Grenoble : la pépinière d'Inovallée Tarmac à l'épreuve du bilan

Cinq ans après sa création, la pépinière d’Inovallée Tarmac, tournée vers les jeunes pousses technologiques, dresse un bilan positif. Rien qu’en 2018, les 30 startups accompagnées ont généré 3,7 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une progres-sion de +118 % sur les entreprises répondantes par rapport à 2017. Sa directrice, Claire Chanterelle, évoque cependant son prochain défi : en pérenniser le modèle, notamment grâce à la création d’une association avec une mission d’intérêt général.
En 2018, les 30 startups accompagnées par le Tarmac ont généré 3,7 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une progression de +118 % par rapport à 2017.
En 2018, les 30 startups accompagnées par le Tarmac ont généré 3,7 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une progression de +118 % par rapport à 2017. (Crédits : DR)

Dans quel contexte est né Tarmac ?

Claire Chanterelle : Tarmac est un condensé des 40 ans d'histoire d'Inovallée, qui a été la première technopole de France à être créée en 1972. Nos missions étaient d'offrir des services de logistique mutualisés, de réduire les coûts et faciliter certaines tâches, tout en offrant un club de dirigeants ainsi qu'un accompagnement entrepreneurial.

Il ne manquait pas grand-chose pour devenir un incubateur ou une pépinière : c'est donc en nous associant à des collectivités, qui ont investi dans l'immobilier, que nous avons pu avoir des locaux dédiés, deux bâtiments de 1 800 m2 à Meylan et Montbonnot, tandis qu'Inovallée avait l'expertise concernant l'accompagnement et la gestion de la communauté.

Cinq ans après, quel est le bilan de cette aventure ?

Nous avons dû convaincre nos partenaires qu'un incubateur technologique était un sujet porteur : nous visions 40 emplois en 3 ans, nous en avons créé près de 300 !

Nous avons doublé également notre taux de remplissage par rapport à nos prévisions, ainsi que la surface d'accueil prévue initialement.

On s'est demandé si ce nombre allait baisser d'années en années : mais la tendance est plutôt à la hausse, avec 26 projets de créations reçus en 2016, contre 38 en 2018.

Quelles sont les tendances que vous observez chez les startupeurs ?

Nous avons observé des sujets qui arrivaient par vagues, comme les projets autour des smart energy, ainsi que du numérique ou de l'IOT et de la vidéo. Alors qu'on sait que les taux de pérennité des entreprises non-accompagnées sont très bas (une réussite sur deux dans un horizon de 3 à 5 ans), on passe, lorsque les entreprises sont accompagnées, à un taux de pérennité de 70%. Nous nous situons, nous-mêmes, pas loin de la barre des 80%. Et ce, alors que nous prenons de plus en plus de projets en "early stage".

Quels sont vos critères pour sélectionner une entreprise ?

Il faut que ce soit des entreprises innovantes, avec un projet de création d'emplois (qu'ils s'agisse de TPE ou PME), et que le projet ne soit ni en phase trop amont, ni trop aval, avec l'idée de pouvoir accompagner l'entreprise sur une période de trois ans au maximum.

Nous suivons ainsi chaque années une quarantaine d'entreprises au total, en leur proposant à la fois une offre de locaux, qui comprennent tous les services d'un centre d'affaires, avec des conventions d'occupation précaires flexibles pour suivre leur croissance, mais aussi un accompagnement et la participation régulière à des rendez-vous entrepreneur, ainsi qu'une orientation vers des experts si nécessaire.

Comment financez-vous ce modèle ?

Ce sont les collectivités qui encaissent les loyers, tandis que le Tarmac facture un forfait d'accompagnement mensuel, mais qui demeure très peu élevé (35 euros par mois, par startup, NRDL). Nous bénéficions de subventions des collectivités ainsi que de sponsoring privé, avec des partenaires qui nous soutiennent (Banque Populaire des Alpes, cabinet KPMG, etc), mais le modèle s'équilibre surtout car nous mettons en place une mutualisation des ressources humaines et des activités entre Inovallée et Tarmac. On parle en moyenne d'un budget de 150 000 euros pour l'animation de la pépinière chaque année.

Les projets d' incubateurs, pépinières voire même d'accélérateurs sont de plus en plus nombreux. Existe-il aujourd'hui une forme de concurrence avec d'autres acteurs sur le territoire ?

Quand nous nous sommes créés, nous étions effectivement seuls, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Il existe de plus en plus de porteurs qui réalisent un parcours entre les différents acteurs, en commençant par exemple par être incubés à Linksium, qui passent par Tarmac et ensuite par un accélérateur plus avancé comme le Village by Ca ou le programme d'accélération du Carré.

Il existe des pierres avant nous, et nous sommes une étape intermédiaire. L'acteur qui a le fonctionnement le plus proche du notre serait la pépinière La Pousada. Mais elle travaille davantage avec des startups généralistes, et pas uniquement technologiques.

Quelle est la prochaine étape pour le Tarmac ?

Nous sommes toujours en mode projet et dans une optique de travailler à développer notre business model, car les subventions de fonctionnement ont tendance à baisser. C'est pourquoi nous avons déposé les statuts, début 2019, d'une association de loi 1901, Inoboost, qui permettrait ainsi, à l'image des fondations, d'aider à financer nos actions en permettant de défiscaliser les aides reçues. Une demande est en cours auprès des autorités fiscales pour valider la notion d'intérêt général.

Cela permettrait également que les startups accompagnées puissent ensuite, lorsqu'elles réussissent, contribuer sur la base du volontariat. Cela ouvrira également la voix du mécénat de compétences de manière plus organisée, en lien avec de grands groupes industriels, tout en nous permettant de financer l'intervention de prestataires de haut niveau, qui peuvent être des pointures dans leur domaine.

Pensez-vous que la vague startups est appelée à continuer de grossir?

C'est difficile à dire car l'avenir est encore incertain pour tout le monde. Nos cinq années d'expérience nous ont appris qu'il existe parfois seulement deux jours, entre un échec et une réussite : avant la signature d'un contrat essentiel, une société peut se trouver à la limite de la faillite pour ensuite devenir très "successful", en moins de 48 heures.

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