Gattefossé poursuit sa conquête du monde

Le fabricant de composants pour les industries de la santé et de la cosmétique poursuit ses investissements à l'international. Gattefossé dotera sa filiale américaine d'un laboratoire appliqué au premier trimestre 2017. L'idée d'une production locale chemine au Brésil, pays où se consomment beaucoup de produits pour les soins du corps.

En inaugurant la filiale tunisienne du groupe Gattefossé en mai dernier, Jacques Moyrand, le PDG du fournisseur de solutions innovantes et d'excipients pour l'industrie pharmaceutique et d'ingrédients pour la cosmétique, revenait à ses sources. Il a vécu jusqu'à l'âge de 12 ans dans ce pays, au Cap Bon (pointe nord est), où son père était propriétaire de vignobles. Cette 13ème filiale, nommée Gattefossé Méditerranée, est opérationnelle depuis un an dans le quartier d'affaires de Tunis face à l'aéroport et emploie aujourd'hui cinq salariés dont trois ingénieurs chimistes.

"C'est un des rares pays où le personnel est formé avec des programmes similaires à ceux de la France", justifie le dirigeant. "Rapprocher nos techniciens des laboratoires locaux crée une proximité culturelle qui se vérifie chaque fois".

L'Iran depuis 25 ans

L'entité tunisienne qui vise 7 à 8 millions d'euros de ventes, s'adresse, en particulier, aux trois pays d'Afrique du Nord, la Jordanie, l'Egypte et l'Iran.

"Nous travaillons avec l'Iran depuis 25 ans et nous avons continué pendant l'embargo auxquels nos produits n'étaient pas soumis. Toutefois nous avons rencontré des problèmes de paiement. Maintenant que les portes se sont rouvertes nous sommes presque en terrain conquis. La cinquantaine de laboratoires pharmaceutiques iraniens produit exclusivement des génériques car il n'y a pas de recherche locale. Mais ce sont de bons scientifiques", témoigne Jacques Moyrand.

Mumbai, Shanghai, Singapour

A l'horizon de 5 ans, Gattefossé envisage d'adjoindre à sa filiale tunisienne un laboratoire d'application. C'est déjà le cas en Inde, depuis septembre 2015, où l'ETI familiale, basée à Saint-Priest, dans le Rhône, compte aujourd'hui 20 personnes à Mumbai (Bombay).

"Nous sommes bien répertoriés dans ce pays, qui est l'usine pharmaceutique du monde", indique le PDG.

Mais il confirme que les mentalités indiennes restent attachées à des usages anciens.

A Shanghai, Gattefossé possède également un laboratoire de mise au point (10 salariés). Aux Etats-Unis, c'est prévu au premier trimestre 2017 dans le New Jersey. A Singapour, dans le cadre d'une alliance avec l'italien FACI, il dispose depuis quatre ans d'un atelier de production (environ 500 tonnes à ce jour) pour servir l'Asie.

Amérique latine

Comment évolue ce marché ? La France et l'Europe sont en repli. La croissance est tirée par l'Asie, le Moyen-Orient et l'Amérique latine. Au Brésil où elle est implantée depuis 2012, l'entreprise prévoit de fabriquer sur place :

"L'idée chemine car c'est un pays où se consomment beaucoup de produits pour la beauté", atteste Jacques Moyrand.

Colombie, Pérou ou encore Chili sont aussi des pays d'avenir pour la société lyonnaise qui emploie 294 collaborateurs dont 170 à Lyon. L'équipe de 45 à 50 en R&D (4 dans le laboratoire de culture cellulaire) dépose environ 2 brevets par an.

Néanmoins, "il est de plus en plus compliqué de développer des ingrédients du fait des contraintes croissantes au niveau de la sélection des plantes, de leur provenance, de la nature de l'effet que l'on arriver à démontrer", précise le PDG.

Tour du monde à la voile

Ce skipper averti et déterminé - il a entrepris avec sa femme un tour du monde qu'ils effectuent par étapes en raison de leurs responsabilités professionnelles - puise dans ce défi un enrichissement pour manager.

"C'est une manière supplémentaire d'apprendre la vie. Quand on navigue, il ne faut compter que sur soi même", reconnaît-il.

Le groupe dont il tient la barre du gouvernail fait cap,lui, vers les 100 millions d'euros de revenus consolidés (97,7 millions en 2015 dont 70 à 73 % à l'international).

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