Grenoble : La fusion du CHUGA et du CHV sera effective dès janvier 2020

Avec ses 9 700 professionnels, le CHU de Grenoble se prépare à fusionner au 1er janvier prochain avec le centre hospitalier de Voiron (1 045 salariés). L’objectif affiché de cette fusion ? Réunir les deux établissements afin de "conforter l'offre de soins publique" et de "renforcer les filières médicales" entre deux établissements. Et ce, tandis que les deux établissements portent d’importants projets immobiliers, tels que la reconstruction de l’hôpital de Voiron, dont l’ouverture est désormais fixée début 2021.
(Crédits : M.Lyan)

C'est un chantier de taille qui se prépare pour le début d'année, au sein des hôpitaux de Grenoble et de Voiron. Avec, d'un côté, un établissement classé parmi le top 10 des CHU en France avec près de 9 700 professionnels (dont plus de 2 500 médecins), 900 000 patients accueillis chaque année et un budget d'exploitation de 713 millions d'euros en 2018.

Et de l'autre, un hôpital "de territoire", desservant un bassin de vie tourné vers le Nord-Isère, avec près de 363 lits pour 37 427 passages aux urgences, 1 160 naissances et 5 368 interventions réalisées chaque année.

Plusieurs objectifs ont été avancés par la direction pour cette fusion : avec d'une part, la volonté de "conforter l'offre de soins publique sur le bassin voironnais", mais aussi de "renforcer les filières médicales" entre les deux établissements, ou encore de "mener à bien les lourdes opérations d'investissement en cours et à venir".

"On assiste à un renforcement des collaborations entre les hôpitaux publics au cours des 20 dernières années, car un établissement isolé ne peut pas tout faire seul. Il existe une graduation des soins que l'on doit mettre en place de façon progressive et au gré des nouvelles techniques", contextualise Monique Sorrentino, directrice générale du CHU Grenoble Alpes.

Une collaboration qui fait également suite au Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) Alpes-Dauphiné, auquel participait déjà le CHUGA et le CHV aux côtés de huit autres établissements depuis 2016.

"Nous avions déjà un projet médical partagé avec l'hôpital de Voiron et une accélération a été souhaitée par l'ARS afin que l'on travaille encore davantage ensemble", ajoute la directrice.

Fin 2018, un projet de fusion a donc été communiqué avec l'objectif que le CHV devienne, à compter de janvier 2020, un établissement du CHUGA, de la même manière que l'est déjà l'hôpital couple-enfant par exemple. Avec, comme étape intermédiaire la mise en place d'une direction commune, placée sous l'égide de Monique Sorrentino, à compter de janvier 2019, ainsi que l'officialisation à travers un décret signé de la main du Premier ministre, Édouard Philippe, le 10 octobre dernier.

Attirer de nouveaux médecins

L'un des premiers objectifs de cette fusion est de pouvoir attirer des médecins au sein des territoires.

"30 postes médicaux partagés entre le CHUGA et le CHV ont d'ores et déjà été mis en place et nous aimerions renforcer les coopérations, afin de devenir plus attractifs et de pouvoir former des médecins à Grenoble pour aller ensuite prendre des postes à Voiron", affirme Monique Sorrentino, qui indique qu'il en est de même pour le personnel médical (infirmières, etc).

"Le fait de fusionner va favoriser les entraides et contribuer à redévelopper certaines spécialités à Voiron en vue de renforcer l'offre de soins publique sur le territoire voironnais, qui enregistre depuis quelques années, une hausse en matière de démographie".

Du côté des syndicats, et notamment du site de Voiron, l'annonce avait été accueillie avec des pincettes.

"Nos collègues qui sont au conseil de surveillance se sont toujours positionnés contre cette fusion car ils pensent que cela ne peut qu'entraîner des suppressions de postes, comme cela est à chaque fois le cas lorsqu'on rencontre une fusion en milieu hospitalier", met en garde Chantal Sala, secrétaire de la CGT pour le site de Grenoble.

D'après elle, un protocole d'accord aurait cependant été conclu avec la direction afin de s'engager sur la titularisation de 130 contractuels, présents sur le site de Voiron.

"Nous avons également négocié le fait qu'il n'y ait pas de mobilité imposée entre les deux sites pour le personnel non-médical".

De son côté, la direction rappelle que cette nouvelle organisation ne devrait se traduire par aucune fermeture ni transfert de service, bien au contraire :

"Nous allons essayer de proposer des parcours au corps médical qui leur permettent de rester à Voiron s'ils le souhaitent, tout en travaillant avec les équipes grenobloises pour assurer certains niveaux d'expertises".

