Comment l'ESC Clermont séduit à nouveau les étudiants

À l’aube de son centième anniversaire, qu’il fêtera à l’occasion de toute son année scolaire 2018-2019, le Groupe ESC Clermont renoue, après plusieurs années chaotiques, avec l’attractivité. Et redouble d'ambitions.
(Crédits : Pierre Soissons)

En cette rentrée 2018, les voyants sont au vert pour le groupe ESC Clermont. L'école de commerce centenaire, implantée au cœur de Clermont-Ferrand, accueille près de 1 420 étudiants en formation initiale. Une croissance portée par une montée progressive du nombre d'élèves issus des classes préparatoires (+60 % par rapport à 2017), mais surtout du nombre de candidats reçus en admission parallèle (étudiants déjà titulaires d'un Bac +2/3 ou 4). Un "record" pour l'établissement, qui n'avait pas atteint ce niveau depuis 2012. 

Une date charnière dans l'histoire de l'école, qui avait choisi la stratégie de l'association, en fusionnant avec l'ESCEM, l'ESC Amiens et l'ESC Bretagne Brest pour créer le campus FBS (France Business School). Un échec cuisant dont elle sortit, deux ans plus tard, non sans mal.

"Nous sommes sortis de cette période toxique avec bonheur. Il fallait arrêter les frais rapidement pour sauver notre réputation et relancer notre école. Sans refaire l'histoire, la qualité de notre enseignement n'a pas été remise en cause sur le marché du travail et l'ensemble de nos diplômés n'ont pas souffert", avance Françoise Roudier, directrice générale du Groupe ESC Clermont, qui était à ce moment-là responsable du campus FBS.

Ce pur "produit" de l'ESC Clermont - dont elle est elle-même diplômée en complément d'une licence de psychologie, d'un DEA mercatique et finance et d'un doctorat en sciences de gestion à la Sorbonne s'est vue confier la mission de relancer l'ESC Clermont par le tout nouveau conseil d'administration de l'école, une association loi 1901 avec directoire et conseil de surveillance.

Il est composé de représentants de la chambre de commerce et d'industrie du Puy-de-Dôme, des institutions publiques des diplômés de l'école, des salariés et des personnalités issues du monde de l'entreprise. Car même si la réputation du diplôme n'a pas été remise en cause, "il lui a fallu retrouver la confiance des collaborateurs pour mener à bien son plan stratégique", concède-t-elle.

Ce dernier, passe, notamment, par le recrutement de nouveaux étudiants. Objectif "cible" : 2 000 étudiants à l'horizon 2025.

Consolider les actifs

Premier objectif : retrouver l'ensemble des actifs, des visas et des accréditations, qui classent une école de commerce dans la catégorie "grande école". Ainsi, en 2016, l'ESC est pleinement opérationnel : elle a récupéré son visa pour ses programmes Bachelor et grande école, complété par le Grade Master, et son siège à la Conférence des grandes écoles. Elle a même enrichi son palmarès avec l'accréditation AACSB, un label américain qui récompense la qualité des formations en management - une première, en 2015, pour une école régionale.

"C'était pour nous une vraie marque de confiance et la reconnaissance du bien-fondé de notre stratégie", poursuit la directrice générale.

En 2018, l'école a constitué son dossier d'accréditation AMBA, un label britannique qui souligne l'objectif de professionnalisation de certains programmes, après avoir fait les démarches pour obtenir l'EPAS pour son programme Bachelor en management international. "Il s'agit désormais de consolider nos positions", commente Françoise Roudier.

Mais pour séduire des étudiants, une collection d'accréditations est insuffisant. L'école entend se différencier des majors du secteur en jouant la carte "d'une grande école à taille humaine". Et fait le pari d'un accompagnement plus personnalisé et de son offres de 18 "doubles" diplômes, accessibles à tous les étudiants. 

