AS Saint-Étienne : Centre de formation, l'avenir en vert

Érigé pendant de nombreuses années comme un modèle, le centre de formation de l'AS Saint-Étienne a perdu au fil du temps de sa superbe, conséquence d'une stratégie d'entreprise axée sur le court terme et les résultats immédiats. Alors que cet aspect est désormais un levier majeur de la compétitivité sportive et économique de tous les clubs français, cette ancienne locomotive verte veut retrouver des couleurs.

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Longtemps classé et reconnu parmi les meilleurs centres de formation français, le centre de l'ASSE se situe aujourd'hui dans le ventre mou (15e place) du classement établi annuellement par la Fédération française de football. Les locomotives de la première division, l'Olympique Lyonnais, l'AS Monaco et le Paris Saint-Germain, le dominent et ont pris une longueur d'avance avec des budgets avoisinant les dix millions d'euros.

Une position inconfortable pour le club stéphanois, conséquence d'une politique de formation réduite à son strict minimum depuis quelques années. De 2010 à 2015, ses dirigeants ont ainsi préféré remettre à flot le club qui sortait d'une période difficile à tous les niveaux. Stéphane Tessier, directeur général et à la manœuvre durant cette période pour conduire la stratégie, confirme que « ma mission prioritaire était d'abord de faire revenir Saint-Étienne sur les rails. Ce fut d'ailleurs au-delà de ce que je pensais faire ». Néanmoins, la formation n'était pas inscrite au programme de ce chantier alors même qu'elle continuait à apporter quelques résultats puisque, entre 2007 et 2013, le club a vendu des joueurs formés en son sein pour une valeur globale de 70 millions d'euros.

Manne financière

En 2010, la stratégie de Stéphane Tessier et de l'entraîneur d'alors, Christophe Galtier, est de privilégier le recrutement de joueurs qui considèrent que « le club est idéal pour leur carrière et qui participent à la reconstruction de l'image de Saint-Étienne et de son territoire », plutôt que les jeunes en formation. Une démarche que regrette Abdel Bouhazama, entraîneur au centre de formation jusqu'en 2013. « Il faut leur laisser une place et ne pas les retenir par défaut pour un match. L'histoire le prouve. Si vous développez la formation, c'est rentable pour le club. La formation doit faire partie intégrante de la stratégie du club. Recruter uniquement des joueurs pour se maintenir est une erreur », souligne l'actuel directeur du centre de formation du club d'Angers.

Recruter plutôt que former, les dirigeants de l'AS Saint-Étienne ont semble-t-il compris désormais le potentiel stratégique - surtout financier - que représente le volet de la formation. « Les clubs qui connaissent des difficultés et n'ont pas les moyens d'acheter des joueurs ou réorientent leur modèle pour mieux se développer ensuite, comme Jean-Michel Aulas a pu l'entreprendre avec son centre de formation, ont d'abord misé sur leurs jeunes. Et ça paye. C'est un socle important pour un club », soutient Abdel Bouhazama qui avait réussi à amener à deux reprises ses équipes en finale de la Coupe Gambardella (compétition des jeunes de 18 ans). « Gage de qualité d'un groupe de jeunes qui apporte une visibilité du club en France et à l'étranger. »

La formation mais pas que

Depuis longtemps, nombreux dans le Forez sont ceux qui prônent cette politique, laquelle prend du temps (entre trois et cinq ans pour former un joueur) mais se révèle bénéfique à la longue.

En pleine évolution et transformation depuis un peu plus d'un an, le modèle du club s'oriente donc vers une politique active de formation. La direction du centre de l'Étrat a ainsi évolué et un ancien Vert, Julien Sablé, a été nommé au poste de directeur et un budget de 6 à 7 millions d'euros débloqués. « Nous étions une 2CV dans une carrosserie de Mercedes, reconnaît Alain Martin, membre du conseil de surveillance. Désormais, nous possédons tous les ingrédients, dont une cellule de recrutement de jeunes talents, pour que nous réussissions dans ce champ. » Cependant, pour l'ancienne gloire stéphanoise Georges Bereta, « le club doit continuer d'acheter quelques bons joueurs chaque année. La formation est importante mais ne fait pas tout ». Dans ces conditions, Saint-Étienne réussira-t-il là où son voisin excelle depuis plusieurs années ? L'Olympique Lyonnais est, en effet, parvenu à vendre des joueurs formés chez lui pour plusieurs dizaines de millions d'euros. Une plus-value qui entre directement dans les caisses du club et lui offre une confortable trésorerie et des moyens pour se développer. De quoi donner des idées.

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