Santé : Boehringer Ingelheim soigne sa transformation digitale

Le laboratoire pharmaceutique allemand, dont le siège français est implanté à Lyon, multiplie les stratégies d'innovation. Elles donnent leurs premiers résultats.
(Crédits : DR)

À Ingelheim, à une petite soixantaine de kilomètres de Francfort, le siège monde de Boehringer Ingelheim (BI) est une ville dans la ville. Sur plusieurs hectares, dans cette "cité-usine" de presque 8000 salariés, se côtoient chercheurs et techniciens, financiers, ouvriers et, depuis presque deux ans, startuppers. Car c'est au coeur de son vaisseau amiral que le laboratoire pharmaceutique allemand a choisi d'implanter son laboratoire d'innovation, le BI X.

"Au départ, nous avions hésité avec les États-Unis puis nous avons finalement décidé que c'est ici que nous devions implanter notre digital lab", se souvient Michael Schmelmer, membre du conseil d'administration, responsable du BI X.

C'est donc près d'une unité de production, en lisière de forêt, qu'une cinquantaine de salariés travaillent sur "les futures solutions innovantes dans la santé humaine, animale et biopharmaceutique" du groupe.

5 minutes pour convaincre

Pour pousser l'innovation, casser la routine et les modes opératoires selon Michael Schmelmer, et ne pas uniquement la réserver à la pure R & D, le groupe a imaginé un système inédit : après repérage, et un temps court d'accompagnement et de mise en forme de son projet, chaque collaborateur/porteur de projet, quel que soit son pays d'origine, fait le déplacement à Ingelheim pour présenter, pendant cinq minutes, son projet aux membres du board.

"Nous posons ensuite des questions pendant cinq minutes, puis nous décidons de financer, ou pas, la suite du projet", rapporte le CEO.

S'il est validé, les équipes de BI X se mettent à disposition du projet. Multiformes, composées de talents venus du monde entier - des experts dans le domaine des sciences des données, du développement de logiciels agiles et de l'expérience utilisateur -, elles se mettent en mode "sprint" pour produire en trois mois.

"Nous nous adressons à tous les marchés. Mais ce sont les équipes commerciales qui ont le dernier mot pour lancer les tests", précise le dirigeant.

60 idées en gestation

Dans les tiroirs du BI X, 60 idées sont déjà en gestation, dix sont en projet, sept en pilotes et quatre sont en phase de lancement. Parmi elle, Farmera, une application actuellement en test aux États-Unis, destinée aux éleveurs de porcs qui leur permet, grâce aux data, de connaître exactement l'état de santé de leur cheptel et d'intervenir au plus près.

Depuis son lancement, en juillet 2017, le lab a fait des émules en Chine et aux États-Unis, mais c'est toujours à Ingelheim que les projets sont mûris puis mis en oeuvre un par un. En complément, le groupe, qui investit près de 20 millions par an dans ce projet, a décidé de multiplier les coopérations avec des startups "externes" au groupe.

En France, BI a donné naissance à Lyon à son premier accélérateur de e-santé, Synapse, tout en signant plusieurs accords de collaboration avec des entreprises ou des startups, à l'instar d'Ose Immunotherapeutics (Nantes). Au global, BI injecte près de 3,2 milliards d'euros en R & D par an et dans le monde.

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