Relocalisation : le projet des Tissages de Charlieu retenu par France Relance

C'est désormais acté : le projet d'investissement des Tissages de Charlieu (42) vient d'être retenu dans le cadre du plan France Relance. Après avoir lancé une production massive de masques en tissus pour répondre à l'urgence de la pandémie, elle développe désormais un tout autre projet, associant relocalisation et ambitions écoresponsables. Avec un objectif : produire plus de 12 millions de sacs de caisse par an, à partir de matières recyclées.
Eric Boël et Antoine Saint-Pierre comptent sur leurs sacs de caisse en tissu recyclé pour booster la croissance de LTC.
Eric Boël et Antoine Saint-Pierre comptent sur leurs sacs de caisse en tissu recyclé pour booster la croissance de LTC. (Crédits : DR)

Économiser chaque année 48.000 tonnes de CO2 en fabriquant à Charlieu, dans le Nord de la Loire, 12 millions de sacs de caisse en tissu recyclé. Voici le projet auquel s'attellent activement Eric Boël et son nouvel associé, Antoine Saint-Pierre (ex DG de Novatech), dirigeants de LTC (Les Tissages de Charlieu).

Un projet à 8 millions d'euros sur deux ans, subventionné -, c'est la bonne nouvelle de la semaine pour la PME ligérienne-, à hauteur de 800.000 euros dans le cadre du plan France Relance. Les Tissages de Charlieu travaillaient sur le dossier depuis deux ans, mais ce coup de pouce de l'Etat en pleine pandémie lui permettra de dérouler son plan plus vite. La production devrait démarrer dès le printemps prochain.

Rapatrier une production asiatique

"Aujourd'hui, l'essentiel des sacs en tissu sont achetés par la grande distribution à des entreprises fabriquant en Asie", explique le dirigeant. "En les produisant entièrement en France, c'est-à-dire confection et tissage compris, à partir de matières recyclées, nous économiserons 4 kg de Co² par sac. En fait, chaque emploi créé permettra d'économiser quelque 1000 tonnes par an".

Ces sacs seront fabriqués avec la technologie du 3D Jacquard, c'est-à-dire qu'aucune encre ne sera nécessaire à son marquage. Eriv Boël martèle : "Le public doit bien comprendre et faire le lien : relocaliser en France, c'est créer de l'emploi ici mais aussi préserver l'environnement". Car ce dernier précise que "si l'industrie textile est peut-être l'une des plus polluantes, c'est aussi parce que nous avons délocalisé cette production dans des pays où l'énergie est très carbonée".

Et d'ajouter : "Nous devons absolument faire bouger les lignes, les industriels français disposent aujourd'hui de technologies innovantes, bien moins polluantes".

Pour mener à bien son projet, la PME doit acquérir quatre robots de confection 3D, codéveloppés avec un fabricant européen. Un agrandissement de 1.500 m² va être réalisé, il accueillera notamment un système d'aspiration plus performant, indispensable au travail des matières recyclées.

LTC va également mettre en place une plateforme R&D qui permettra à ses "intra entreprises" d'avancer plus vite, en mode collaboratif. Ces dernières représentent d'ailleurs aujourd'hui près de la moitié de son chiffre d'affaires ! L'ensemble de la nouvelle toiture sera équipée de panneaux photovoltaïques afin d'améliorer encore l'empreinte carbone de la société.

"La désindustrialisation n'est pas une fatalité"

"Le marché est énorme. Sous deux à trois ans, nous envisageons un doublement de notre chiffre d'affaires et un doublement des effectifs", annonce Eric Boël. L'entreprise emploie actuellement une cinquantaine de personnes pour un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros. Il était de 7 millions d'euros en 2019 mais a été boosté par la production massive de masques en tissu, dans laquelle la PME, pionnière du sujet, s'était lancée très vite lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19.

Surfant sur la tendance des "tote bags", ces sacs de caisse devraient devenir le moteur de croissance de LTC pour les prochaines années.  Environ 170 millions de sacs de caisse (tissu et plastique réutilisables) sont distribués par la grande distribution chaque année, selon les estimations d'Eric Boël.

Eric Boël ne veut pas, pour l'instant, divulguer de nom, mais plusieurs acteurs de la grande distribution auraient déjà donné des preuves d'intérêt appuyées. D'autant que LTC aura la capacité, assure son dirigeant, de proposer des tarifs compétitifs, équivalents aux productions étrangères. " Nous avons la folie de penser que ce projet va faire du bien à notre moral, à notre souveraineté et au lien industriels/grande distribution qui est souvent mis à mal par les négociations tarifaires".

Pour l'ex-président d'Unitex, "la désindustrialisation n'est pas une fatalité. L'industrie française doit continuer d'innover pour avancer. Car un pays qui n'a plus d'industrie ne peut pas se développer".

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