L'industrie numérique freinée par des difficultés de recrutement

La 3e édition de l'Observatoire de l'industrie numérique en Auvergne-Rhône-Alpes révèle que les entreprises du secteur ont toujours plus de difficultés à recruter. Une pénurie de talents qui se répercute directement sur leur activité.
(Crédits : © John Adkisson / Reuters)

La croissance des entreprises régionales du numérique toujours plus impactée par les difficultés de recrutements. C'est le principal enseignement du 3e Observatoire de l'industrie numérique en Auvergne-Rhône-Alpes, dévoilé par le cabinet EY en partenariat avec Digital League et la Région : 71% des entreprises interrogées déclarent ainsi rencontrer des " difficultés à recruter les bons profils " (contre 60% en 2017), en particulier dans les métiers de la programmation/développement objet et du développement web.

"Cette pénurie de candidats pour les recrutements est très préoccupante car c'est un frein pour nos entreprises. Cela traduit un problème dans la formation des métiers du numérique ", analyse Laurent Fiard, le Pdg du groupe Visiativ.

Car si l'Observatoire note une importante progression de près de 15% des emplois créés sur la période 2013-2017 (8150 emplois créés contre 6000 entre 2011 et 2015), il existerait toujours entre 6000 et 7000 emplois non pourvus dans les entreprises de la Région, alors que l'industrie numérique représente, au total, près de 65 000 emplois.

" C'est une réalité. Chez Esker par exemple, nous avons une trentaine de postes à pourvoir en permanence ", abonde Jean-Michel Bérard, le président de l'éditeur de logiciels de dématérialisation.

Conséquence de cette sur-tension pour attirer les talents, les salaires sont actuellement orientés à la hausse.

"Nous en sommes presque à payer des salaires parisiens à des développeurs", souligne Guillaume Vernat, le directeur général de la PME Coffreo qui emploie une cinquantaine de collaborateurs à Clermont-Ferrand.

La filière cherche à attirer les femmes

Pour palier ce déficit de candidats, la filière cherche à attirer d'avantage de femmes, qui ne représentent que 29% des collaborateurs des entreprises de l'industrie numérique. Et qui occupent, en grande majorité, des postes aux fonctions support (assistant, secrétaire, gestion de paie...) et en communication et marketing.

"L'intégration de femmes est un véritable enjeux pour la filière. Il est important de casser l'image caricaturale du geek qui se nourrit de pizzas dans une pièce sombre. Ce n'est pas la réalité de nos entreprises et il faut sensibiliser les femmes sur le fait que l'industrie numérique peut leur permettre de trouver des postes adaptés à leurs ambitions", poursuit Catherine Bocquet, la dirigeante de SFI Multimedia.

Les entrepreneurs restent optimistes

Outre ce constat sur les difficultés de recrutement, l'Observatoire de l'industrie numérique note une "accélération" de la filière, puisqu'entre 2016 et 2017, les entreprises du numérique ont créé autant d'emplois que les quatre principaux secteurs industriels d'Auvergne-Rhône-Alpes. Avec, sans surprise, une prédominance de la Métropole de Lyon qui concentre plus de la moitié des effectifs de la Région, ainsi que près des 2/3 des emplois créés.

L'étude rapporte également que le territoire pointe à la 20e place des euro-régions en terme d'investissements étrangers dans le numérique. Mais, si le nombre de projets a augmenté sur la période 2013-2017 (43 contre 27 sur 2011-2015), la Région perd tout de même deux places au classement.

Enfin, les entrepreneurs de l'industrie numérique reste optimiste : plus de 80% anticipent une progression de leur activité cette année, et 31% d'entre-eux prévoient même une croissance supérieure à 20%.

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