"Lyon a toute sa légitimité en tant que première région industrielle de France", Sébastien Gillet (Salon Global Industrie)

Une industrie innovante, durable et moins pénible pour les salariés, voici le credo de Global Industrie. Le salon international, qui s'ouvre aujourd'hui à Eurexpo Lyon, s'apprête à recevoir 45 000 visiteurs, dont 6 à 8 000 jeunes. Sébastien Gillet, directeur de l'événement, dont La Tribune est partenaire, livre à cette occasion son regard sur l'industrie d'aujourd'hui et celle surtout de demain.
(Crédits : MATTHIAS RIETSCHEL)

Après une première édition à Paris en 2018, pourquoi déplacer le salon à Lyon en 2019 ?

En 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, souhaitait recréer une grand-messe de l'Industrie en France. Le Midest, le Smart Industrie, le Tolexpo et le salon de l'Industrie, organisés par GL Events, ont alors été regroupés sous une seule bannière. Comme le salon de l'Industrie se déroulait en alternance entre Paris et Lyon, nous avons conservé le concept pour le Global Industrie. Paris aura toujours une connotation plus internationale. Mais Lyon a toute sa légitimité en tant que première région industrielle de France. Il y a ici un terreau fertile et cette seconde édition est la confirmation de la réussite de la première. Poursuivre cette alternance va permettre d'amener des secteurs qui manquent aujourd'hui en misant sur l'attractivité de Paris, pour les fidéliser et qu'il y ait encore plus d'exposants dans deux ans à Lyon.

Quelle est la différence entre Global Industrie et d'autres salons spécialisés ?

Global Industrie, c'est le pendant du Salon de l'agriculture mais pour l'industrie. Par sa taille, il possède une force de frappe plus importante. Aujourd'hui, un visiteur ou un professionnel sait qu'il va trouver l'ensemble des informations recherchées sur un seul événement. On accueille aussi les Etats Généraux de la robotique ou encore le French Fab Tour. Autant d'événements qui doivent permettre d'accompagner les TPE et PME dans cette démarche de modernisation, de montrer qu'il y a un cap à franchir pour aller vers l'industrie du futur.

Global Industrie accueille l'Usine Connectée. Qu'apporte cette animation phare à l'événement ?

Il faut créer des animations pour être porteur. Sur 1 100 m2, on recrée une usine 4.0, une chaîne de fabrication, avec 80 sociétés participantes. C'est moteur, novateur, fédérateur pour l'industrie. Autour de la conception d'une médaille personnalisée, on montre l'amélioration des métiers dans l'industrie, les innovations, la digitalisation, les savoir-faire. Montrer les métiers de cette façon là est plus parlante pour les jeunes qu'une plaquette. L'année dernière, certains nous ont dit "on ne savait pas que c'était comme ça l'industrie". Il faut accompagner ce virage, accompagner les jeunes...

Salons, FrenchFab, recrutement... On note beaucoup d'initiatives pour l'industrie en ce moment !

Il y a un engouement autour de l'industrie car c'est un secteur qui prend un virage, qui prépare aux métiers de demain où l'on trouve des professionnels passionnés. Actuellement, il y a un alignement des planètes que l'on n'aurait pas pu imaginer il y a quelques années. Si on montre des innovations sur le salon, cela veut aussi dire que l'on en trouve dans les entreprises. On a le contenu et la taille pour que ce salon soit un outil qui permette de moderniser l'entreprise, tout en passant du temps auprès des jeunes.

Comment se porte l'industrie aujourd'hui ?

 Après trois décennies compliquées, l'industrie représente 10 à 12% du PIB de la France. C'est assez représentatif. Il s'agit d'une filière porteuse, qui fabrique mieux et où l'on trouve de l'emploi sur des métiers en tension. En 2019, 200 000 embauches sont prévues. L'industrie d'aujourd'hui recrute, forme ses salariés et paie mieux que d'autres secteurs. Certes, la robotique s'est développée, mais les robots seront complémentaires des salariés, qui devront être formés à de nouvelles tâches. Les métiers d'aujourd'hui sont plus sexy pour la nouvelle génération qu'ils ne l'étaient avec Zola ! Aujourd'hui, la réalité virtuelle, la conception 3D sont entrées dans l'industrie. Aujourd'hui, l'aéronautique fonctionne bien, avec des carnets de commandes plein. Le médical aussi dans la fabrication du matériel de prothèse par exemple. L'automobile revit depuis quelques années. L'agroalimentaire est une valeur forte en France et reconnue dans le monde. La chimie, le bâtiment... Notre industrie doit prendre le virage de la modernisation : la venue de trois ministres sur le salon (Bruno Le Maire, Jacqueline Gourault et Agnès Pannier-Runacher, NDRL) montre qu'il y a une prise de conscience.

Comment définiriez-vous l'industrie du futur ?

Elle sera plus digitale, plus en accompagnement des Hommes, plus en phase avec un monde durable tout en travaillant sur une meilleure productivité. Par exemple, on peut concevoir des lignes de production virtuelles pour préparer toutes les étapes de conception d'un produit. C'est un outil pour limiter les pertes, pour produire de façon performante immédiatement et donc pour mieux fabriquer. L'industrie du futur sera aussi un travail avec moins de pénibilité et qui formera mieux les salariés. L'Allemagne et l'Italie sont déjà dans cette démarche et l'on commence à prendre un peu de retard sur eux. Mais on doit aussi passer du temps à moderniser les esprits sur ces questions, au-delà des machines.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 10/03/2019 à 11:16
Signaler
l industrie du futur sera orientée pour partie vers une standardisation mondiale des pièces détachées des machines pour faire des économies d échelle. Par contre l'intelligence artificielle de chaque machine restera captive pendant plusieurs décenn...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.