Thierry de La Tour d'Artaise, PDG du groupe SEB, en polyglotte averti, avait de bonnes raisons d'apprendre, en accéléré, la langue de Goethe. Le champion mondial du petit équipement de la maison, vient de signer un accord en vue d'acheter WMF qui pèse 1,06 milliard de recettes (versus 2015).
Un bond en avant
Avec cette acquisition historique, auprès du fonds américain KKB, il s'arroge la place de numéro un dans les ustensiles de cuisson outre-Rhin qui devient son troisième débouché géographique après la Chine et la France. De plus, il met la main sur le leader mondial incontesté des machines à café professionnelles avec plus de 200 000 unités installées dans le monde.
"C'est un grand bond en avant. Nous sommes très confiants dans notre capacité à intégrer cette société. Ce n'est pas notre première acquisition. Nous avons l'expérience de la gestion de marques. Et WMF est une marque iconique outre-Rhin", s'est félicité Thierry de la Tour d'Artaise lors d'une conférence téléphonique ce mardi.
L'opération, qui devrait être finalisée dans le courant du deuxième semestre après avoir été soumise aux autorités compétentes, intervient une semaine après l'annonce, de la reprise d'un autre allemand, EMSA (95 millions d'euros dans les accessoires de cuisine).
Les machines à café
En s'offrant WMF basé à Geislingen, le groupe lyonnais récupère 590 millions d'euros de revenus additionnels dans son métier du petit équipement domestique. En particulier, il se renforce sur le segment haut de gamme des articles de cuisson (casseroles etc) qui en Allemagne sont en inox.
Quant aux machines de café, "elles nous font entrer dans le segment professionnel le plus attractif", a assuré Bertrand Neuschwander, directeur général délégué.
De ce marché estimé à 1,5 milliard d'euros à l'échelle planétaire et en croissance annuelle de 8 %, WMF détient 28 % des parts. Il y effectue 395 millions d'euros de chiffre d'affaires (2015) : 65 % dans la vente des machines - avec une gamme de prix allant de 3000 euros à plus de 10.000 euros - et 35 % dans le service après-vente.
Des synergies à hauteur de 40 millions
WMF emploie 5 700 collaborateurs et compte huit usines : 4 Allemagne (3800 salariés), 1 en Suisse, une en République Tchèque, une en Chine et une Inde (en association avec un partenaire local). Thierry de La Tour d'Artaise ne voit pas de raison de revoir le périmètre industriel, à ce stade.
"Sur le principe, nous ne prenons jamais d'engagement", a t-il rappelé.
WMF fabrique en interne 100 % de ses machines à café et 40 % des produits à usage domestique. Des synergies (coût et achats) sont envisagées à hauteur de 40 millions d'euros à échéance 2020.
Financement par la dette
Selon les termes du protocole qui ont été dévoilés, la transaction s'élève à 1,585 milliard d'euros : au prix d'achat fixé à 1,020 milliard s'ajoutent 565 millions de reprise de dettes. Par ailleurs, l'acquéreur reprend les engagements retraites et pré-retraite évalués à 125 millions d'euros. L'opération est entièrement financée par le recours à l'emprunt.
"Un bridge loan (crédit relais) est assuré par quatre de nos banques, Crédit Agricole, Société Générale, BNP et HSBC", a précisé Vincent Léonard, dg adjoint en charge des finances. Il sera procédé ensuite à "un refinancement sur les marchés financiers ou auprès des établissements bancaires du groupe", a t-il ajouté.
Le ratio dettes/sur Ebitda grimpera à 3 avant de redescendre à 2 à fin 2018. En Bourse, le titre était euphorique ce mardi.
Quelques chiffres supplémentaires
WMF a été fondée en 1853 quatre années avant SEB
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