ST Crolles : nouvelles mesures de chômage partiel

Après une semaine chômée en octobre, la direction de STMicroelectronics vient d’annoncer de nouvelles mesures de chômage partiel qui toucheront cette semaine le site de Crolles 2, assorties de semaines tournantes début 2015. Une action syndicale est prévue ce jeudi midi devant le siège de l’entreprise.

Cœur de l'activité numérique de STMicroelectronics, l'unité la plus avancée de Crolles 2 (900 salariés) sera à nouveau placée en chômage partiel cette semaine. Cette mesure, confirmée par la direction, sera assortie de 3 nouvelles semaines de chômage rotatif au premier trimestre 2015. En cause ? Une activité et une demande faible, qui ne permettrait pas à la production de tourner à plein régime. "Comme anticipé, notre usine Crolles 300mm est actuellement à un niveau bas d'utilisation de ses capacites de production. Nous prenons toutes les mesures appropriées pour minimiser l'impact sur nos employés au cours de ce trimestre en mettant en place des moyens de formation", affirme la chargée des communications du groupe, Nelly Dimey, qui précise que cette mesure se traduira par une semaine de chômage tournante pour chaque équipe durant le mois de janvier.

Des retards accumulés

Avec une activité répartie entre la production de produits d'imagerie, de décodeurs et box et de produits destinés à l'automobile, le site de Crolles (3900 salariés) n'a pas encore pu capitaliser sur la technologie FD-SOI (dont le brevet est détenu par Samsung), faute de débouchés pour l'instant. "En raison d'un manque d'investissements, les produits numériques ont pris du retard, alors que nous pourrions viser des cibles potentielles comme les équipementiers de la téléphonie, des fabricants de jeux, ou utilisateurs de décodeurs... Mais ce marché est très concurrentiel", affirme Marc Leroux, délégué central CGT.

"Depuis septembre, la situation ne s'est pas améliorée. Aujourd'hui, nous sommes plus proches des 2000 plaques produites par semaine, plutôt que du niveau de charge attendu de 3300 plaques par semaine", estime Laurent Lavis, délégué syndical CGT Crolles 1. Afin d'alimenter la production du site, une partie de la production de microcontrôleurs du site de Rousset (13) a été transférée à Crolles. Si les résultats du groupe s'inscrivent en positif au 3e trimestre 2014, avec 72 millions d'euros de résultat net, "l'affaiblissement de la demande, constaté en particulier vers le marché de masse et dans les microcontrôleurs, a freiné la progression attendue du chiffre d'affaires par rapport au 2e trimestre", note le président Carlo Bossi, dans un communiqué de presse. Il prévoit cependant une baisse de 3,5% au 4e trimestre 2014, dans tous les groupes de produits à l'exception des produits analogiques, MEMS et capteurs, et une baisse de la marge brute de 33,8 %.

Les syndicats se mobilisent

Si aucun mouvement unitaire réunissant les 3 syndicats (CGT, CFDT et CAD-ST) n'est encore prévu, la CGT appelle les salariés à un rassemblement ce jeudi midi devant le site de Crolles, afin d'exiger des garanties sur le maintien de l'emploi et le retour des investissements dans l'outil de production. Elle s'inquiète notamment pour l'avenir de la production industrielle sur le site. "Nous sommes arrivés à un modèle « Fab less », dans lequel on est plutôt fondeurs ou sous-traitants plutôt qu'un acteur majeur investissant dans la production et la recherche", met en garde Laurent Lavis.

"Ce sont les choix stratégiques faits en 2013 qui ont conduit à cette situation, avec l'abandon de STEricsson", renchérit Marc Leroux, délégué central CGT, qui estime que "pour redresser le secteur numérique, il faut investir et se donner 2 à 3 ans". Après la suppression de 450 postes au niveau mondial annoncée à l'automne (comprenant 150 départs volontaires en France), les syndicats craignent la mise en place d'un nouveau plan social dès l'an prochain. Un regroupement comprenant la CGT, CFDT et CAD-ST a porté le dossier devant Ministère de l'Economie mi-novembre.

Quid du plan Nano2017 ?

Annoncé en juillet 2013, le plan Nano2017 (qui prévoit 600 millions d'euros d'investissements de l'État dans la filière microélectronique, sur un budget total de 3,5 milliards d'euros), ne fait pour l'instant pas ressentir les effets escomptés sur le site de Crolles. D'après les conseillers régionaux écologistes, le montant cumulé des aides publiques attribuées à ce programme (Europe, Etat et collectivités) s'élève à 1,3 millions d'euros pour STMicroelectronics.

"Si l'extension du bâtiment de Crolles devait être payée par ST, l'Etat s'est engagé à financer toute la partie R&D. Mais le plan ne comprend aucun volet Emploi, et nous ne savons pas à quel moment les aides de l'Etat vont être versées, ni en fonction de quels critères", s'inquiète M. Lavis, qui rappelle que l'agrandissement des locaux de ST Crolles est gelé. Prévu d'ici 2017, cet agrandissement est supporté par un financement en propre de 1,1 milliard d'euros (1,5 milliard de dollars) sur cinq ans et vise à atteindre une capacité de production de 6 000 tranches de 300 mm par semaine.

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