Saint-Etienne pourrait bientôt se positionner en référence nationale dans le domaine de la prévention. Un institut dédié unique en France verra le jour début avril sous l'impulsion de l'université Jean-Monnet. Le programme est inscrit dans le projet IDEX.
Cette structure fédérative de recherche rassemblera des acteurs tels que le Centre d'investigation clinique du CHU de Saint-Etienne, le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (Clara) et les collectivités locales. Elle disposera d'un lieu - vraisemblablement un site universitaire - où se côtoieront des équipes de recherche (dans les domaines de la thrombose, de la vaccinologie, etc.) mais aussi des startups des secteurs de la santé ou du numérique.
Expertise dans la prévention des cancers
"L'objectif est de traiter de la prévention en allant de la recherche fondamentale aux actions auprès du grand public, souligne Stéphane Riou, vice-président en charge de la recherche à l'université Jean-Monnet. Pour cela, nous allons rassembler les forces existantes dans une logique de collaboration, de mutualisation et d'échanges de pratiques, avec pour spécificité d'ouvrir le projet aux sciences humaines et sociales : sciences de l'éducation, sciences politiques, sociologie, économie, etc."
Saint-Etienne dispose déjà d'une certaine expertise en matière de prévention des cancers. Elle accueille en effet le Centre Hygée, une plateforme dédiée créée en 2004 par le Clara. Ce centre de recherche implanté au sein du "Campus santé innovations" traite à la fois de prévention primaire (lutte contre les comportements à risque), secondaire (dépistage) et tertiaire (amoindrissement des effets de la maladie). Il dispose de deux "living lab" où sont testées des solutions innovantes, notamment en matière de changement des comportements.
Enjeux considérables
Franck Chauvin, responsable scientifique du Centre Hygée et vice-président du Haut conseil de la santé publique (HCSP), estime que Saint-Etienne peut prendre le leadership au niveau national sur les questions de prévention. Et pour cause, le système français est très en retard en la matière.
"En France, 93 % des dépenses de santé sont dirigées vers les soins et 7 % seulement sur la prévention", précise-t-il. La France se situe parmi les mauvais élèves européens, notamment en ce qui concerne la mortalité prématurée des hommes, principalement à cause de la prévalence du tabac.
"Les enjeux de la prévention sont considérables, ajoute Franck Chauvin. En France, douze millions de personnes souffrent de maladies chroniques et le taux d'augmentation est de 2,5 % par an. Or on peut se demander comment nous allons pouvoir prendre en charge tous ces patients dans les années à venir."
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