Porcher Industries  : le personnel consulté avant la signature avec Warwick

L'interminable processus de négociations  en vue de la vente de Porcher Industries à  Warwick se termine. Début janvier, les deux parties se sont mises d'accord sur un protocole actuellement soumis pour information, et avant signature, aux représentants du groupe de 1 800 salariés, dont les deux holdings familiaux de contrôle ont fait l'objet d'un jugement de dissolution, en 2012.

Un protocole d'accord a été trouvé, selon nos sources, en vue de la cession de Porcher Industries au fonds londonien Warwick Capital Partners, début janvier à Badinières (Isère), siège du fabricant de textiles techniques et de composites. Toutefois, avant la signature de ce compromis engageant les parties, les délégués du personnel sont actuellement informés de ce projet pour respecter une des obligations de la loi sur l'Economie sociale et solidaire (encore appelée loi Hamon), du 31 juillet 2014. Selon nos informations, les discussions achoppaient, dans la dernière ligne droite, sur le délai demandé par les avocats avant le transfert effectif des actions et donc le changement de propriétaire  : « quatre mois, au plus tôt et  huit à douze mois, au plus tard », confiait  Bruno Sapin, mandataire judiciaire à Acteurs de l'économie, il y a plusieurs semaines.

Multitude de recours

Depuis le départ, Philippe Porcher, un des actionnaires, multiplie les recours pour faire échouer la cession car il s'y est opposé dès la première heure. Jusqu'à présent il a été toujours débouté, in fine. Dans la même logique, il est fort à parier que, dans une ultime offensive, il fasse appel des ordonnances que rendront le tribunal de commerce de Vienne et le TGI de Bourgoin-Jallieu, tous deux en Isère,. Ces juridictions devraient, sans réserve, valider l'opération, maintenant que les parties se sont mises d'accord.

Aujourd'hui Philippe Porcher n'a plus de fonction opérationnelle dans le groupe qu'il a dirigé un temps, succédant à son père Robert, capitaine d'industrie reconnu et disparu en juin 2011. Les autres héritiers, Catherine Porcher (la cousine) et l'indivision successorale de Françoise Giraud-Porcher (fille de Robert Porcher, décédée) font corps pour cette vente à laquelle ils ont du se résigner. Elle est également voulue par les quatre financiers (BNP Paribas, Crédit Agricole PE, Siparex et Natexis), détenteurs, de 16,1 % du capital de Porcher Industries.

Appel et Cassation

L'histoire familiale de cette entreprise est marquée par des dissensions douloureuses, depuis des années. Les désaccords persistants sur la nécessité de fusionner les deux holdings familiaux de contrôle : d'une part « Les terres froides », société civile, et  d'autre part, « La Saumuroise de Participations », SA à directoire et conseil de surveillance,  ont conduit une partie des actionnaires familiaux à demander leur dissolution. La Cour de Cassation a entériné le 9 octobre 2012, l'arrêt dans ce sens de la Cour d'appel de Grenoble datant du 31 mars 2011.

Une centaine de contacts

De ce jugement découle la mise en liquidation des deux entités de tête, et par voie de conséquence, la vente de Porcher Industries. Bruno Sapin a été désigné pour mener à bien ce processus, en décembre 2012. Il s'est tourné vers la Banque Rothschild pour lancer une vaste consultation des acquéreurs potentiellement intéressés. Sur cent contacts évoqués, aucun industriel -  c'était l'option souhaitée, à l'origine  - n'a proposé une offre jugée acceptable. Dans la dernière ligne droite, seuls restaient en lice deux financiers : Sun Capital et Warwick CP. C'est avec ce candidat, mieux disant, que des négociations exclusives se sont ouvertes en avril dernier. Ce fonds, peu connu en France, s'est associé à la reprise du sidérurgiste Ascométal, en mai dernier.

Une transaction à 55/60 millions d'euros

Selon nos informations Warwick CP achèterait seul, tout au moins à ce stade. Néanmoins, il ne serait pas opposé à s'allier avec d'autres financiers, semble t'il. Rien ne filtre aujourd'hui sur le montant de la transaction. Une chose est certaine : elle s'effectue sur une base inférieure aux 90 millions de fonds propres pour se situer autour de 55 à 60 millions d'euros, d'après nos estimations. Pendant la période intermédiaire, entre le compromis et la finalisation de la vente, on nous confirme que Warwick a demandé à André Genton d'assurer la co-direction de Porcher Industries aux côtés de Henri Brosse, le dg. Bon connaisseur du secteur en tant qu'ancien cadre dirigeant chez Ciba Geigy, Huntsman et Axson, André Genton il a rejoint aujourd'hui Perastra Finances, la société qui a diligenté tous les audits concernant Porcher Industries. En toute logique, il devrait ensuite prendre la direction de ce groupe.

Quelles seront les garanties ?

L'entreprise, fondée en 1912 par le père de Robert Porcher, compte aujourd'hui 1 800 collaborateurs, 13 sites industriels en Europe (5 en Rhône-Alpes), Amérique et Asie. Il a publié 265 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2013, année où sa rentabilité s'est redressée. Selon les informations communiquées en interne l'activité de l'exercice 2014 aurait été tirée par l'Europe. Le groupe est fournisseur de l'automobile, l'aéronautique, l'électronique, le bâtiment et le sport (parapente). Quelles seront les garanties apportées par le futur propriétaire eu égard au maintien des emplois et  la préservation des sites ? Y aura t'il accélération des investissement pour répondre aux attentes du secteur de l'aéronautique ? Autant de questions que poseront les délégués du personnel.

Des engagements auprès des salariés

Les représentants  syndicaux confirment avoir rencontré André Genton et Peter Bentley, ce 23 janvier. "Ils nous ont déclaré leur intérêt pour Porcher Industries. Ils se sont engagés à ne pas fermer d'usines, à ne pas licencier, à maintenir les acquis et les salaires pendant trois ans", précise Hassen Nassi, délégué Cgt. "Ils ont également annoncé qu'ils allaient investir de façon conséquente : une trentaine de millions d'euros".  Ce syndicaliste prend acte des paroles de "ce fonds dont les intentions correspondent à nos voeux". Il ajoute que la vigilance est néanmoins de mise.

Actualisé le 23/01/01 à 21h

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