Le plan de match de Colissimo pour assurer les fêtes, avec son nouveau "carroussel" isérois

Confinement et approche des fêtes représentent, sans nul doute, un cocktail gagnant pour Colissimo, la filiale de livraison de colis aux particuliers, signée La Poste. Le groupe, qui s'attend à enregistrer un bond de 35% à 40% de son activité par rapport à l’an dernier pour la période des fêtes, pourra s'appuyer sur sa nouvelle plateforme logistique dernière génération, inaugurée cet automne à la Buissière (Isère).
Fruit d'un investissement de 27 millions d'euros réalisé par la foncière du groupe La Poste, la plateforme nouvelle génération de la Buissière (38), aussi appelée caroussel, permettra de soutenir la montée en volumes attendue durant les fêtes.
Fruit d'un investissement de 27 millions d'euros réalisé par la foncière du groupe La Poste, la plateforme nouvelle génération de la Buissière (38), aussi appelée "caroussel", permettra de soutenir la montée en volumes attendue durant les fêtes. (Crédits : DR)

Il s'était outillé juste avant le "sprint" final. Fruit d'un investissement amorcé dès 2016, la nouvelle plateforme logistique à la Buissière (Isère) du groupe La Poste arrive à point nommé. Elle permet désormais à l'opérateur postal, depuis octobre 2019, de traiter jusqu'à 100.000 colis par jour à travers son nouveau "carroussel" isérois, en direction des départements de l'Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie.

Certifié HQE, ce nouveau bâtiment de 10.000 m2 représente un investissement de 27 millions d'euros, assuré en propre par la foncière de la Poste, dont près de la moitié ont été fléchés vers le bâti, et l'autre vers l'amélioration des processus, marquant l'arrivée de nouveaux systèmes informatiques et de tri automatisés.

Car cette plateforme utilise notamment un logiciel d'intelligence artificielle permettant de reconnaître les colis plus rapidement qu'un humain, fourni par la startup grenobloise ProbaYes, rachetée par le groupe La Poste en 2016. Avec un objectif : monter en volume, pour alimenter un marché du colis en pleine expansion.

Ce nouveau "carroussel" isérois viendra ainsi compléter le maillage régional du groupe La Poste, qui revendique toujours 50% de parts de marché sur le domaine des colis. Même si depuis quelques années, les concurrents directs et indirects, avec notamment l'essor des acteurs des point-relais, le talonnent de près.

Avec ses 22.000 salariés en AuRA et ses trois plateformes de tri régionales (Clermont-Ferrand, Saint-Laurent de la Mure, et désormais la Buissière), La Poste anticipe une fin d'année record. Après avoir atteint, l'an dernier, les 3 millions de colis livrés en une journée, elle se prépare à dépasser, en 2020, le seuil des 4 millions de colis. Un chiffre qui se traduit, à l'échelle régionale, par des pointes allant jusqu'à 850.000 colis par jour au plus fort des pics attendus, contre 450.000 habituellement.

Et c'est bien entendu sans compter les chiffres de son autre filiale Chronopost, spécialiste de la livraison express aux particuliers et aux entreprises, qui devrait quant à elle voir ses volumes colis bondir de 800.000 colis par jour, à plus de 1,3 million au niveau national, sur la même période.

2020, l'année du colis ?

« Les activités Colissimo avaient déjà progressé de 8 % à fin 2019, et depuis avril, nous remarquons une nouvelle amplification de ce phénomène car les usages de nos concitoyens ont changé et se sont dirigés vers de nouvelles habitudes d'achats en ligne », constate Guillaume de Fougeroux, directeur régional des opérations en Auvergne Rhône-Alpes, pour le service de livraison de colis aux particuliers de La Poste, Colissimo.

Il en veut pour preuve une forte digitalisation du segment des petits et moyens commerçants, dont les ventes à distance auraient connu, au cours de cette période, « un bel essor ». Sans pour autant disposer, à date, de chiffres plus précis.

« Dans notre région, cela se traduit, au niveau global, par une croissance très forte de 30 % de volumes supplémentaires sur la période d'avril à octobre, puis de 50 % à compter de la date du second confinement », résume Guillaume de Fougeroux.

Et depuis l'ouverture des commerces dits "non-essentiels", la tendance ne faiblirait pas : « Nous enregistrons encore des rythmes de croissance de 35 à 40 % sur le mois de décembre », justifie-t-il.

