Santé : vers une coopération accrue entre médecins libéraux et hospitaliers ?

Face à la désertification des médecins libéraux et à l’engorgement induit des urgences dans les hôpitaux, deux fédérations médicales s’organisent en Auvergne-Rhône-Alpes pour soutenir des projets de services mutualisés.

Depuis plusieurs mois, l'URPS et la FHF en Auvergne-Rhône-Alpes renforcent leurs liens pour instaurer des relations entre les médecins libéraux et les médecins hospitaliers.

"La Fédération hospitalière de France AURA et l'Union régionale des professionnels de santé médecins libéraux AURA ont convenu d'accompagner et de faciliter toutes initiatives locales qui visent à prendre en charge de façon plus coordonnée les patients sur un territoire", indiquent les deux entités dans un document qui reprend leurs axes de travail communs.

Les deux entités souhaitent que libéraux et hospitaliers se connaissent mieux, sachent comment les uns et les autres travaillent, afin de mettre sur pied des organisations qui soulagent leurs problématiques respectives : engorgement des urgences, désertification médicale, absence de spécialistes en libéral, méconnaissance pour les patients du bon interlocuteur pour une consultation non-programmée etc.

"Depuis le développement des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) et des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), il nous semblait cohérent et dans l'intérêt du patient de nous rapprocher," explique le docteur Vincent Rebeillé-Borgella, secrétaire de l'URPS médecins libéraux AURA.

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Des projets déjà soutenus

Des initiatives locales sont ainsi soutenues par les deux fédérations comme : la mise en place d'un médecin libéral répartiteur au sein du service des urgences du CH Alpes Léman chargé de réorienter les patients vers le médecin de permanence en ville ou vers le médecin traitant ; un projet de création d'une maison médicale de garde à proximité de l'hôpital Edouard Herriot pour orienter le flux des patients non-programmé ou encore la mise en place d'un camion de consultations qui, rattaché à un nouveau centre médical à Bourg-en-Bresse, se rend dans les communes à 30 minutes aux alentours de la ville.

Ce dernier projet "donne la possibilité d'avoir des consultations dans les villages, sans pour autant avoir d'installation de médecins dans de toutes petites communes. Ce principe est terminé, il faut le savoir," martèle le professeur Jean-Louis Touraine, médecin émérite lyonnais, président de la FHF AURA et député du Rhône.

Au total, 49 projets porteurs ont été identifiés par les deux fédérations en Auvergne-Rhône-Alpes.

Un changement à appréhender

L'autre axe de travail concerne la prise en compte des nouveaux modes d'exercice des médecins généralistes : si l'incitation immobilière ne fonctionne pas, c'est parce qu'il faut avant tout un projet médical.

"Les jeunes praticiens veulent s'installer à plusieurs, sous la forme libérale ou salariale, dans un chef-lieu de canton à partir duquel ils pourront rayonner. Vous ne pourrez pas obliger un médecin à s'installer là où il ne veut pas," constate Pierre-Jean Ternamian, président de l'URPS médecins libéraux AURA.

Les patients inquiets

Leur volonté de rapprocher les cabinets libéraux et les centres hospitaliers a été récemment renforcée par la publication des résultats régionaux d'une consultation, réalisée par la Fédération Hospitalière de France (FHF) et Ipsos, dans le cadre du Grand Débat National.

En Auvergne-Rhône-Alpes, 91% des habitants sont favorables à une augmentation des moyens financiers de l'hôpital public français et 74% considèrent que l'hôpital public s'est dégradé depuis 10 ans.

"Il y a une désertification médicale en médecins généralistes, ainsi qu'un manque de spécialistes, une insuffisance de médecins dans les hôpitaux... Au final, ces éléments inquiètent la population" analyse Jean-Louis Touraine.

Mais du côté de l'accès aux soins de médecine générale, la situation n'est pas meilleure : 30% des habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes déclarent s'être rendus aux urgences au cours de la dernière année, et 43% d'entre eux avouent avoir déjà eu recours aux urgences pour des raisons inadéquates (difficulté d'obtention de rendez-vous chez leur généraliste, refus de prise en charge par un médecin, facilité, praticité d'être sur place pour faire tous les examens etc.).

"Imaginez que cette proportion soit soustraite aux urgences hospitalières, du jour au lendemain, elles ne seraient plus débordées. Mais ce ne sera pas réalisable au niveau de l'hôpital seul. Cela prend tout son sens s'il s'agit d'une coopération entre médecine libérale et hospitalière," ajoute Jean-Louis Touraine.

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