Porcher Industries prêt à se vendre à Warwick Capital

Le fonds londonien Warwick Capital Partners s'appuierait sur la banque américaine Wells Fargo, pour monter une reprise sous forme de LMBO associant le président du directoire de Porcher Industries et plusieurs dirigeants de la filiale outre-Atlantique.
L'usine Porcher Industries, à Badinières dans le Nord Isère. ©Laurent Cerino/Acteurs de l'économie

La cession de Porcher Industries se précise. Les actionnaires du fabricant de textiles techniques et composites ont été convoqués le 15 mai au siège de Badinières, en Isère, par Bruno Sapin, le mandataire judiciaire. Ce dernier a été désigné pour procéder à la liquidation juridique des deux holdings familiaux antagonistes (Terres froides et Saumuroise de participations), suite à l'arrêt de la Cour de cassation ayant prononcé leur dissolution, fin 2012. Ces deux entités de contrôle, détiennent 70 % du capital, au côté de trois financiers minoritaires. Pour procéder à la mise en vente de l'entreprise (1990 salariés dont 680 en France et 263 millions de chiffre d'affaires 2013), l'administrateur judiciaire s'est appuyé sur Rothschild.

Deux fonds rivaux restaient en lice dans la dernière ligne droite. La faveur a été donnée à Warwick Capital Partners basé à Londres, et inconnu en France, tandis que Sun Capital a vu son offre déclinée ainsi que nous l'annoncions, le 15 avril dernier. Selon nos informations, pour l'emporter, le candidat retenu a surenchéri de 40 %, environ, mais chercherait aujourd'hui à renégocier, le prix, au demeurant modéré, disent plusieurs sources.

Une opération de LMBO

Maurad Rabhi, secrétaire général textile, habillement et cuir pour la CGT, syndicat majoritaire dans l'entreprise iséroise, rejette le choix : « c'est le pire des scénarios car il fait appel à la dette. Il va être dévastateur pour l'emploi et une usine, au moins, celle de la Tour du Pin, est menacée, voire deux », tempête t-il en décrivant le montage en cours. « Warwick s'appuie sur le groupe financier américain, Wells Fargo (Ndlr : 4 ème banque aux Etats-Unis en termes d'actifs) pour bâtir une opération de LMBO (Leverage management buy out) avec Henri Brosse, président du directoire, et plusieurs dirigeants de BGF Industries », la filiale outre-Atlantique de Porcher Industries sise en Caroline du Nord.

Le syndicaliste fait appel à l'État, aux pouvoirs publics, au conseil régional de Rhône-Alpes pour faire pression sur Bruno Sapin. « Il faut que le tribunal de commerce suspende la procédure de vente et ordonne un moratoire. La société n'est pas en difficultés  financières», dit Maurad Rabhi. Trouver un repreneur industriel était le scénario privilégié mais aucun n'a pu présenter une proposition recevable malgré la large prospection de Rothschild. « Nous avons encore essayé auprès d'un acteur européen il n'y a pas longtemps. Le groupe Porcher est magnifique mais difficile à appréhender : il est implanté sur trois continents et présent dans de nombreux métiers », confie un proche du dossier à Acteurs de l'économie.

Philippe Porcher multiplie les recours

Maurad Rabhi n'en démord pas : « il faut recréer les conditions pour que le repreneur soit un industriel et placer à la tête de l'entreprise un vrai capitaine d'industrie ». Un rôle incarné par Robert Porcher, décédé en 2011 à 83 ans, et qui avait su se faire apprécier de ses ouvriers. Toutefois, il n'a pas su régler les profondes dissensions entre les associés familiaux. Son fils Philippe Porcher, désormais à l'écart de toutes responsabilités opérationnelles tente toujours de faire échouer la vente en multipliant les recours. « Les actionnaires sont empêtrés dans leurs disputes et le management est laissé à lui-même. La situation ne peut pas perdurer sinon on court à la catastrophe. En l'état, qui remettra de l'argent, car il faut investir ? », s'inquiète un intervenant qui suit l'affaire de près. Les semaines à venir vont être décisives.

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