Euronews, une motion de défiance en vue

Le climat social au sein d'Euronews est tendu ces derniers mois entre la direction et les salariés suite au projet stratégique Next élaboré par la chaîne. Si bien qu'une motion de défiance est proposée au vote par des salariés à l'encontre de la direction ce mardi 6 et mercredi 7 décembre, au lendemain d'une grève de salariés.

Mise à jour à 16h47, le 6/12

Une motion de défiance à l'encontre de la direction d'Euronews est portée au vote électronique depuis mardi 6 décembre et jusqu'à mercredi 7 "23h", auprès des "400 journalistes et techniciens". Soit quelques jours avant la fin des négociations du PSE devant survenir, le 14 décembre.

Le vote aurait été souhaité par une "majorité" de salariés (journalistes entre autres) qui, mardi 22 novembre, lors d'une réunion d'information au siège de la chaîne d'information internationale à Lyon, avait voté à main levée pour programmer une date.

Les syndicats (CFDT, SNJ, CGT, CFE-CGC) ne prennent pas part à ce vote. "Il s'agit d'une poignée de personnes qui souhaite le réaliser, indique l'un d'eux. Nous préférons la pédagogie. Envisager un vote nous a permis, il y a quelques semaines, de négocier avec la direction, et nous avons obtenu gain de cause sur certains points. Mais ceux qui veulent le faire absolument sont irresponsables. Il est indécent d'observer que d'aucuns veulent à tout prix la tête de la direction et ne préfèrent pas s'occuper de l'avenir de leurs collègues ukrainiens."

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Grève "historique"

La chaîne prévoit en effet de se séparer de la langue ukrainienne d'ici quelques mois puisque la télévision publique ukrainienne NTU n'a pas renouvelé son contrat (11 millions d'euros). De quoi inquiéter les 17 salariés dont entre "5 et 10" pourraient être licenciés sans reclassement. "Ils (les syndicats) ne font rien du tout pour nous, répond l'un d'eux. Jusqu'à présent il n'y a eu aucune proposition concrète aux journalistes du service ukrainien pour les reclasser dans l'entreprise."

Dans un communiqué envoyé aux salariés vendredi 25 novembre, dans la soirée, la direction assurait "comprendre et même partager la déception liée à la fermeture ou à la réduction nécéssaire de certains services" mais voulait rassurer l'équipe ukrainienne à "s'engager à faire le plus de reclassements possibles avec de nouvelles créations de postes qui devraient permettre au final de ne compter que très peu de départs forcés".

Néanmoins, dans ce climat, une grève "historique" de 13h à 17h, a été organisée lundi 5 décembre, par la rédaction du service ukrainien ainsi que par celle de l'équipe persane, dont les effectifs devraient être aussi impactés puisque la chaîne souhaite basculer l'information exclusivement sur le digital après que son principal financeur, l'Union européenne, ait réduit son budget.

Ils étaient une "cinquantaine" selon la direction à faire ce débrayage, manifestant dans le hall de la chaîne puis à l'extérieur.

euronews

Du côté de la CGT qui dénonce "une petite frange de salariés qui ne veulent plus discuter", le syndicat espère "qu'un maximum de personne va se ressaisir car c'est l'avenir de la société qui est en jeu. Si le deal ne se fait pas avec NBC News, c'est la fin d'Euronews". Et regrette que "les gens ne leur fassent [aux syndicats] plus confiance".

Un plan qui divise

Pour une partie des salariés, cet acte symbolise la rupture de confiance envers la direction qui souhaite appliquer le plan stratégique Next avec comme conséquences, entre autres, un PSE. "Ils n'ont pas toutes les informations notamment sur l'avenir éditorial et ont un sentiment d'injustice cumulé depuis toutes ces années sur la gestion générale de l'entreprise", indique un ex-syndiqué CFDT.

Dans son communiqué, la direction rappelait que "ce plan Next va enfin permettre aux journalistes d'exercer leur métier, libérés des contraintes qu'impose le multiplexe aujourd'hui ; loin de détruire des emplois, le projet Next prévoit au contraire, à terme, plus de postes en CDI qu'il n'en existe aujourd'hui ; les postes qui resteraient vacants seront proposés aux collaborateurs CDD, pigistes et intermittents qui connaissent bien l'entreprise [...]"

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Pour ce vote, seul le syndicat Force ouvrière (FO) soutient le mouvement dans son organisation "logistique" et sur "le plan moral", "mais il s'agit bien d'un vote souhaité par les salariés", précise-t-il. "Si nous ne voulons pas de ce vote, c'est que nous ne sommes pas complètement fous contrairement à eux", justifie un membre des quatre syndicats, reconnaissant tout de même "vouloir l'envisager en janvier après avoir jugé sur pièce".

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Tract

Dans la soirée du 24 novembre, un tract diffusé par FO avançait plusieurs points de reproches :

"Les salariés ont besoin d' exprimer leur colère face à l'extinction du service ukrainien, face à « l'amputation » des services linguistiques perse et arabe, face à des années d'errance éditoriale, face à la baisse d'audiences depuis six ans, face à des années d'austérité financière pour les opérations de la rédaction et pour les salaires des journalistes, techniciens, (bref l'ensemble général des petits « soldats »), face à une stratégie économique défaillante et dangereuse pour la continuité de l'entreprise, face à la succession de projets/actionnaires  « sauveurs » qui n'améliore pas la situation, face à un siège luxueux avec une immensité de salles et couloirs vides, face à une systématique incapacité de communication claire et manque de projection dans l'avenir et face à un sentiment d'insécurité permanent due à la structure économique de l'entreprise et aux annonces contradictoires au gré des réunions."

"Nous ne nions pas qu'il y ait une exaspération des gens. Nous demandons seulement qu'ils nous fassent confiance", annonce l'un des quatre syndicats.

Entre eux et Force ouvrière, la tension est donc réelle mais également avec les salariés. Et le second de poursuivre dans son tract en critiquant : "Ce vote marquera aussi une rupture historique avec la vocation de complaisance de certains organismes syndicaux vis-à-vis de la direction [...]"

>> Lire l'intégralité de notre enquête exclusive : Euronews se déchaîne

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Commentaire 1
à écrit le 25/11/2016 à 10:13
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Motion ou pas, pour de nombreux elements ce sera a moyen terme d'aller chercher du boulot. Apres l'injection de fric de l'egyptien, etant economiquement majoritaire demain il fera ce qu'il aura decide. Fermez le ban.

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