L’appel à l’aide des fournisseurs des cafés-restaurants en Auvergne Rhône-Alpes

Ils se sentent eux aussi comme les oubliés des mesures adoptées par le gouvernement Castex. Les grossistes, distributeurs et producteurs qui approvisionnent habituellement les bars et les restaurants ont décidé d’unir leurs forces en AuRA, faute de réponse de l'exécutif. En dehors des dispositifs d’aides proposés, ils sont désormais une quarantaine à demander des aides d’urgence, face à un avenir encore très incertain.
L’association Auvergne-Rhône-Alpes de défense des fournisseurs de la filière CHR estime que ses 24 premiers signataires représentent déjà près de 607 salariés et 254 millions de chiffre d'affaires cumulé sur la région.

Le bilan épidémiologique esquissé hier ne les a pas rassurés. Producteurs, grossistes et distributeurs de boissons, d'alimentation et fournitures nécessaires au milieu des bars et de l'hôtellerie-restauration sont plus que jamais inquiets.

Une quarantaine d'entre eux viennent de s'unir en Auvergne Rhône-Alpes, au sein d'un collectif régional de défense. Avec, parmi eux, des noms comme les Cafés Fraica, la Brasserie du Mont Blanc, Alp'Viandes, les caves Billon, ou encore Rhône Boissons... Leur filière s'avère en effet touchée de plein fouet par la fermeture des bars et des restaurants, qui représentent en moyenne 75 % de leur clientèle.

Pris de court au printemps dernier, puis à nouveau stoppés dans leurs activités par les fermetures administratives actées fin octobre dernier, ces professionnels d'Auvergne Rhône-Alpes prennent la mesure de la crise subie par leurs clients, qui ricoche depuis quelques semaines désormais sur leurs propres d'activités.

 « La fermeture administrative des CHR a un effet direct sur tous les fournisseurs, justifie Régis Leleux, dirigeant des Caves du Mont et de la société Hybord.

Et ils représenteraient un poids non négligeable puisque rien que sur les 24 premiers signataires de ce collectif formé depuis quelques jours, on dénombrait déjà près de 607 salariés et  254 millions de chiffre d'affaires cumulé, ainsi que plusieurs milliers de sous-traitants.

« Aujourd'hui, nos propres clients ont été entendus et sont en train d'être accompagnés par le gouvernement. Nous avons ainsi l'espoir que cela permettra d'assurer la survie de ce tissu lors de la reprise. Mais nous ne sommes nous-mêmes pas concernés par les aides mises en place, alors que ces établissements fermés administrativement demeurent l'un de nos principaux canaux de distribution  », indique Régis Leleux.

Aucune visibilité sur la reprise du secteur

En novembre, ses deux entités, Hybord distribution (Savoie) et les Caves du Mont (Haute-Savoie) en ont par exemple fait les frais. Elles qui emploie une cinquantaine de salariés permanents et réalisent respectivement 14 millions et 8,4 millions d'euros de chiffre d'affaires en moyenne chaque année, pour 35.000 hectolitres de bière distribués entre autres, ont ainsi enregistré près de 80% de pertes sur le mois de novembre.

« Et nous anticipons, pour l'instant, un manque à gagner de 95% en décembre, sans aucune visibilité sur la reprise », confirme leur dirigeant.

Car après avoir attendu une forme de reprise courant janvier, avec l'annonce de la réouverture des stations, cet horizon ne leur semble aujourd'hui plus réaliste. « On pense même que cela pourrait être décalé à mars au vu de la situation », souffle Régis Leleux.

Malgré le fait que les niveaux de pertes ne soient pas nécessairement les mêmes entre les distributeurs -dont les revenus sont presque entièrement à l'arrêt- et les producteurs, qui disposent encore de quelques relais de distribution en direct ou via des restaurants ouverts en vente à emporter, une chose est certaine : les volumes habituels ne sont pas au rendez-vous.

« Sans compter qu'il est particulièrement difficile pour les grossistes de mettre en place d'autres canaux de distribution pour vendre leurs vins par exemple, car les clients ne sont pas habitués à commander en direct chez nous », note sur ce point Régis Leleux.

En dépit d'un PGE entamé lors du premier confinement, et des mesures de chômage partiel auquel il a recouru à nouveau cet automne, le dirigeant affirme qu'aucune autre mesure d'aide n'a pu être activée sur ce second épisode. « Comme les autres, nous n'entrons pas dans les cases », se désole Régis Leleux.

Avoir l'oreille du gouvernement et proposer

Répartis sur les 12 départements de notre région, ces fournisseurs et distributeurs de différentes tailles se sont donc réunis sous la forme d'une nouvelle « Association Auvergne-Rhône-Alpes de défense des fournisseurs de la filière CHR » afin de « peser ».

Ils ont d'ores et déjà adressé plusieurs courriers aux pouvoirs publics, et notamment à destination de la Région Auvergne Rhône-Alpes et du gouvernement français.

Dans ces courriers, ils alertent notamment les pouvoirs publics sur les risques majeurs que cette situation fait planer sur l'emploi et la pérennité d'acteurs économiques locaux.

« Nous vivons une situation dramatique sans visibilité ni perspective, confirmait à cette occasion Patrice Arnaud Pdg de l'entreprise Alp'Viandes. Il est vital de tout mettre en œuvre pour éviter des faillites d'entreprises familiales et indépendantes, aux savoir-faire non délocalisables, qui contribuent au dynamisme économique de la région Aura. »

Au-delà de ce constat alarmant, ces chefs d'entreprises souhaitent également défendre et proposer une dizaine de mesures visant à soutenir la trésorerie des entreprises, sauvegarder l'emploi et préparer la relance.

« Nous proposons par exemple de pouvoir déduire fiscalement le capital et les intérêts du PGE, d'adapter le fonds de solidarité aux réalités économiques de notre secteur -avec la suppression du seuil de 50 salariés- ou maintenir les exonérations de charges sociales en 2021 », illustrait Sébastien Tournissoux, directeur général de Rhône-Alpes Distribution.

Autres mesures attendues : la possibilité de maintenir l'activité partielle « avec une prise en charge à 100% et sans conditions » sur l'ensemble de l'année 2021, ou encore la mise en place d'une avance de trésorerie de 15 mois pour compenser les dons de marchandises et de mécenat effectués sur 2020.

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