Renault Trucks : les salariés demandent l'aide de l'Etat

Le dossier Renault Trucks s'est accéléré ce mardi. Entre la forte mobilisation qui a réuni 800 à 1 000 salariés à Lyon, la réception des syndicats par le préfet Michel Delpuech et la rencontre à Paris entre le ministre de l'Economie et les actionnaires Volvo, les prochaines négociations s'annoncent âpres. Environ 500 postes sont toujours menacés sur les sites de Saint-Priest et Vénissieux.

"On se bat pour nous, mais surtout pour nos enfants. Quel avenir auront-ils si toutes nos usines ferment, sacrifiées sur l'hôtel du capital ?" Masque de super-héros vissé sur la tête, Sandrine Hachin, employée au service comptabilité fait partie des 497 salariés de Renault Trucks menacés par le nouveau plan social annoncé en avril par Volvo, l'actionnaire majoritaire du constructeur de camions. C'est le deuxième PSE en un an. Comme elle, entre 800 et 1 000 cols blancs, ont défilé ce mardi matin entre la Guillotière (Lyon 7ème), et la préfecture du Rhône. Une dizaine de représentants syndicaux ont ensuite été reçus par le préfet Michel Delpuech, alors que le cortège coloré restait sur place. Mais pour la majorité des salariés, l'espoir n'est plus tellement dans la possibilité d'annuler cette nouvelle restructuration, mais bien de savoir quels sont les plans concrets du groupe suédois en France.

"Volvo voyou"

"Ce qu'on demande, c'est de la visibilité concernant l'avenir, explique Frédéric Vaireaux, ingénieur d'étude au sein de l'entreprise. Enchainer les plans sociaux sans comprendre pourquoi, alors que l'activité est rentable, ça mine la confiance et le mental", poursuit-il, les yeux touchés. Son analyse fait écho aux nombreuses banderoles présentes lors de la marche. Celles-ci fustigent les "licenciements boursiers" : "Volvo voyou", "Actionnaires toxiques", "Cevian voleurs" (fonds d'investissement, deuxième actionnaire du groupe, NDLR).

Renault Trucks

Les différents plans sociaux menés par le groupe suédois, en France (un autre est en cours à Belley dans l'Ain menaçant 34 postes) et en Europe, s'inscrivent dans une profonde réorientation stratégique de l'entreprise. Le but est de centraliser les décisions à Göteborg, puis celles-ci seront mises en œuvre dans sept zones géographiques mondiales. Il s'agit également de réduire les postes administratifs localisés dans des pays où le prix de la main d'œuvre est plus élevé, ce qui est le cas sur les sites de Saint-Priest et Vénissieux.

L'efficacité du PSE en question

"Notre travail de comptable est transféré en Pologne et en Inde", souligne une salariée de Renault Trucks en poste depuis 35 ans. "Et jusqu'à ce que tous les effectifs français dans ce domaine disparaissent, nous devons travailler avec eux. Mais nous ne parlons pas la même langue. Alors nous utilisons Google translate", se désole-t-elle.

Selon les salariés, ce plan social impacte profondément l'efficience du travail des différents services. "Toute la chaîne de production est mise en difficulté. On supprime des postes essentiels, ce qui va entrainer une surcharge de travail. Nous allons travailler plus vite, sans aller au fond des réparations, ce qui peut engendrer de nouvelles complications techniques", poursuit un salarié intérimaire désirant garder l'anonymat.

C'est justement sur l'efficacité des postes supprimés que les syndicats espèrent réduire la casse sociale. " Les actionnaires nous ont toujours signifié leur principe de réalité. C'est le moment de le prouver", avance en tête de cortège Eric Freyburger, secrétaire du CCE et CFE-CGC. Il espère pouvoir négocier "poste par poste avec l'objectif de sauver entre 30 à 50 emplois".

Vers une mobilisation des pouvoirs publics

L'intersyndical espère obtenir le soutien des pouvoirs publics. Lors de leur rencontre du jour avec le préfet, selon les syndicats, Michel Delpuech aurait "entendu les risques qu'encourt la filière industrielle française avec ce nouveau plan social, ajoutant que la France souhaite connaitre clairement les aspirations de Volvo sur notre territoire". L'engagement de la Direccte serait également de mise.

A l'échelon supérieur, se déroulait également ce jour, à Paris, une rencontre entre le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, Gérard Collomb (sénateur-maire de Lyon), le Pdg par intérim de Volvo, Jan Gurander et le directeur France de Renault Trucks, Bruno Blin. Cependant, le groupe étant à 100 % étranger, la marche de manœuvre du gouvernement semble réduite. Malgré tout, M. Macron a affirmé son soutien au personnel :

"Nous sommes au côté des salariés et la copie qui a été présentée sera améliorée [...] Nous demandons également de prendre des engagements clairs avec les nouveaux dirigeants et l'Etat français ainsi que les collectivités pour s'engager à ce que les centres de recherche et développement, les centres de production qui sont en particulier dans la région lyonnaise puissent faire l'objet de réinvestissements et d'engagements fermes

Ainsi, les syndicats envisagent un appui différent de la part du gouvernement. Ils proposent que "l'État investisse 150 millions d'euros en capital afin d'améliorer la compétitivité du medium duty, le camion de distribution. Cet investissement assurerait la longévité du bureau d'études lyonnais", dévoile Eric Freyburger.

"Bloquer la comptabilité"

Contacté ce mardi sur cette proposition, le cabinet d'Emmanuel Macron n'a pas encore répondu à nos sollicitations. De son côté, la direction du groupe suédois était injoignable. Seul son service de communication était disponible, nous réaffirmant "l'engagement du groupe en France" et rappelant les "600 millions d'euros d'investissements industriels injectés ces cinq dernières années dans Renault Trucks SA", selon le porte-parole M. Lancelot.

Une prochaine réunion est prévue à Lyon mercredi entre les salariés, les syndicats et la direction France de Renault Trucks, dans le cadre du processus de négociation. Quelles que soient les avancées des pourparlers, les salariés souhaitent maintenir voire amplifier la pression. "Nous sommes prêts à mobiliser les ouvriers ou à bloquer la comptabilité", menace l'une des salariées.

Volvo

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Commentaires 2
à écrit le 17/06/2015 à 14:24
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Le préfet : Michel Delpuech ...il va faire quoi : jouer de la flûte , nous faire un Pipo ... En quoi un préfet a t'il vocation à s'immiscer dans la vie d'une entreprise ....

à écrit le 17/06/2015 à 12:56
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J étais dans le groupe quand Volvo est arrive je peux vous dire que Volvo a un plan de 3000 licenciement sur 3 ans en France . Consolateur acteur messieurs les transporteur n acheter plus de Volvo et dite le à vos vendeur locaux seule moins de faire ...

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