Decitre : la recapitalisation scelle la succession

La reprise en main par le Pdg Guillaume Decitre du capital des librairies éponymes entérine la succession générationnelle initiée en 2008. Une opération rendue possible par ses réseaux, notamment lyonnais.

Guillaume Decitre, Pdg des librairies Decitre, reprend le contrôle du capital du groupe. Depuis 2008, après le décès de Pierre Decitre, la maison lyonnaise fondée en 1907 était détenue majoritairement par le pôle d'investissement Finadvance. "C'est une profonde satisfaction. Avec des fonds familiaux, nous pouvons plus facilement nous inscrire dans la durée", explique le président. Une recapitalisation qui s'appuie sur ses réseaux personnels et notamment lyonnais.

Les négociations ont débuté en janvier 2014 pour s'achever en décembre. Les actionnaires, dont Finadvance, (57 % des parts), étaient alors en réflexion pour trouver des liquidités. "C'est la suite logique d'un investisseur qui sort à un moment T. L'actionnaire majoritaire avait prévu de rester entre 5 et 7 ans. Il sort après 6 ans", poursuit un acteur proche du dossier. Esfin, le second pôle d'investissement, alors détenteur de 7 % du capital saisit également cette opportunité pour se retirer, après 20 ans de collaboration. Une situation qui convient à Guillaume Decitre qui cherchait alors à "reprendre en main l'entreprise", selon l'intéressé.

Recentrage lyonnais

Pdg depuis 2008 (et la transition générationnelle de père en fils), année où il prend la présidence mais perd l'actionnariat majoritaire, - "je n'avais pas les moyens de racheter toutes les parts de la famille" - Guillaume Decitre a toujours gardé en tête l'idée de reprendre le contrôle du groupe. "C'était l'un des scénarii possibles. Mais en 2008, avec 15 % de l'actionnariat, c'était une option difficile", souligne-t-il.

Mais désormais, après avoir racheté les parts familiales (à ses mère, sœur et frère) et mobilisé ses réseaux lyonnais, Guillaume Decitre détient 63 % du capital. Parmi ces soutiens locaux,  "celui de la famille Merieux, via l'Institut Merieux, a été central. Leur aide a fait la différence", souligne le dirigeant. Le leader de la biomédecine a mis la main à la poche pour entrer dans le capital. "Une participation minime" , précise de son côté l'Institut.

Cette initiative, inhabituelle pour l'Institut,  s'explique par les liens d'amitiés qui unissent les deux familles : "La prise de participation de l'Institut Merieux dans le groupe Decitre est la conséquence d'anciennes relations entre les deux familles. C'est seulement pour cela que l'Institut entre au capital. Ce n'est pas notre secteur d'activité traditionnel", souligne la structure, qui met normalement son expérience de la biologie industrielle au service de la santé publique partout dans le monde. Mais outre l'aspect financier, l'aura et l'influence d'Alain et d'Alexandre Merieux ont sans doute été déterminantes pour fédérer autour du dessein.

Investisseurs discrets

Parmi les autres proches du clan Decitre, Jean-Michel Noir, fils de l'ancien maire de Lyon, a aussi participé aux négociations qui ont été encadrées par Aforge Degroof Finance. Ami proche de Guillaume Decitre, il possède des actions dans l'entreprise depuis la recapitalisation de 2008 où Finadvance a pris le contrôle. Avec cette nouvelle opération, il dispose désormais d'environ 2 % du capital. Le libraire a également obtenu le soutien de CIC Lyonnaise de banque et du Crédit Agricole Centre Est, afin de financer l'opération.

Ancien capital-risqueur en Californie pendant 10 ans, Guillaume Decitre ne manquait pas d'atouts pour atteindre son objectif. Il a ainsi activé d'autres réseaux "afin de boucler le tour de table". Un certains nombre d'actionnaires préfèrent rester discrets.

Continuité de la stratégie

Cette nouvelle étape, "qui finalise la succession familiale initiée en 2008", ne modifiera pas fondamentalement " la stratégie de l'entreprise", estime Guillaume Decitre. Mais elle apporte à coup sûr une stabilité et de la sérénité à long terme, de quoi accélérer encore le développement d'une société qui a réalisé 70 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014 et qui emploie 350 personnes.

Un développement basé sur l'innovation technologique, l'activité traditionnelle de libraire et l'expérience client. Un business model qu'il a pu dessiner au gré de son expérience américaine, où il a vu passer "de nombreux business plan".

Pour le premier axe, autour du e-commerce, avec 1,2 millions de visiteurs par mois, decitre.fr revendique la troisième place des vendeurs de livres sur internet. Le digital constitue d'ailleurs une source de diversification importante, puisque le groupe détient majoritairement la société TEA (The Ebook Alternative), une startup de 20 salariés dévolue au développement d'une solution logicielle complète destinée à la distribution du livre numérique en open source.

Au-delà de Rhône-Alpes ?

Pour l'expérience client, le groupe souhaite s'appuyer sur des boutiques au concept novateur, comme celle développée depuis 2012 dans le centre commercial de la Confluence, où l'offre de produit est plus importante et plus moderne.  Avec 15 % de croissance sur l'année en cours, le magasin apparaît comme une réussite. "Cela démontre aux gros bailleurs commerciaux que le concept fonctionne", explique un initié. De quoi sortir des frontières rhônalpines, où l'enseigne possède huit magasins ? "Des projets de nouveaux lieux de ventes sont à l'étude. Nous pourrons peut-être en parler davantage courant 2015", conclut Guillaume Decitre.

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