Syndicalisme : un terrain (presque) idéal

De la CGT à la CFE-CGC, les organisations syndicales regorgent de maçons. Principales explications : la nature même de l'acte syndical, « tourné vers l'autre et engagé dans sa défense », et une tradition historique à laquelle la plupart des grands dirigeants aurait participé. Intérêt et carrière personnels obligent.

Aux yeux de Richard, responsable syndical d'un établissement bancaire lyonnais, il était « difficile » de trouver terrain plus fertile pour exprimer sa croyance en l'homme, son besoin d'aider. Il juxtapose ses méthodologies syndicale et maçonnique : « Lorsque je conduis une négociation ou accomplis une assistance, j'ai le devoir d'accepter que jamais rien n'est blanc ou noir, d'analyser sans dogmatisme, de peser, de « mouiller ma chemise », bref d'être responsable dans l'intérêt durable du plus grand nombre ». Il essaie de placer chaque décision d'abord dans le sens de son mandat syndical puis en cohérence avec son éthique humaniste. Selon lui, on n'exerce bien une action collective - ici syndicale - que lorsqu'on a travaillé préalablement une prise de conscience individuelle - ici maçonnique -. Un schéma que peut faire sien un dirigeant « frère », l'adjonction des deux parties maçonnes pouvant favoriser « un dialogue social meilleur ». Au nom de l'engagement maçonnique à édifier et à responsabiliser, Richard exclut toute dérive « d'assistanat » abêtissant et appauvrissant. « Etre maçon, c'est rassembler ce qui est épars. D'où une culture du juste milieu et du compromis » précise de son côté Jean-Louis Mandinaud, ancien directeur des relations publiques de la division française de British Petroleum. Ce membre du collège des « personnalités qualifiées » du Conseil économique et social puisa dans cette règle une ressource « capitale » dans l'exercice de ses fonctions syndicales à Force Ouvrière puis à la CGC - dont il fut secrétaire général -.
Reste bien sûr les situations troubles, qui placent en conflit les exercices syndical et maçonnique et ébranlent la conscience : défendre un profane face à un patron maçon, arbitrer entre les intérêts d'un profane et d'un maçon, établir une complicité affective avec des frères dirigeants d'entreprise... Que sont, dans la réalité, les vœux de se dessaisir d'une affaire prud'homale lorsqu'on doit ferrailler avec un frère, l'affirmation que « jamais » un patron maçon n'a demandé d'intervenir au nom de leur appartenance commune... Le recours au « juste milieu » et l'éthique s'avèrent insuffisants pour assurer une claire démarcation. « On n'a pas le droit de se servir de sa qualité de maçon pour agir à l'encontre de son éthique. Si je change mon comportement au motif qu'un de mes interlocuteurs est maçon, c'est que je manque d'intégrité. Et que je faillis à mon engagement maçon » juge posément Richard. Sans doute plus facile à dire qu'à faire.



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