Le leader des ballons éclairants Air Star se diversifie dans les masques

Basé à Champ-près-Froges, près de Grenoble, le leader mondial du ballon éclairant Air Star a réalisé un virage à 180° à l’occasion du confinement. Face au déclin du marché de l’événementiel, qui représentait jusqu’ici l’essentiel de son chiffre d’affaires, la PME iséroise s’est recentrée en urgence vers la production de masques pour répondre notamment aux besoins de la métropole grenobloise. Avec de nouveaux équipements à la clé.
Air Star a dû réorganisation son atelier en vue de monte rune ligne de production de masques en grande série, tout en respectant les consignes sanitaires.
Air Star a dû réorganisation son atelier en vue de monte rune ligne de production de masques en grande série, tout en respectant les consignes sanitaires. (Crédits : DR)

Il se positionne comme le leader mondial du ballon éclairant pour les marchés de l'événementiel, du cinéma, de l'industrie et la sécurité. Fondé en 1994, l'isérois Air Star emploie près de 100 salariés pour 17 millions d'euros de chiffre d'affaires sur son site de Champ-près-Froges (38).

Détenue par des actionnaires français -dont l'identité n'a pas été divulguée-, la société avait créé une division aérospatiale en 2015, qu'elle avait finalement revendu l'an dernier au Groupe CNIM (Constructions Navales et Industrielles de la Méditerranée). Et réalise habituellement près de 80% de son chiffre d'affaires à travers des prestations de services et de vente à l'export.

Mais depuis la crise sanitaire du Covid-19, Air Star a subi de plein fouet la baisse du chiffre d'affaires du secteur de l'événementiel, qui représente 50% de son activité. Même chose dans le domaine des productions liées au cinéma, qui constituaient 10% de ses revenus.

"Nos activités ont été mises à l'arrêt du jour au lendemain dans ces domaines, et ont fortement été ralenties dans les secteurs de l'industrie et la sécurité", témoigne son directeur général, Romain Charbet. Une situation qui a poussé l'entreprise à se réinventer : "À l'origine, nous ne faisons pas de production en grande série, mais nous nous sommes demandés dès le début comment nous pouvions contribuer à cette crise".

La société à l'idée de troquer un temps la fabrication de ses 6000 enveloppes de ballons éclairants réalisés chaque année, pour un nouveau défi : produire près de 200 000 masques grand public, pour le compte de Grenoble Alpes Métropole, qui recherchait désespérément à s'approvisionner en masques, auprès de partenaires locaux. Une cible qu'elle est parvenue à atteindre la semaine dernière, en acheminant ses derniers modèles.

"Nous avions déjà livré 30 000 exemplaires dès la première phase de déconfinement, le 11 mai dernier. Mais contrairement à des acteurs de l'habillement qui avaient l'habitude de produire des milliers d'unités chaque semaine, cette décision nous à contraint à nous réorganiser pour répondre à ce type de commandes", concède Romain Charbet.

Des aménagements pour produire en grande série

Car si les matières textiles pouvaient s'avérer similaires, Air Star a procédé à des aménagements de taille : sortie du dispositif de chômage partiel de ses équipes de production, embauche de 40 intérimaires dont des couturières, réorganisation des horaires de travail sur site, sans oublier la mise en place des protocoles sanitaires en période de crise...

La PME iséroise n'a pas ménagé ses efforts, allant même jusqu'à investir, grâce à ce contrat engagé avec la métropole, dans de nouvelles machines de production (montant : NC), qui seront à l'avenir réutilisables pour d'autres marchés.

"Au final, la production d'un masque était moins complexe que celle d'un ballon éclairant, mais nous n'avions jamais travaillé jusqu'ici en deux huit. Il nous a donc fallu reconfigurer les espaces ainsi que les horaires de travail", rapporte le directeur général. Il souligne également l'engagement de l'ensemble de ses équipes, cadres et non cadres, "dont certains sont même venus travailler bénévolement, week-end compris".

Concernant le sourcing de matières premières, Air Star a finalement conclu un accord avec le fabricant C2Tec (Loire), pour la commande d'un tissu utilisé dans le secteur de la lingerie fine.

"Nous sommes partis du design et des masques certifiés par l'Afnor, avec un premier modèle en 'bec de canard', qui a prouvé son efficacité et son caractère agréable à porter".

Au fil des semaines, la société a même continué à plancher en vue de proposer un second modèle, inspiré de la forme des masques chirurgicaux, sur lequel s'oriente désormais la majorité des demandes actuelles.

"Les premiers modèles avaient pourtant montré leur intérêt, mais le marché les trouve moins esthétiques", nuance Romain Charbet.

Un nouveau marché en pleine structuration

L'isérois, qui songe désormais à ajouter cette corde à son arc, et travaille à la conception de masques de catégorie 2, passant ainsi d'une capacité de 10 lavages à près de 30 à 50 utilisations, toujours sur une cible du grand public.

"À court terme, le marché se structure très vite. Nous souhaitons nous distinguer en proposant un positionnement de haute qualité, avec du Made in France. Seuls nos élastiques sont achetés en Italie, le seul pays qui a été capable de nous fournir du volume".

Pour autant, le dirigeant s'interroge encore sur la place que pourrait prendre ce marché sur la scène hexagonale, à l'instar de pays étrangers, où le port du masque est entré dans les mœurs depuis longtemps.

"Pour l'instant, l'État français n'a pas une politique incitative mais dit seulement que son port est fortement recommandé", résume Romain Charbet.

Un marché en pleine émergence, où Air Star pourrait encore affiner son positionnement, notamment en matière de tarifs et de circuit de distribution. Avec, pour l'heure, un coût de fabrication estimé à 2,30 euros l'unité, hors coûts de distribution.

Romain Charbet espère cependant que ce nouvel axe lui permettra, non pas de rattraper, mais de limiter les pertes de revenus liés aux secteurs de l'événementiel et de la culture, toujours en berne.

"Pour l'instant, le mois de juin s'annonce très calme. Nous ne croyons pas un rattrapage, car la majorité de notre chiffre d'affaires est habituellement réalisé sur des événements estivaux de plus de 5 000 personnes".

Face à une activité qui demeure pour l'instant réduite de moitié, avec de premières commandes fermes prévues à compter du mois d'août, Air Star envisage aussi de réadapter son offre pour se tourner cette année vers des contrats événementiels de plus petite taille.

"Les mesures de chômage partiel nous ont permis de conserver nos salariés et les masques représentent une voie de diversification. Mais de là à atteindre 50% de notre chiffre d'affaires... Il faudra que l'économie reparte", conclut-il.

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