Pour expliquer le dynamisme particulier des échanges enregistrés dans la région, Guillaume de Fougeroux rappelle que la région Auvergne Rhône-Alpes, située sur « la dorsale de la logistique française », se trouve en effet au cœur des flux de marchandises provenant du nord de l'Europe, mais aussi d'autres continents, comme l'Asie. « La région offre un cadre de vie attractif, qui fait que beaucoup d'entrepreneurs montent leurs activités ici, et grossissent petit à petit, en émettant des colis depuis notre territoire ».

Si parmi les premiers éléments analysés, le patron régional de Colissimo affirme que des épisodes comme le Black Friday auront bien entendu contribué à faire basculer les consommateurs vers les achats en ligne, il rappelle que « depuis deux à trois ans, l'activité du e-commerce devient mieux répartie sur l'ensemble de l'année, grâce à des campagnes de promotions plus régulières ».

S'organiser pour monter en volume

Une tendance qui se traduirait finalement, au sein des activités du groupe La Poste, par une réduction des phénomènes des « pointes et de creux », qui ont tendance à se transformer par une montée en volumes sur de plus larges périodes. Même si les fêtes de fin d'année représentent nécessairement un grand rendez-vous particulièrement attendu, à la suite du reconfinement de la fin octobre : c'est pourquoi le groupe s'est organisé pour y faire face, avec l'annonce de 9.000 emplois saisonniers recrutés au niveau national sur cette fin d'année, dont près de 1.280 en Auvergne Rhône-Alpes.

« Nous avons recruté, rien que sur nos trois plateformes Colissimo de la région, l'équivalent de 400 personnes supplémentaires en prévision des fêtes », détaille Guillaume de Fougeroux.

Le groupe a également revu ses procédés en interne, en développant par exemple de nouveaux types de chargements dits « en vrac », alors que ses chariots à roulettes traditionnels (en métal), ne lui permettaient jusqu'ici de prendre en charge « que » 1.500 à 2.000 colis par transport.

« Grâce à nos plateformes de nouvelle génération comme La Buissière, nous avons développé un mode de containers où nous chargeons des colis au sein de caisses mobiles, qui seront ensuite placées les uns sur les autres en mode Tretris, sans containers ».

Résultat ? Ce nouveau mode de chargement permettrait d'accueillir désormais 4.000 à 5.000 colis au sein d'un même volume. « Et donc, en bout de ligne, de mettre aussi sur les routes moins de camions », résume le patron régional de Colissimo.

Imaginer la logistique de demain

Car la question de l'empreinte écologique des services de livraison, en cette période de grande consommation, demeurent un sujet majeur, que le groupe tente d'adresser par différents leviers.

« Nous regardons tout type de transports, du fluvial au drone pour les espaces de montagne, en passant par les vélos cargo pour les milieux urbains. Nous disposons d'ailleurs de la première flotte de véhicules électriques en Europe, avec près de 37.000 véhicules équipés », souligne Guillaume de Fougeroux.

Pour autant, il concède que les enjeux restent forts : « Nous considérons qu'il nous faut désormais sortir de l'avion dans le cadre de nos engagements RSE, et recherchons par exemple à développer le transport maritime vers la Corse. Mais notre façon de saisir ce sujet, c'est d'abord d'optimiser nos chargements afin d'amener plus de colis dans un même camion, et de travailler les enjeux du dernier kilomètre avec des véhicules électriques », précise-t-il.

Face à l'instauration de ZFE à l'échelle des grandes métropoles comme Lyon et Grenoble, le patron de la branche Colissimo sait déjà que l'enjeu de la logistique urbaine deviendra à la fois « un critère et une barrière » à l'entrée des villes à l'avenir.

Le groupe a notamment lancé, à différentes échelles, des actions visant à booster les mobilités vertes : déploiement de 37 nouveaux véhicules électriques et de 22 véhicules GNV à Lyon et Villeurbanne via sa filiale Chronopost, tests de livraison par drone à l'attention d'une commune de montagne située dans la banlieue grenobloise (Isère) avec sa filiale DPD, ou encore d'un vélo cargo triporteur pour desservir l'hypercentre de Lyon... La région Auvergne Rhône-Alpes avait également accueilli la première implantation d'Urby, filiale du groupe La Poste dédiée à la logistique urbaine, qui se déploie désormais dans 16 villes en France.

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