Capsa, la startup industrielle qui révolutionne le container

C'est une jeune pousse qui grandit à la vitesse de l'éclair. 3 ans et demi après sa création, Capsa Container - portée par Cédric Denoyel - a connu hier soir une belle reconnaissance, avec la victoire de son fondateur au Prix de l'entrepreneur de l'année décerné par E&Y (catégorie prix du public). Dès juillet 2014, Acteurs de l'économie - La Tribune s'était rendu à Vénissieux pour mettre en lumière cette entreprise qui mélange industrie traditionnelle, art et innovation technologique pour transformer l'usage du container. Si la startup a déménagé à Meyzieu pour accélérer sa production, l'ADN profond de Capsa - mise en lumière dans ce reportage - reste inchangé.
Cédric Denoyel, PDG de Capsa Container. Crédits : Laurent Cerino

Article publié le 10/07/2014 15:44 | actualisé le 19/10/2016

S'immiscer dans le site de Capsa Container est une expérience surprenante. Entre galerie d'art en plein air et site industriel, le mélange donne une atmosphère particulière qui attire la curiosité. Un peu comme la personnalité de Cédric Denoyel, Président et cofondateur de l'entreprise vénissiane spécialisée dans la transformation de containers maritimes. Entrepreneur et bénévole associatif, fan de musique électronique, le dirigeant de 36 ans n'a pas peur du grand écart. C'est cette force tranquille qui lui a permis d'imaginer cette « startup industrielle », mêlant l'industrie traditionnelle via un produit historique - le container - à l'art, l'architecture, en somme à la créativité, et demain à la technologie de pointe.

L'art, vecteur d'innovation

En 2005, le beau-père de Cédric Denoyel veut se séparer de son entreprise de location de containers utilisés dans les chantiers de BTP. Une rencontre va changer la donne. Un artiste contacte Cédric Denoyel pour lui proposer une collaboration avec les containers, à l'aube de la Fête des Lumières de 2005. « Ce moment a changé la destination du container. J'ai compris que la culture pouvait être un créneau de diversification, d'innovation. L'art a transformé ma vie d'entrepreneur », confie celui qui est également trésorier de l'Association Arty Farty, organisatrice des Nuits Sonores.

En 2010, l'entrepreneur aux cheveux grisonnants participe au projet de création d'une cité universitaire en containers au Havre, en sous-traitant du géant Vinci. Mais lui rêve différent. « J'avais des idées éthiques, sociales, et une volonté managériale que je ne pouvais pas exprimer dans mon ancienne société. J'ai donc décidé de créer ma propre structure », explique Cédric Denoyel. « Lâcher mon CDI et investir la moitié de mes économies était une grosse prise de risque », confie l'intéressé.

Créer sa boite, mais toujours dans les boites. Le containeur passionne le dirigeant, au point de le personnaliser. « Il est simple, ludique, pratique. La dimension historique est fascinante. » Selon lui, cet objet s'inscrit dans la mutation urbaine actuelle, où le container - nomade et éphémère, « cette valise sans poignée », comme le qualifie le chef d'entreprise, peut participer à la transition des villes. Et éventuellement redonner vie à des quartiers désertés.

Capsa container

Un bureau réalisé par Capsa pour la mairie d'Angers. Crédits : Capsa container

Mais le container est également une matière première qui permet de faire du business. Sous un soleil adouci par un vent léger, au milieu de ses produits, l'entrepreneur résume : « Actuellement, 80 % des 3 millions d'euros de chiffre d'affaires sont réalisés par l'activité événementielle.» L'entreprise transforme, personnalise, customise les boites en fonction de la demande du client. Dans ce domaine, « La convention Renault Trucks a joué un rôle de starter » explique Félix Baezner, le longiligne Directeur commercial et de la communication.

« L'industrie n'est pas morte »

L'entreprise veut également se tourner vers l'habitat, et notamment celui d'urgence, qu'il souhaite révolutionner : « Les subventions sont mal gérées. Je suis persuadé que nous sommes capables de faire baisser les coûts. » Une récurrence des commandes dans ce domaine validerait le business modèle de l'entreprise. La démarche est également sociale. Ce marché lui permettrait d'engager 20 à 25 % de personnes en insertion, un vœu cher à Cédric Denoyel. Mais les nombreuses normes imposées (RT 2012, BBC...) compliquent les choses. Particulièrement pour un produit qui n'est pas initialement prévu pour le logement. « Nous sommes en cours de processus pour répondre aux réglementations » assure le président.  En attendant, l'entreprise a décidé de diversifier son activité, utilisant une partie de ses containers pour proposer du self-stockage.

