Tests antigéniques : Auvergne Rhône-Alpes passe à la vitesse supérieure

Alors qu'Auvergne Rhône-Alpes fait toujours partie des régions les plus touchées par la seconde vague, la stratégie de dépistage s’organise : l’ARS Auvergne Rhône-Alpes vient d’annoncer la dotation de 550.000 tests antigéniques à destination des établissements de santé. Un chiffre qui s’ajoute aux dépistages qu’ont commencé à effectuer, depuis une dizaine de jours, les pharmaciens de la région, désormais habilités à réaliser ces tests en cours d’approvisionnement.
(Crédits : DR)

Coup d'accélération sur la gestion de la crise sanitaire en Auvergne Rhône-Alpes. Ce lundi matin, le ministre de la santé Olivier Véran s'est rendu à l'aéroport de Lyon Bron pour une visite de dernière minute visant à superviser le transfert de nouveaux patients lyonnais, vers des hôpitaux établis au sein d'autres régions. L'objectif ? Réduire la tension dans les services de réanimation et leur permettre de faire face à l'afflux de nouveaux patients.

Au total, près de 130 évacuations sanitaires ont ainsi été organisées depuis le début de la nouvelle vague épidémique. Le ministre en a profité pour dresser un état des lieux de la situation régionale : « Il y a eu plus de 7.000 malades hospitalisés pour Covid-19 dans les hôpitaux de la région Auvergne Rhône-Alpes, et plus de 900 malades admis en réanimation. Ce sont vraiment ces formes graves qu'il nous faut pouvoir prévenir, en étant dans notre quotidien très respectueux du confinement pendant encore les semaines nécessaires ».

Et d'ajouter cependant une touche d'espoir : « Nous sommes en train de reprendre progressivement le contrôle de cette épidémie, mais nous avons encore plus de 2.000 malades qui sont hospitalisés chaque jour pour la Covid, ainsi qu'une centaine de malades admis quotidiennement au sein de nos services de réanimation. Nous n'avons pas encore terminé le combat contre le virus », a déclaré le ministre de la Santé.

Avec, comme principal pilier de cette stratégie à venir, le déploiement des tests antigéniques, plus rapides et plus facilement déployables sur le terrain, que ce soit au sein des établissements de santé, des centres de dépistage temporaire, ou encore désormais au sein des pharmacies.

Ces tests, réalisés eux aussi à partir d'un prélèvement nasopharyngé, permettent d'obtenir un résultat rapide en l'espace de 15 à 30 minutes. Réalisables hors des laboratoires de biologie, ils permettraient d'augmenter considérablement les capacités de dépistage et d'isoler les malades au plus tôt.

550.000 tests affectés pour la région AuRA

L'ARS Auvergne Rhône-Alpes vient d'annoncer en fin de semaine la dotation de 550.000 tests, qui seront répartis au sein des 12 départements de la Région Auvergne Rhône-Alpes selon des critères de démographie, et qui pourront être adaptés en fonction de la situation épidémiologique du territoire.

Depuis le 2 novembre dernier, près de 170.000 tests antigéniques rapides ont déjà été acheminés vers les établissements médico-sociaux de la région, avec 4.000 tests réalisés en quelques jours. Ces moyens de dépistage seront en premier lieu réservés aux personnels des établissements médico-sociaux, mais aussi aux patients admis au sein des services d'urgences en vue de mieux orienter leur prise en charge, ainsi qu'en direction des voyageurs aériens effectuant des liaisons entre la métropole et les territoires d'outre-mer. Quelques 20.000 tests antigéniques rapides ont notamment été délivrés à l'aéroport Saint-Exupéry de Lyon depuis le 7 novembre dernier.

Une manne de nouveaux moyens de tests, auxquels viendront également s'ajouter les commandes passées directement par les pharmaciens de la région. Car depuis le 16 octobre dernier, un décret autorise les pharmaciens ainsi que les préparateurs en pharmacie à participer aux modalités de dépistage « pour la première fois » depuis l'essor de cette épidémie, sous réserve qu'ils aient été formés à réaliser ces tests.

« A travers cette crise, on fait preuve de plus de pragmatisme, et certains leviers sautent », observe Olivier Rozaire, président URPS Pharmaciens en Auvergne Rhône-Alpes et pharmacien titulaire à Saint-Bonnet Le Château (Loire).

