Santé : Les Affranchis, la cosmétique bio et locale autrement

Concevoir des cosmétiques bio et écologiques pour s’affranchir des additifs et conservateurs nocifs pour la santé. Tel est le pari de deux anciens salariés grenoblois, qui ont fait le choix de se lancer dans le domaine de la cosmétique. Le projet vise les 2 à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici trois ans.
Les deux cofondateurs, Franck Paillaret et Frédéric Mie, ont fait le choix de proposer des savons bio et biodégradables, liquides et solides, avec plusieurs gammes de savons dont un produit à l'huile de noix et au miel.
Les deux cofondateurs, Franck Paillaret et Frédéric Mie, ont fait le choix de proposer des savons bio et biodégradables, liquides et solides, avec plusieurs gammes de savons dont un produit à l'huile de noix et au miel. (Crédits : DR)

"Changer le monde" oui, mais en commençant par la salle de bain. Tel était le projet des deux associés du laboratoire de cosmétiques bio et écologiques, Les Affranchis, né tout d'abord dans le garage de Frédéric Mie. Avec un objectif : se passer des ingrédients chimiques pour ne conserver que des ingrédients sains, en utilisant le procédé de saponification à froid.

Depuis sa création en 2016, ce laboratoire de cosmétique bio "made in Grenoble" de 8 salariés a déjà déménagé pour quadrupler ses locaux, toujours situés dans le quartier Mistral, et atteindre les 120m2 (pour 80m2 de laboratoire).

"Nous avons commencé à deux en fabriquant le matin et en livrant l'après-midi, et nous sommes désormais rendus à 150 points de vente, essentiellement auprès d'un réseau de magasins bios de la région", explique Franck Paillaret, cofondateur.

Avec une présence en région Auvergne-Rhône-Alpes, et notamment au sein des grandes villes, la nouvelle marque se rêve de partir à l'assaut des villes de taille moyenne, en passant notamment des accords avec des centrales d'achats destinées aux magasins bio.

Car dans la foulée des comparatifs réalisés par les associations de consommateurs, rejointes désormais par des applications de scan et d'analyse de produits telles que Yuka, les Affranchis comptent adresser un public devenu plus large que les militants écologiques.

"Les consommateurs commencent à regarder les étiquettes et se rendent bien compte que la composition des produits a fortement évolué au cours des 50 dernières années", justifie Franck Paillaret.

Le tout, en imaginant des formules voire des partenariats avec de nouveaux acteurs, comme des livreurs à vélos, pour effectuer les livraisons du dernier kilomètre. Avec un objectif : atteindre un chiffre d'affaires de 2 à 3 millions d'euros d'ici les 3 prochaines années.

Deux produits et quatre gammes de savons

Pour démarrer, les Affranchis ont fait le choix de proposer des savons bio et biodégradables, liquides et solides, avec plusieurs gammes allant des savons solides 100% olive aux savons d'Alep, mais aussi à un produit à l'huile de noix et au miel, ou encore à la lavande. Du côté des formules liquides, la jeune pousse a misé sur une formule nature ainsi que deux produits parfumés (agrume basilic et menthe boisée).

"On s'est aperçus que le vrai savon liquide ou solide à base de matières premières agricoles n'existait plus sur le marché, où l'on est face à des produits de synthèses issus de la pétrochimie", indique Franck Paillaret.

Avec sa volonté d'être "minimalistes" mais aussi "malins", les deux entrepreneurs ont trouvé leur propre devise : "Chez nous les ingrédients, c'est devant". Un slogan qui leur donne aussi quelques contraintes :

"Un produit comme le shampoing, qui peut être très rapide à formuler, devient très complexe lorsque l'on a un cahier des charges comme le nôtre. C'est pourquoi nous expliquons nos exigences et notre méthodologie et que nous prendrons le temps nécessaire pour le faire", affirme Franck Paillaret.

La jeune pousse étudie également le développement de crèmes dans un second temps, un secteur où il existerait également de la demande pour des produits plus sains.

Maîtriser l'ensemble de la chaîne

Avec son propre laboratoire et ses fournisseurs qu'elle souhaite locaux, la jeune pousse a fait le choix de maîtriser l'ensemble de la chaîne... allant même jusqu'à créer ses propres étiquettes et sa propre colle, à base de fécule de pomme de terre ! Lorsque la startup a dû produire en plus grand volume, elle a fait le choix non pas de délocaliser la fabrication de son étiquetage à l'étranger, mais plutôt à 2 km de son siège, au sein d'un Esat basé à Fontaine.

"Nous choisissons des matières premières agricoles et locales le plus possible, et quand cela n'est pas possible, comme pour l'huile de baie de laurier qui vient de la frontière entre la Syrie et la Turquie car il s'agit de sa région de provenance à l'origine, c'est toujours un arbitrage entre les vertus que peut proposer le produit, et nos valeurs".

De même que lorsqu'elle a démarré, elle a dû étudier le design et l'adaptation d'un certain nombre de machines nécessaires à sa production, en vue de passer d'une mode de production artisanal, avec des marmites de 20 à 30 litres, à une plus grande échelle, avec des cuves de 150 litres. "Il a fallu en faire fabriquer et réaliser du sur-mesure".

Les deux fondateurs ont d'ailleurs poussé la démarche jusqu'à étudier l'ensemble de leur impact carbone, en établissant un bilan annuel en vue de trouver des pistes d'amélioration régulières. "Nous sommes également labellisés Nature et Progrès en bio, mais nous sommes également en train de monter notre propre label qui nous corresponde, car la philosophie que nous avons choisie est d'avoir une cohérence la plus globale possible".

Avec, face à eux, une industrie de la cosmétique tenue, d'un côté par les grandes marques, et de l'autre, par de petits artisans savonniers vendant sur les marchés. "Ensuite, il y a un no man's land. Nous ne serons jamais le L'Oréal ou le Waleda du bio, mais nous pensons que l'on peut réussir et avoir de l'impact, en étant une petite ou une moyenne entreprise", estime Franck Paillaret.

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