L'ambroisie creuse le trou de la Sécu

En 2013, les allergies à l'ambroisie ont couté 15,5 millions d'euros à la Sécurité sociale en Rhône-Alpes. L'impacte de cette plante invasive inquiète de plus en plus les pouvoirs publics. une plateforme numérique de signalement à même été lancée.

C'est déjà le cauchemar des allergiques, l'ambroisie va-t-elle devenir un jour aussi celui des caisses de l'État? En 2013, les allergies à l'ambroisie ont couté la bagatelle de 15,5 millions d'euros à la Sécurité sociale pour la seule région Rhône-Alpes. Un montant loin d'être anodin, alors que l'Assurance-maladie, cherche à faire des économies par tous les moyens.

La vallée du Rhône très exposée

Originaire d'Amérique du Nord, l'ambroisie est une plante invasive. En août et septembre, son pollen est l'un des plus allergisants. Cinq grains dans un m3 d'air suffisent à déclencher rhinite, conjonctivite et des crises d'asthme parfois violentes. La plante appréciant les terrains nus, elle profite des friches, des chantiers pour proliférer et étendre depuis une vingtaine d'années sa répartition. Rhône-Alpes est la région plus touchée en France, avec principalement le sillon rhodanien, Drôme, Ardèche, Rhône, Ain et l'Est de l'Isère.

Ambroisie Carte

Carte d'exposition au pollen d'ambroisie. Source Air Rhône-Alpes

+32 % de cas d'allergies en cinq ans.

« L'an dernier, 3 millions de Rhônalpins ont été exposés aux pollens d'ambroisie. 202 172 ont consulté pour des allergies», précise Marie Agnès Champgier, ingénieur sanitaire à l'Agence régionale de santé (ARS). Le chiffre est sans doute sous-estimé, car il n'intègre pas la totalité des remontées des caisses d'assurance-maladies ni les personnes qui pratiquent l'automédication. L'ARS évalue en fait à 10 % le nombre d'allergiques supplémentaires. Le plus inquiétant est peut-être à venir, car le phénomène est en progression. « On compte 32 % de cas en plus qu'en 2008. C'est préoccupant », ajoute Marie-Agnès Champgier. À moyen terme, l'addition pourrait donc s'alourdir pour la Sécu.

Depuis plusieurs années, les Préfets imposent pourtant par des arrêtés la destruction des plants sur le domaine public comme les terrains privés (à 95 % agricoles). Des comités de pilotage ambroisie existent dans chaque département. On compte également dans les communes 1500 référents "ambroisie". Mais la plante ne régresse pas et dans les actions de lutte, il y a encore de grandes disparités entre les collectivités. « Le cœur du problème reste de mettre en place des politiques visant à réduire l'extension de la plante. Certains élus sont encore insuffisamment sensibilisés à la hauteur des enjeux. Mais désormais ce fait réagir les pouvoirs publics, c'est le coût économique en matière de santé » estime Alain Chabrolle, vice-président au conseil régional, chargé de la santé-environnement.

Une application d'alerte

C'est pour cela qu'Air Rhône-Alpes, la Région, et l'ARS ont développé une plateforme avec un site internet www.signalement-ambroisie.fr et une application smartphone permettant à chacun de signaler des plants d'ambroisie et de les géolocaliser. L'information est ensuite transmise à un référent qui déclenchera l'intervention pour détruire la plante. L'outil numérique permettra aussi d'établir une carte précise des secteurs touchés, ce qui facilitera le travail des équipes d'arrachage et de fauchage.

Ambroisie Appli

Si le coût de l'ambroisie pour la santé est quantifiable, celui sur les budgets des collectivités locales l'est plus difficilement. Le fauchage et l'arrachage passent dans les postes voirie des mairies et des conseils généraux. Néanmoins certains ont des plans très précis de lutte. Viennagglo a choisi de jouer sur une faiblesse de l'ambroisie. L'idée est de réduire les terrains découverts avec la plantation de végétaux assurant une couverture du sol, afin d'éviter aux graines d'ambroisie de germer.

L'ambroisie ne préoccupe par que la France, 23 Etats se sont fédérés dans un congrès international et le 21 juin aura lieu la journée mondiale de lutte contre l'ambroisie. Freiner l'extension de la plante devient essentiel en Rhône-Alpes, pour s'épargner dans le futur, un scénario catastrophe comme en Hongrie ou en Croatie. Dans ces pays, où les moyens de luttes sont réduits, 50 % des habitants sont allergiques.

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