GE Hydro Grenoble : Une première phase s’achève avec le dépôt du PSE

Alors que les représentants de tous bords politiques se sont succédés au cours des derniers mois pour signifier leur soutien au site grenoblois de GE Hydro, où 345 des 800 emplois sont menacés, les négociations sont finies pour l’intersyndicale. La version finale du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), qui devrait être déposée, sauf surprise, ce vendredi par le groupe GE à la Direccte, marque le début d’une nouvelle étape.

"Sauf surprise de dernière minute, le PSE devrait être déposé ce vendredi. La Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) aura ensuite 20 jours pour faire savoir si elle homologue ou non ce plan", contextualise Nadine Boux, porte-parole de l'intersyndicale. Le processus prévoit ensuite un délai de trois mois pour réaliser un appel aux départs volontaires au sein de l'entreprise, avant l'envoi des lettres de licenciement."Si le scénario le plus noir se produit, tout pourrait être bouclé en juin 2018".

Cette dernière rappelle que les conditions du PSE demeurent floues : "Ce ne sont pas des postes mais les catégories socioprofessionnelles qui sont concernées. La décision devrait ensuite se baser en fonction de plusieurs critères, comme les points attribués en fonction de l'ancienneté, la charge familiale, le handicap, mais aussi la performance des salariés".

Mais les représentants syndicaux ne s'avouent pas vaincus pour autant, et précisent déjà qu'une deuxième phase du combat est sur le point de démarrer.

Fin des négociations

Les négociations avec la direction se sont clôturées le 19 décembre dernier sans aucun accord n'ait pu être signé, les représentants du personnel dénonçant une analyse floue et superficielle. "On ne sait pas comment l'entreprise va continuer de fonctionner uniquement avec des managers sans équipes", commente la représentante syndicale. De quoi nourrir les inquiétudes des salariés concernant l'arrêt pur et simple du site grenoblois à moyen terme, "au profit de hubs de GE situés au Kenya et en Turquie. C'est une délocalisation masquée", estime-t-elle. Contactée, la direction n'a pas donné suite à notre demande d'interview.

Les représentants syndicaux envisagent désormais la possibilité de réaliser une action en justice pour dénoncer ce PSE, si celui-ci est homologué par la Direccte. "Nous aurons un délai de deux mois pour déposer un recours, même si celui-ci ne pourra pas suspendre le PSE en cours. Nous avons déjà pris un avocat à Paris pour nous accompagner sur ce dossier et donné les pouvoirs au secrétaire du CE et du CCE pour le faire", précise Nadine Boux.

Un combat de sourds

A l'issue des quatre mois de concertation prévus entre la direction et les représentants des salariés, ces derniers dressent un constat amer. "Notre PDG, Yves Rannou, s'est rendu deux fois à Grenoble, mais sans aucune proposition ni propos rassurant pour l'avenir", déplore la représentante syndicale.

L'intersyndicale s'appuie sur un rapport commandé à un cabinet d'expertise, "attestant du fait que ce plan était mal géré et non justifié. Il signale aussi de nombreuses carences concernant les informations qui auraient dû être communiquées à l'expert et au CCE", d'après Nadine Boux, qui précise que si la direction a affirmé avoir communiqué près de 400 documents, "une grande partie d'entre eux étaient vierges ou ne contenaient pas les informations demandées".

Deux avancées à Paris

A ce titre, les représentants du personnel ont obtenu une première victoire : le Tribunal de grande Instance de Paris (TGI) vient de demander à ce que le groupe GE fournisse, sous huit jours, l'ensemble des informations concernant la situation économique du groupe aux salariés.

La seconde victoire de l'intersyndicale s'est jouée une nouvelle fois à Paris, avec l'ouverture une commission d'enquête à l'Assemblée nationale, "qui s'est un peu inspirée du cas de Grenoble", et devant laquelle les représentants des salariés ont été invités à participer en vue de faire lumière sur les conditions dans lesquelles ont été réalisées les récentes fusions-acquisitions des fleurons industriels français tels que GE, Alcatel ou encore STX.

Malgré un climat social qui n'a cessé de se dégrader, les représentants du personnel gardent un mince espoir. "D'ici la fin de l'année, tout reste possible. On a déjà vu la stratégie de GE, qui était de mettre la pression jusqu'à la dernière minute", affirme Nadine Boux, qui sera présente aux côtés de plusieurs représentants syndicaux lors de la séance du Conseil Métropolitain qui se tient à Grenoble ce vendredi. Une façon de remercier les soutiens politiques qu'ont reçu les salariés, et de préparer la suite.

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