Quels marchés pour l'alimentation du futur ?

Insectes, légumineuses, protéines...D'ici 2050, notre alimentation sera bouleversée. Mais pour être viable, ces nouveaux produits doivent trouver des débouchés, qui pourraient bien être liés à de nouveaux modes de consommation.

D'ici 2050, nos assiettes pourraient bien êtres garnies d'aliments à base de protéines, de légumineuses ou d'insectes. Mais si les ingénieurs foisonnent d'idées, l'innovation ne viendrait pas seulement de l'apport de nouveaux ingrédients, mais de nouveaux modes de consommation, ouvrant ainsi de nouveaux marchés.

« Même si l'impression peut émerger que l'alimentation de demain sera constituée d'insectes, en Rhône-Alpes, les avancées se forment essentiellement vers plus de praticité et de nomadisme des aliments », souligne Camille Ponchon.

Miser sur la "silver économie"

Cette réflexion mène directement au projet « Autremets » porté par le jeune ingénieur Karim Tounsi. Ses produits ? Des aliments à texture modifiée pour les personnes âgées et les personnes pour qui la prise alimentaire est difficile. « À l'horizon 2050, deux milliards d'humains auront plus de 60 ans », soulève Pierre Feillet. Karim Tounsi a repris le flambeau d'une idée qui a germé en équipe, entre étudiants de l'Isara-Lyon et a remporté le trophée d'argent au concours Ecotrophelia 2014. Elle est en incubation à l'Agrapole depuis avril 2015.

Karim Tounsi, après avoir réalisé une série d'analyses sensorielles en maison de retraite, analyse :

« La solution est orientée vers le secteur médico-social où un vrai engouement porte sur ce qui peut se manger à la main. Nous répondons aux problématiques de perte d'autonomie et de dénutrition. La démocratisation de ce concept est prête à se développer, d'autant plus que nous faisons partie de l'une des trois régions les plus dynamiques en termes d'accompagnement médico-social »

Manger ? c'est bon pour la santé !

L'impact sur la santé de l'alimentation est également un fil que déroulent les chercheurs.

« Nous allons vers une alimentation plus personnalisée, avec des microbiotiques dont la nature possède une très forte incidence sur la manière dont nous assimilons les aliments. Cela permet, par exemple, de lutter contre l'obésité, un autre grand problème auquel nous devons faire face », avance Pierre Feillet.

Pour l'édition 2015 de l'Ecotrophelia, fin juin, à Avignon, se trouve, par exemple, le liégeois de légumes saisonniers « prêt à consommer », pauvre en calories et sans additif. Des projets émergent également face aux allergies alimentaires, comme un « écosnack sain », associant des biscuits croquants sans gluten et des sauces onctueuses de légumes.

Qu'en est-il des pilules pour se nourrir, comme il en sort des laboratoires de la société Soylent en Californie ? « C'est complètement marginal. Et là encore, pour obtenir les nutriments qui les composent, des végétaux sont nécessaires. Le développement de ces produits reste lucratif. Ce n'est pas cela qui va résoudre la question de l'alimentation dans le monde », prédit Pierre Feillet.

D'autres pistes intriguent, comme la culture du tissu des muscles pour faire de la viande. « Un steak haché a coûté 250 000 euros. Il a fallu inclure de multiples ingrédients. Cela n'a pas d'avenir. En termes de rentabilité énergétique, il vaut mieux une bonne vache », calcule-t-il encore. Alors, que mangerons-nous d'ici à 2050 ? « Les menus, dans 30 ans, seront comparables à ceux d'aujourd'hui, avec un peu plus de céréales et de fruits », imagine le directeur de recherche. Difficile encore de savoir dès lors si les idées de quelques-uns germeront vraiment dans les assiettes.

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