Avec à la clé, une manne mobilisable de près de 2.500 pharmacies, employant 3.900 pharmaciens et 7.000 préparateurs à l'échelle des 12 départements. « Toutes les pharmacies seront autorisés à pratiquer ses tests, mais dans la mesure où il nécessite une formation, on estime que seules 30 à 40 % des officines pourraient les pratiquer », avance-t-il.

Près de 150 pharmaciens formés

Des formations ont d'ailleurs été mises en place depuis la semaine dernière en Auvergne Rhône-Alpes, à l'Hôtel de Région de Lyon, et la semaine prochaine, à celui de Clermont-Ferrand, en vue de préparer près de 150 professionnels aux prélèvements nasopharyngés. « Depuis quelques jours, l'ensemble des pharmacies du territoire ont commencé à s'organiser et des patients nous contactent déjà. Il y a beaucoup de choses à mettre en place : organisation au sein des officines, l'approvisionnement en tests, ainsi qu'en moyens de protection. La difficulté se situe surtout au niveau de la demande en surblouses et en gants, que l'on utilisait jusqu'ici peu, et dont la filière d'approvisionnement est tendue », constate Olivier Rozaire.

Organisés en priorité dans leurs officines, les pharmaciens pourront également participer aux dépistages dans les structures mobiles mises en place par les mairies, les salles de sports, etc.

Avec, comme tarif, des kits facturés 8,64 euros à l'Assurance Maladie, ainsi qu'un forfait de 26 euros pour l'acte de prélèvement ainsi que l'équipement du préleveur. « Cela nous permet de rentrer dans nos frais, mais pas dans le cas où il faut installer un barnum dehors par exemple ».

Reste que pour Olivier Rozaire, la généralisation de ces tests constituera un élément essentiel pour préparer le déconfinement, qui pourront notamment être utilisés dans le cadre d'opérations de dépistage préventif à large échelle, en complément des tests PCR.

« Cela nous permet de déployer des tests à une échelle plus grande et d'avoir une réponse positive en moins d'une heure. On sera ainsi en mesure de mieux gérer le déconfinement, car il y aura très certainement une campagne massive de dépistage à la mi-décembre, en vue de permettre aux gens de se déplacer plus facilement en ayant isolé un maximum de cas positifs », estime-t-il.

Une quinzaine de tests disponibles

D'autant plus que le président de l'URPS Pharmaciens AuRA rappelle que le taux de fiabilité de ses tests, lorsqu'ils sont réalisés dans les quatre jours suivant le début des symptômes, s'avèrerait élevé. « Lorsqu'un test est positif il n'y a aucun doute, c'est surtout dans les cas des tests négatifs que la fiabilité descend à mesure que l'infection se dissémine dans le corps ». Il cite un exemple datant de ce week-end : « Dimanche, nous avons reçu une patiente envoyée par le médecin de garde, dont le taux observé était tellement positif que son résultat a pu être délivré en l'espace de cinq minutes. Cela lui a permis de s'isoler ainsi que ses enfants et de ne pas retourner au travail dès le dimanche ».

Restera la question de l'approvisionnement : une quinzaine de références de tests antigéniques sont actuellement référencées sur le site du ministère de la santé, seuls six font partie d'une short-list étudiée par la l'AP-HP. Avec parmi eux, les tests Abbott, AAZ et Biosynex, qui constituent les trois principaux fournisseurs des pharmaciens de la région à l'heure actuelle.

« Tous les pharmaciens sont actuellement en train de constituer leurs stocks. Pour l'instant, le délai annoncé est de l'ordre de deux à trois semaines », confirme le président de l'URPS Pharmaciens AuRA. S'il ne se dit pas particulièrement inquiet pour cet approvisionnement, Olivier Rozaire rappelle que les pharmaciens doivent gérer leur stock au compte-goutte puisqu'ils sont également chargés d'alimenter les professionnels de santé (hors circuit hôpital).

«Dans mon officine, nous en avons par exemple commander nous-mêmes 40 boîtes et n'en avons l'instant reçu que cinq », note Olivier Rozaire.

Reste que selon de premières données obtenues auprès de l'Assurance maladie sur le terrain des remboursements, « l'Île-de- France et la région Auvergne Rhône-Alpes se positionnent comme les deux régions leaders sur le sujet des tests antigéniques, car elles font aussi partie des plus touchées », glisse-t-il. Avec l'aéroport de Lyon déjà doté de 20 .000 kits, mais également le Département de la Savoie qui a lui-même commandé un lot de 250.000 tests antigéniques pour sécuriser sa saison d'hiver, le déploiement à grande échelle a déjà commencé en Auvergne Rhône-Alpes.

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