantage armée que Bertrand Delanoë ?

 

Je pense qu'elle est mieux capable. Elle me parait apte. Notamment parce qu'il existe autour d'elle une véritable adhésion populaire.


A Grenoble et à Lyon, les maires socialistes présentent, chacun, un bilan « économique » plutôt positif, et qui pourrait se révéler déterminant dans le cadre de leur possible réélection. Si ce bilan est positif, c'est parce qu'ils ont fait du sujet économique une priorité, gérée sans dogmatisme et avec pragmatisme. Est-ce ce qui manque à la Région ? Pensez-vous que le bilan économique que vous présenterez en 2010 sera de nature à peser autant dans votre réélection ou votre défaite ?

 

La dimension économique de notre politique est un point fort de l'action de la Région. Cela n'enlèvera pas la méfiance qu'une partie du milieu économique portera toujours à l'égard de la gauche. Simplement, Michel Destot, Gérard Collomb, comme moi-même, je le crois, nous faisons la preuve que ce sentiment de défiance est infondé, et que la gauche sait « aussi» traiter l'économie avec efficacité.


Vous représenterez-vous en 2010 ?

 

(Sourire). C'est probable.

 

 

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