L'ostracisme dont les personnes LGBT sont victimes dans leur milieu professionnel pourrait-il les pousser à privilégier les collaborations avec d'autres membres de leur communauté, qui partagent un vécu similaire en matière de discrimination ?
Cela dépend des individus. Et où ces derniers fixent-ils la limite éthique de l'acceptable, c'est-à-dire la ligne de démarcation entre ce qui relève de l'entraide légitime mais honnête au regard des histoires souvent douloureuses - homophobie, ravages du sida - et ce qui s'apparente à un soutien communautariste invisible et donc discriminatoire, alors comparable aux "mauvaises pratiques de la mauvaise maçonnerie" ? Il semble qu'une quelconque mainmise d'un supposé "lobby gay" tienne surtout du fantasme, en particulier dans les milieux économiques et d'affaires.
Le business reste le business, et l'argent n'a pas de sexe. "Il pourrait en effet y avoir un 'marché gay', convient Alain Meynier, ébéniste dans la région lyonnaise. Mais je ne vois pas l'intérêt de démarcher uniquement une clientèle en particulier. Moi-même, je n'ai pas un autocollant sur ma voiture pour dire que je suis 'artisan gay' !"
Pas question non plus pour Guillaume Tanhia, ancien manager de l'hôtel 4 étoiles La Tour rose à Lyon, que son identité sexuelle influe sur son recrutement : "Je n'ai jamais choisi les gens avec qui je travaillais parce qu'ils étaient gays. J'ai toujours eu envie de m'entourer d'une diversité la plus grande, à la fois par conviction et parce que cela conditionne la cohésion d'équipe."
L'intention à l'origine de l'association L'Autre cercle n'est d'ailleurs pas la création de débouchés commerciaux, mais bien celle d'un réseau d'entraide, qui fasse œuvre de prévention, rende la cause visible et serve de ressource en cas de "maltraitance" professionnelle.
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