Capsa site

Le site industrielle de Capsa Container, à Vénissieux. Crédits :Yamina Tayeb/

Attenant au bureau d'étude et à l'espace administratif en open space - forcément installé dans un container - l'entreprise possède un atelier de transformation de 1 500 m², qui peut s'élargir au terrain en plein air. Dans un bruit de ferraille, chef d'équipe, ouvriers et chaudronniers s'activent pour couper, modifier, retravailler les précieuses boites industrielles pour leur donner une nouvelle vie.  « L'industrie n'est pas morte ! Il faut simplement lui donner du sens. La valeur ajoutée va la faire sortir de sa difficulté » explique le patron. De retour du Salon des entrepreneurs, le dirigeant de Capsa compte bien surfer sur la vague Frenchtech en apportant de l'innovation technologique dans ses containers.

Mais pas question de traiter ça en interne. L'entrepreneur défend l'idée d'un « écosystème vertueux » marqué par une volonté collective de division du travail en fonction du savoir-faire de chacun. « On n'obtient de la valeur ajoutée qu'en partageant les compétences. Ce mode de coopération est bénéfique à tous. C'est très important et permet de créer un cycle vertueux ». Derrière cela, se cache également la volonté de s'ancrer dans un territoire, dans une région. « Si nous pouvions faire 100 % de la construction avec des acteurs de l'agglomération, puis présenter nos projets à Paris ou ailleurs, nous serions heureux. » Penser global mais agir localement.

Management horizontal

Si Capsa veut fédérer ses partenaires extérieurs, ce désir d'implication est encore plus fort en interne. Le dialogue est omniprésent dans l'entreprise. Chacun peut être source de propositions. La notion de projet est au cœur de la structure. « C'est essentiel dans le management et surtout, dans l'intérêt qu'ont nos ouvriers à effectuer ce travail difficile. Nous avons une volonté de créer une histoire commune. »

Il s'agit aussi de faire découvrir autre chose aux salariés, de les ouvrir au monde, en somme, de faire en sorte qu'ils se sentent bien au travail. « Nous voulons créer autre chose que le besoin de se nourrir », expose Cédric Denoyel. « Cédric aspire à que chacun soit épanoui », livre Augustin Rieussec, 23 ans, chef d'équipe. C'est par exemple dans cette logique que quatre artistes sont venus sur le site industriel afin de réaliser des œuvres dans le cadre du Festival des Nuits Sonores, pour lequel Capsa container était mécène. « Cet échange permet aux ouvriers de transformer leur travail en art », avance Félix Baezner.

Galerie Capsa

La galerie Capsa, installée à la Confluence, lors du festival des Nuits Sonores 2014.

Le style de management impose flexibilité et autonomie, ce qui n'est pas sans contrainte, notamment sur la charge de travail. Mais le patron souhaite permettre à ses salariés d'exprimer au maximum leur potentiel. Il a par exemple confié à Augustin Rieussec la tâche de développer l'activité de stockage afin « d'être formé à la notion d'entrepreneuriat », explique l'intéressé. In fine, les salariés s'inscrivent dans un projet global et stimulant.

Au déjeuner, l'équipe a l'habitude de se retrouver dans un restaurant du coin. A l'ombre de la terrasse, l'ambiance est détendue. Au centre de la table, Cédric Denoyel, écoute, questionne ses collaborateurs. Le débat s'arrête sur la musique électronique. Son regard s'éclaircit, son visage s'apaise. Le président n'a pas seulement comme passion ses boites de containers. Il a également celle des boites de nuit où se distille la bonne électro, lui, le copropriétaire du Sucre.

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Commentaires 2
à écrit le 14/07/2014 à 13:24
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ça permet de "s'encrer dans le territoire"... lapsus, jeu de mot?... La Tribune m'étonne

à écrit le 11/07/2014 à 10:55
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Mr Denoyel, j'adore votre idée ! Et ce pour plusieurs raisons. D'une part, vous savez donner espace à la créativité des gens. Et ça, c'est pas forcément monnaie courante. Ensuite, vous savez vous inscrire dans une démarche éco-responsable. Pour le co...

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