"Si on attendait la France pour vivre, il vaudrait mieux vendre des pizzas !" lance Olivier Baud, mettant en cause la faiblesse des volumes et des prix rémunérant l'effacement électrique. Un secteur sur lequel il s'est positionné en fondant Energy Pool en 2009. Mais pour développer sa société, le chef d'entreprise place davantage d'espoir dans le déploiement à l'international, plutôt que sur le marché national.

Vendre de la flexibilité à RTE

L'effacement électrique permet de diminuer la consommation d'industriels pour donner davantage de flexibilité à RTE, en vue d'équilibrer la demande et l'offre d'électricité.  Pour le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, la diminution de la consommation électrique par les industriels lui coûte moins cher que d'acheter de l'électricité supplémentaire.

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Cependant, selon Olivier Baud, RTE ne peut pas aller plus loin dans l'effacement. La régulation actuelle des prix de l'électricité place les tarifs parmi les plus bas au monde.

"RTE ne dispose pas de budget suffisant pour faire de l'effacement, dénonce le président d'Energy Pool. Le résultat est que nous sommes leaders en France avec 60 % du marché, mais que notre chiffre d'affaires français sera divisé par deux en 2017 comparativement à 2016."

Or, le potentiel est bien là, affirme le chef d'entreprise, pour qui le marché national de l'effacement pourrait s'élever à 4 000 mégawatts, alors qu'il stagne à 1 000 mégawatts actuellement.

Prix trop bas

Les industriels peuvent ainsi espérer une rémunération équivalente à une fourchette de 3 à 20 % du montant de leur facture d'électricité. "Mais en France, ils ne peuvent pas espérer plus de 10 %", regrette Olivier Baud. Pour certains industriels, comme les papetiers, la facture d'électricité peut compter jusqu'à 30 % de leur coût de revient. L'allègement de ces dépenses peut représenter un bol d'air salutaire.

Mais les industriels doivent pour cela être en mesure de gérer des diminutions soudaines d'activité, voire l'arrêt complet de certains équipements électriques. La rémunération de l'effacement de la consommation industrielle doit donc être incitative, pour que les entreprises acceptent d'aller de l'avant.

Arabie saoudite, Pologne et Suisse

C'est donc le développement à l'international qui devrait permettre à Energy Pool de hisser son chiffre d'affaires de 25 millions d'euros en 2016 à une fourchette qu' Olivier Baud estime entre 35 et 45 millions d'euros cette année. Depuis sa base de Savoie Technolac, Energy Pool est à la veille de piloter de l'effacement électrique en Arabie saoudite, en Pologne et en Suisse. Ultérieurement, des équipes locales - composées principalement d'expatriés français - prendront le relais pour piloter la modulation électrique dans chaque pays.

Energy Pool a aussi ciblé la Turquie. Mais les récents troubles politiques ont mené au report du lancement des opérations. "Tout est prêt dans ce pays où les besoins sont énormes, car il connaît des pénuries de gaz et d'électricité", pointe Olivier Baud.