Ulis / Sofradir : une réorganisation pour de nouvelles ambitions d’ETI

Depuis quelques mois, les sociétés Sofradir et Ulis se sont encore rapprochées. Car si sur le papier, Sofradir demeure légalement la maison-mère d’Ulis, la réorganisation amorcée courant 2018 par les deux entités pourrait bien conduire le duo vers de nouveaux horizons.

"Ulis et Sofradir vont changer de dimension", indique en préambule le président d'Ulis, Jean-François Delepau. Ce dernier a également récupéré courant 2018 les rênes de la maison-mère Sofradir, quelques mois après le départ de son pdg Philippe Bensussan, "qui a souhaité répondre à de nouveaux challenges" professionnels.

Alors qu'Ulis annonçait depuis ces dernières années des perspectives de croissance régulières et soutenues (+20%), le fabricant de capteurs infrarouge (210 salariés), né en 2002, s'est donc finalement rapproché de son voisin Sofradir (750 salariés), déjà présent sur le même site de Veurey-Voroize, dans la banlieue de Grenoble, depuis sa création en 1986.

Un groupe qui pèse désormais 220 millions d'euros de chiffre d'affaires, pour près de 960 employés. Mais sur le terrain uniquement, car sur le papier, Ulis et Sofradir demeurent encore deux entités distinctes.

"La structure juridique ainsi que l'actionnariat ne changent pas : Sofradir reste détenue à 50% par Thalès et Safran, tandis que Sofradir possède toujours 100% des parts d'Ulis", explique le président.

Après avoir "hérité" des deux entités en mars dernier, la première chose que Jean-François Delepau a souhaité faire a été de mettre en place une nouvelle organisation, avec notamment, 12 directions communes (technique, projets, industrielle, marketing, etc) entre Sofradir et Ulis.

Si Ulis n'avait rien à envier à sa voisine, elle fait désormais son entrée dans la cour des grands en raison de ce rapprochement organisationnel, qui la propulse au stade d'ETI. Avec un objectif : harmoniser les procédés et capitaliser sur les forces communes des deux sociétés.

"Nous sommes en train de transférer les meilleures pratiques d'une société à l'autre et de bâtir un référentiel de produits uniques afin d'appliquer des méthodes de développement communes", illustre le président directeur général.

Afficher une feuille de route globale

Un rapprochement qui vise donc à assurer de meilleures synergies, mais aussi à gagner en agilité.

"Cela va nous permettre de mieux répondre à nos besoins en termes de production, en utilisant les capacités qui pouvaient jusqu'ici être en sous-charge lorsqu'on en a besoin dans d'autres départements", assure Jean-François Delepau.

Même chose du côté des effectifs, où cette réorganisation aura permis au groupe de "renforcer ses expertises au niveau des directions industrielles", tout en "limitant à court terme ses besoins en matière de recrutement", en fusionnant des équipes.

Du côté des produits, ces nouvelles pratiques devraient permettre à Sofradir-Ulis de couvrir un plus large spectre de produits, tout en minimisant les redondances.

"Un même client pouvait en effet avoir jusqu'ici des besoins qui relèvent à la fois des deux sociétés. Tout l'enjeu sera donc de bien positionner notre feuille de route globale pour mieux le servir".

Pour cela, le dirigeant a mis en place tout un processus de réorganisation en interne, qui a conduit à l'émergence de 12 divisions stratégiques partagées entre les deux entités. "Durant deux mois, j'ai rencontré les salariés en petits groupes afin d'avoir une vision commune, avec la volonté que chaque direction soit à l'état de l'art dans son métier", résume-t-il. Présentée aux instances du personnel fin septembre, la nouvelle organisation a ensuite été officiellement déployée à compter de novembre dernier.

Une nouvelle ETI est née

Bien que la culture des deux sociétés (qui produisent toutes deux des capteurs d'images thermiques et détecteurs infrarouge pour des applications commerciales et militaires) puisse déjà sembler proche, la nouvelle ETI formée de facto regroupe bien deux positionnements différents, pouvant s'avérer complémentaire.

"Ulis possède une culture industrielle plus forte, orientée vers une production en volume, tandis que Sofradir est davantage axée sur l'expertise technologique", note Jean-François Delepau.

Le groupe continue pour l'instant à utiliser sa double identité auprès de ses clients : Sofradir-Ulis. Mais pour combien de temps ? Alors qu'une fusion pure et simple ne semble pas encore d'actualité d'après son unique pdg, l'objectif semble pourtant de tendre vers un ensemble de pratiques unifiées.

Arrivées à une taille d'ETI, qui lui confère un atout sur ce marché mondialisé, les deux sociétés souhaitent désormais en profiter pour couvrir de nouveaux horizons.

"Nous voulons toujours miser sur les segments de la haute performance, du sur-mesure et du coût, pour adresser de nouveaux marchés comme les véhicules autonomes et les bâtiments connectés. Ces deux marchés sont à la base plutôt adressés à Ulis, mais il existe encore des axes de développements forts, notamment en vue d'améliorer le coût et la qualité des produits", explique Jean-François Delepau.

Un objectif ambitieux est d'ores et déjà fixé, avec une augmentation du chiffre d'affaires de 60 % à l'horizon 2020.

"Nous avons déjà des technologies utilisables pour ces deux nouveaux marchés en développement que sont l'automobile et le bâtiment connecté. Mais nous continuer à travailler pour améliorer nos coûts", précise-t-il.

Car autour du groupe, la concurrence est encore forte, notamment sur la scène asiatique, avec des acteurs provenant notamment de Chine et de Corée.

"Pour garder notre avantage, nous souhaitons donc encore améliorer la qualité de nos produits et innover, en continuant de renforcer nos investissements en R&D, qui représentent déjà 15 % de notre chiffre d'affaires", contextualise Jean-François Delepau.

La société est également l'un des partenaires à ce titre du plan Nano 2022, en passe d'être officialisé par l'Etat français pour soutenir la R&D, et, à compter de cette année l'industrialisation, au sein de la microélectronique.

"Pour nous, ce programme est fondamental car il concernera trois projets du groupe, qui représenteront au total près de 150 millions d'euros de dépenses pour le développement de la R&D et de nouvelles lignes pilotes", souligne Jean-François Delepau.

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