La directrice, qui rappelle que des postes continuent d'être créés chaque année -sans pour autant pouvoir citer de nombre précis-, compte sur le développement de nouvelles activités chirurgicales, ainsi que sur une meilleure prise en compte des maladies chroniques.

Une gouvernance remise à plat

La gouvernance a elle aussi été revue, avec l'organisation de nouvelles élections pour la Commission médicale d'établissement (CME), la Commission des soins infirmiers, de rééducation et médico-techniques (CSIRMT) et les instances représentatives du personnel.

"Nous avons dû redéfinir la gouvernance afin que les acteurs de Voiron soient bien représentés au sein des différentes instances", complète Monique Sorrentino. Pas moins de trois processus électoraux sont ainsi en cours afin d'en renouveler les membres, avec de nouveaux membres qui seront installés à compter de janvier prochain.

En parallèle, la directrice affirme qu'elle souhaite laisser au CHV "un niveau d'autonomie assez élevé", avec l'instauration d'une direction déléguée sur place et le maintien d'un budget spécifique, dont le fonctionnement est estimé à 72 millions d'euros.

"Ce qui est mutualisé est essentiellement le projet médical partagé, qui doit conduire à déterminer la manière d'organiser les soins à l'échelle du territoire et son incidence en matière d'équipements et de personnel".

La fusion vise également à faciliter l'intégration des systèmes d'information des deux hôpitaux, qui opteront pour de nouveaux logiciels communs (administratifs, financiers et RH), comprenant l'instauration d'un dossier informatique patient unifié, à compter du 1er janvier.

"Nous avons pour cela renforcé les moyens en personnel pour accompagner cette transition, qui poussera également les équipes à partager et se connaître davantage". Au total, la mise en place des systèmes ainsi que d'une équipe projet d'une trentaine de personnes est évaluée à 3 millions d'euros.

L'Agence régionale de santé (ARS ARA) a confirmé elle-même qu'elle accompagnerait le processus de fusion à travers l'octroi d'une aide à l'exploitation, afin de "sécuriser la trajectoire financière de l'établissement fusionné pendant les trois prochaines années et à l'investissement pour finaliser la construction du Nouvel Hôpital de Voiron".

Deux projets d'envergure

Les deux établissements fusionnés devront également faire face à d'autres défis puisqu'ils s'étaient tous deux lancés dans deux projets immobiliers d'envergure, qui doivent sortir de terre au cours des prochaines années.

Avec, d'un côté, des travaux de modernisation du CHU de Grenoble, comprenant le développement d'un nouveau plateau technique pour les urgences ainsi que la modernisation des salles opératoires, pour une enveloppe globale de 182 millions d'euros (dont 105 millions d'euros apportés par un dispositif d'emprunt, 55 millions d'euros en auto-financement et 22 millions d'euros provenant du Comité Interministériel de Performance et de Modernisation de l'Offre de Soins (COPERMO).

D'un autre côté, la reconstruction du Centre hospitalier de Voiron sur un site unique qui regroupera le CHV et la clinique de la Chartreuse, représentait un budget de 90 millions d'euros (dont 44 millions provenant notamment de l'ARS et des collectivités territoriales). Après une série de retards, engrangés suite à la faillite de l'un des principaux acteurs de ce dossier, la société Floriot construction (basée à Bourg-en-Bresse dans l'Ain), l'ouverture du nouvel hôpital est désormais fixée à début 2021.

L'ARS a d'ailleurs déjà annoncé une aide supplémentaire de 30 millions d'euros afin de pallier aux aléas rencontrés lors de la construction et a également mis sur la table une enveloppe de 5 millions d'euros pour accompagner le retour à l'équilibre de la structure sur une échelle de trois ans.

"Le cycle d'exploitation du CHV ne permet pas de financer cette opération car il n'a pas encore atteint l'équilibre. Si cette structure était privée, elle aurait déjà mis la clé sous la porte. Ces investissements sont destinés à lui permettre de passer le cap", explique Monique Sarrentino.

Pour autant, les syndicats se montrent inquiets pour les budgets à venir :

"Nous ne sommes pas dupes que des restructurations vont avoir lieu car la fusion est concomitante avec les difficultés connues par la construction du nouvel hôpital, dont les retards de construction ont fait flamber les coûts", glisse Chantal Sala.

Cette dernière évoque également des incertitudes plus larges, concernant les acteurs présents à l'échelle du territoire :

"On devrait connaître également des modifications à l'échelle du territoire car il existe encore beaucoup d'incertitudes sur l'arrivée d'un nouvel acteur privé, dans la vente du groupement hospitalier mutualiste de Grenoble".

En attendant, le fusion entre le CHUGA et le CHV deviendra effective dès le 1er janvier 2020

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Commentaire 1
à écrit le 10/12/2019 à 20:32
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