France Relance : le producteur d'aluminium Trimet verdit ses fumées en attendant la reprise

Série Relance, épisode 2. Le producteur d’aluminium Trimet France, basé dans la vallée de la Maurienne (Savoie) a connu un véritable choc, à la suite du premier confinement. Il a cependant bénéficié d'une enveloppe de 800.000 euros pour son projet de modernisation de la filtration des gaz de procédés, visant de meilleures performances dans le traitement des fumées. Et ce, en attendant une reprise plus durable de la filière aluminium, stratégique pour les secteurs des énergies renouvelables ou de l'automobile.
Contraint de réduire d'abord ses investissements de moitié en 2020, le mauriennais Trimet s'est finalement vu décerner une aide de 800.000 euros pour son projet de modernisation de la filtration des gaz de procédés (2 millions au total), visant à assurer de meilleures performances pour le traitement de ses fumées.
Contraint de réduire d'abord ses investissements de moitié en 2020, le mauriennais Trimet s'est finalement vu décerner une aide de 800.000 euros pour son projet de modernisation de la filtration des gaz de procédés (2 millions au total), visant à assurer de meilleures performances pour le traitement de ses fumées. (Crédits : Laurent Cerino/Acteurs de l'économie)

L'usine Trimet de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) est l'un des deux seuls sites de production d'aluminium primaire en France. La filière française s'est considérablement amoindrie depuis 25 ans face à la concurrence étrangère, notamment chinoise, constate Loïc Maenner, le directeur général de Trimet France.

Tout comme le site de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), le site savoyard était lui-même menacé au début des années 2010, quand son propriétaire d'alors, RioTintoAlcan, avait arrêté tout investissement sur le site.

Le ministre de l'Économie et des Finances de l'époque, un certain Emmanuel Macron, était venu saluer la sauvegarde de l'usine en 2014, repris à 65% par Trimet et à 35% par EDF.

Le choc du confinement

Depuis, Trimet avait relancé l'activité de l'usine, utilisant ses pleines capacités, alors qu'elle tournait à 70% avant cette reprise. En six ans, le groupe allemand a investi plus de 200 millions d'euros sur le site. L'entreprise a élargi ses débouchés, autrefois cantonnés dans la production de fil en aluminium pour l'industrie du câble. « Nous avons ajouté une ligne de fabrication de lingots destinés aux fonderies automobiles », précise Loïc Maenner.

Parallèlement, l'usine a embauché 150 collaborateurs, dont 130 créations de postes, faisant passer ses effectifs à 600 employés. L'entreprise a même créé son propre centre de formation en alternance pour les métiers de production. « Plus de 100 personnes y sont passées, dont 90% ont été embauchées par l'usine », pointe le directeur général.

Mais la pandémie de la Covid-19 a à nouveau sapé son activité. Le confinement et la crise économique ont fait baisser le prix de l'aluminium de 20% en quelques semaines. Et la demande des clients a chuté de 25%, notamment de la part de la clientèle de l'industrie du câble et du secteur automobile.

Déjà au cours des deux années précédentes, le producteur d'aluminium avait dû faire face aux conséquences des menaces de sanctions américaines contre la firme russe Rusal, un de ses principaux fournisseurs d'alumine, sa matière première. Durant 18 mois, cette épée de Damoclès a fait flamber les cours de l'alumine en Europe.

Et alors que la pandémie confinait le pays, l'usine de Saint-Jean-de-Maurienne était contrainte de conserver un minimum d'activité, la production d'aluminium ne supportant pas la mise à l'arrêt.

« Sinon, cela coûterait des dizaines, voire des centaines de millions d'euros pour les redémarrer, explique Loïc Maenner. En collaboration avec les partenaires sociaux, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour maintenir l'usine en fonctionnement. »

 Depuis, les contrats trimestriels et annuels des clients ont laissé la place à des prévisions de commandes au mois le mois.

Investissements réduits de moitié

Le choc a été brutal pour Trimet, qui investit en moyenne 30 millions d'euros chaque année sur le site.

« Nous sommes devenus prudents sur la gestion de trésorerie et sur les investissements », détaille le directeur général de Trimet France. L'entreprise réduit ses investissements de moitié : elle aura limité ses investissements à une quinzaine de millions d'euros en 2020. Plusieurs investissements prévus seront ainsi reportés.

Cependant, l'entreprise répond à l'appel à projets du plan de relance portant sur « le soutien à l'investissement dans des secteurs stratégiques pour la résilience de notre économie ». Elle se voit attribuer une subvention de 800.000 euros pour son projet de deux millions d'euros portant sur la modernisation de la filtration des gaz de procédés.

L'investissement permettra une meilleure performance du traitement des fumées, avec une qualité de filtration plus stable, et une moindre consommation d'énergie.

« Sans cette subvention, nous aurions reporté ce projet, qui représente plus de 10% de nos investissements annuels », pointe Loïc Maenner. La modernisation de la filtration des gaz sera mise en place d'ici 2022, conformément au calendrier initial d'investissements.

Stratégique pour la transition énergétique

« L'Europe et la France ont pris conscience que notre filière est stratégique », analyse Loïc Maenner. Le fil en aluminium est utilisé notamment pour l'interconnexion des différentes énergies renouvelables, par exemple pour câbler les éoliennes offshore avec les équipements situés sur la terre ferme, fait-il remarquer. Et les lingots d'aluminium sont utilisés dans la fabrication de véhicules plus légers, contribuant à de moindres émissions de carbone, ajoute-t-il.

« La France importe déjà la moitié de son aluminium primaire: nous ne sommes pas autosuffisants, et l'Europe non plus, souligne Loïc Maenner. Mais nous avons des forces, car notre empreinte carbone est bien plus limitée que celle de nos concurrents chinois. »

Une tonne d'aluminium produite en France émet 2,5 tonnes de carbone, quand les émissions s'élèvent à 15 tonnes en Chine.

Mais d'ores et déjà, l'entreprise a le regard pointé vers 2024, année d'échéance de son contrat décennal d'approvisionnement d'électricité avec son actionnaire EDF. Le poids de l'énergie dans le coût de production de l'aluminium est déterminant du point de vue de la compétitivité. « C'est cette visibilité sur nos conditions d'approvisionnement électrique qui permet d'investir et d'embaucher », souligne Loïc Maenner.

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