CETA : faut-il en faire tout un fromage ?

Après le Tafta - TTIP, un accord de libre-échange un peu moins connu est entré dans le débat ces dernières semaines : le CETA, qui doit être signé ce jeudi par les deux parties. Cet accord entre l'Europe et le Canada, qui pourrait capoter à cause de l'opposition de la Wallonie - sacrifie entre autres 32 fromages selon certains opposants. Pourtant, la réalité est plus complexe. Selon les professionnels du secteur, le CETA - même s'il n'est pas parfait - constitue "une avancée".

Une tribune publiée par José Bové dans Libération a mis le feu aux poudres. Le député européen affirme que l'Europe a sacrifié 32 fromages au nom du CETA, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, dont la ratification doit débuter en octobre.

En cause ? Sur la liste des indications européennes qui seront protégées dans le cadre de l'accord, 32 fromages dont 13 de la région Auvergne Rhône-Alpes manquent à l'appel*.

Cependant, le débat est plus compliqué qu'il n'y paraît. Surtout, contrairement à ce qu'affirme José Bové, le CETA va dans le sens d'une meilleure protection des fromages français. "Le CETA est une avancée", affirme même Paul Zindy, chargée de mission au sein du Conseil national des appellations d'origine protégée, le CNAOL.

Liste restreinte

Actuellement, si un fromage labellisé AOP ou IGP veut protéger sa marque au Canada, afin qu'elle ne soit pas copiée, il doit déposer lui-même la marque : un système coûteux puisqu'il nécessite des avocats, des juristes. Si son fromage est copié outre-Atlantique, la seule voie de recours se fait devant un juge de droit privé. "Sans cet accord, les transformateurs canadiens peuvent faire ce qu'ils veulent", souligne Sébastien Breton, directeur de l'AFTAlp (association des fromages traditionnels des Alpes savoyardes).

Lire aussi : E. Bourcieu (Commission européenne) : "Pas d'accord TTIP sans concession américaine"

Or, dans le cadre du CETA, plusieurs fromages ont été inscrits sur une liste restreinte. Ceux-là seront protégés. Ainsi, les producteurs canadiens ne pourront pas commercialiser du reblochon ou du comté au Canada.

"Nous militions pour une reconnaissance totale des AOP dans tous les pays du monde. Alors certes, quand une liste est restreinte, nous sommes moins satisfaits. Mais l'idée est de pouvoir ensuite consolider la liste actuelle", tempère Paul Zindy.

Exportations

Quant aux produits qui ne figurent pas sur la liste, "ils ne sont pas mis en péril", indique Paul Zindy. Ce sont, en effet, de plus petits fromages, qui ne réalisent pas leur chiffre d'affaires à l'international.

Pour choisir quels produits figurent sur la liste restreinte, les législateurs ont pris en compte deux critères : la présence d'exportations, et l'existence de problèmes avérés d'usurpation. Paule Ballet est directrice du syndicat du Picodon, un fromage de chèvre produit entre la Drôme et l'Ardèche. Pour elle, l'absence du Picodon sur la liste restreinte n'aura "pas d'impact, car nous ne réalisons pas de ventes à l'extérieur. Comme nous produisons peu, nous avons ciblé un marché allant de Marseille à Grenoble."

Lire aussi : L'export, source de débouchés pour les fromages AOP ?

Or, cette réalité est celle de nombre de fromages produits en Auvergne Rhône-Alpes. Les achats et la consommation se font localement. "On croit toujours que le miracle vient de l'export. Mais il faut mieux vendre aux Chinois qui viennent en France, plutôt qu'aux Français qui vivent en Chine", indiquait ainsi Yvon Bochet, de l'Union des producteurs de Beaufort, dans les colonnes d'Acteurs de l'économie - La Tribune.

Picodon canadien ?

Quant aux importations, si l'accord CETA est adopté, rien ne changera. "Le droit communautaire est ferme sur ce point : les produits copiés ne peuvent pas rentrer sur le territoire", précise Paul Zindy.

En d'autres termes, il sera interdit d'importer du Picodon canadien.

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Commentaires 4
à écrit le 25/10/2016 à 10:29
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Le vrai problème n’est même pas là, sur les fromages. Les problèmes fondamentaux de ces accords scélérats sont double :  1/ Les tribunaux d’arbitrage, justice sur mesure pour les multinationales, contre le bien commun et la démocratie; 2/ L’ « ha...

à écrit le 25/10/2016 à 9:44
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CETA: c'est à boire , c'est à boire qu'il nous faut oh oh.... L'ingestion de poulets chlorés importés par une filiale canadienne de" chicken and chlorine " US(cheval de Troyes pour contourner le TAFTA moribond)ne sera combattu que par un alcool fort...

à écrit le 24/10/2016 à 13:36
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Faire des négociations entre soi pour ensuite y intégrer des consommateurs qui n'ont rien demandé, c'est les prendre en otages!

à écrit le 24/10/2016 à 13:32
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Vous prenez les gens un peu pour des camemberts, vous pensez que les français ne s'opposent au CETA qu'à cause des fromages franchement ? Êtes vous sérieuse là ? Prenez un peu plus de recul je vous prie et vous verrez que les gens sont bien mieux...

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