En complément de ses innovations pédagogiques et d'une recherche renforcée, l'école mise sur l'ouverture sociale par l'accroissement des bourses (multiplication par 3 depuis 2 ans) et la dynamique entrepreneuriale. Un projet soutenu, notamment, par sa Fondation. Lancée en 2016, elle a "levé et sécurisé" 1,2 million d'euros, essentiellement auprès de ses Alumnis (une diaspora de 12 000 diplômés disséminée dans le monde entier) et de grandes entreprises du territoire, comme Michelin et Limagrin.

"Nous n'avons pas la folie des grandeurs, nous n'avons pas les moyens de les avoirrassure la directrice générale. C'est néanmoins un soutien fort qui nous accompagne dans notre plan de redressement".

Extension des locaux

Mais pour accueillir les étudiants dans de bonnes conditions, et exercer une certaine attractivité, il faut plus d'espace et un campus "aux standards du marché offrant une vie étudiante de qualité". Depuis 100 ans, l'ESC est installé sur un site historique datant du 17e siècle. Exiguë, il n'est plus en capacité de répondre à ces fameux standards.

Plusieurs projets ont circulé : délocalisation du campus en périphérie, rénovation, agrandissement de l'existant... un accord a finalement été trouvé avec la Ville de Clermont-Ferrand pour récupérer un bâtiment attenant et monter le projet. Ce "Campus Trudaine 2021(montant global de l'investissement estimé : 20 millions d'euros) devrait accroître la capacité d'accueil de 30 %. Il comprend également la rénovation du campus historique. Pour le moment, seule cette dernière a démarré, la partie construction est encore en étude technique.

"Le déménagement aurait, certes, été plus simple. Mais notre école est un lieu ouvert dans la ville, nous accueillons de nombreuses manifestations tout au long de l'année. Le souhait de tous était que nous restions ce lieu attractif pour la cité", rappelle la directrice générale.

Partenariats tous azimut

Bien décidé à faire de cette attractivité un atout supplémentaire - l'étude d'impact annuel de la business school sur la Métropole Clermont-Vichy-Auvergne, réalisée par la Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises (FNEGE), est évaluée à 69 millions d'euros par an -, l'ESC Clermont cultive son ancrage territorial.

Elle multiplie les partenariats avec les entreprises et les autres institutions locales pour proposer des formations spécifiques, comme la filière Passion Sport qui permet, à des étudiants sportifs de bon et haut Niveau, notamment ceux issus du club de rugby national ASM Clermont Auvergne et tout récemment ceux de Clermont Foot, de suivre un Bachelor. Il sera suivi d'un Mastère spécialisé en 2019.

Membre associé de la toute nouvelle Université de Clermont-Auvergne (UCA) depuis le 1er janvier 2018, l'ESC Clermont "s'inscrit dans une logique de complémentarité pour construire l'avenir du paysage universitaire local", désireuse de profiter des compétences des autres membres pour enrichir son offre de double-diplôme.

Un pied solide dans le territoire qui n'exclut pas un rayonnement plus important, et notamment à l'international, où le groupe compte près de 100 partenaires étrangers.

"Ce qui permet à chaque étudiant de partir jusqu'à 3 fois à l'étranger au cours de ses études s'il le souhaite. Ce n'est pas toujours possible dans les plus grandes écoles même avec beaucoup de partenariats", analyse la directrice générale.

Mais entre le local et l'international, reste à consolider sa place régionale - même si la clermontoise est très difficilement comparable aux champions régionaux que sont l'emlyon business school et Grenoble EM (cette dernière est déjà "partenaire" sur quelques projets).

"Nous n'excluons pas de réaliser, un jour, un rapprochement un peu plus formel avec les uns ou les autres. Il est indéniable que l'union fait la force même si notre expérience douloureuse nous rend prudents vis-à-vis de toute forme de regroupement. Mais nous avons les atouts pour être la grande école de l'ouest de la région", conclut-elle.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.