Dans la Loire, deux PME transforment leur modèle pour survivre au Covid-19

La crise sanitaire a mis à mal le modèle de nombreuses entreprises, qui s'avèrent contraintes de revoir leur stratégie. Pour certaines, le salut pourrait passer par l'innovation. C'est le cas de deux PME ligériennes, le fabricant de tissus Henitex, ainsi que le spécialiste de la tuyauterie et de la chaudronnerie TCMS, qui ont toutes deux opéré un virage vers de nouveaux produits. Après une érosion déjà existante de leur activité, l'électrochoc de la crise les a poussées à innover.
(Crédits : DR)

Après la stupeur, vient le temps de la réaction. Face à la crise économique générée par le contexte sanitaire, de nombreuses entreprises ont bousculé leurs habitudes. Dans la Loire, les PME Henitex et TCMS ont toutes les deux choisi l'innovation comme voie de résilience. Et mieux encore, comme voie de rebond, après une tendance dégradée dans leurs secteurs respectifs ces dernières années.

Une nouvelle stratégie qui vient faire évoluer en profondeur leur modèle : la première, Henitex, développe un masque de protection innovant muni d'une puce RFID grâce à son expertise de PME issue de l'industrie textile. La seconde, TCMS, connue pour ses qualités d'ensemblier, a mis au point une borne de distribution XXL de gel hydroalcoolique. Il s'agit de son premier produit propre.

Créée en 1987, puis reprise en 1996, Henitex est spécialisée dans la fabrication de tissus maille sur métiers circulaires de grand diamètre. La PME de 40 salariés, basée dans le nord de la Loire avait repris, au cours des dernières années, plusieurs entreprises en difficulté : Tricotage Roux, Vivamaille, MCF et Bel Maille.

Pour survivre dans un contexte concurrentiel difficile, elle avait choisi de se concentrer sur le créneau plus porteur du Made in France et sur le haut de gamme. "Nous étudions aujourd'hui de nouvelles pistes : le coton bio et la traçabilité notamment". Pour autant, Christian Schmitt, son dirigeant, dresse un sombre bilan des dernières années de son entreprise, avec un chiffre d'affaires jusqu'ici "en régression lente et inexorable depuis quinze ans", soit "depuis que les donneurs d'ordre de la mode sont allés se fournir à l'étranger". Il atteignait 5,2 millions d'euros en 2019, pour un résultat net de - 165.000 euros.

Des masques équipés de technologies RFID et QR codes

Mais Henitex s'est mobilisée en urgence au printemps dernier pour mettre au point un modèle de masques résistant à 100 lavages. Elle en a vendu plus de 4,5 millions d'exemplaires, dont la moitié en direct et l'autre moitié via la marque Tricots Saint-James. Résultat : un chiffre d'affaires sur le premier semestre 2020 de près de 15 millions d'euros, soit presque trois fois plus en six mois que sur toute l'année 2019. Mais comme pour les autres entreprises qui avaient produit des masques dans l'urgence (Tissages de Charlieu, Sigvaris, Thuasne, Boldoduc, Aj Biais etc), la demande s'est tarie brutalement avec le retour des cargaisons de masques venus de Chine.

Pas question pour autant de se détourner de ce marché porteur à court, moyen et probablement long terme. L'industriel roannais s'est ainsi rapproché de Fabrice Zerah, dirigeant de Ubi Solutions, dont le siège est à Genevilliers avec des agences notamment à Lyon et à Grenoble, spécialisé dans les technologies RFID.

Ensemble, ils ont travaillé d'abord sur un masque muni d'un QR code, associé à une application digitale qui permet de compter plus facilement le nombre de lavages. Les premiers exemplaires viennent de sortir des ateliers. 3.000 masques personnalisés, munis d'un QR Code, ont d'ailleurs été livrés la semaine dernière à la Région, pour équiper les collaborateurs de la collectivité locale. "Nous attendons beaucoup des retours de ces premiers utilisateurs afin d'améliorer encore notre concept", confie Christian Schmitt.

Ensuite, un second masque, équipé d'une puce RFID, dont les tests sont encore en cours et les brevets en cours de dépôt. Un produit plutôt destiné aux sociétés confiant le lavage de leurs masques à des prestataires (milieu de la santé ou de grandes entreprises comme la SNCF par exemple). "Les cellules de décomptage permettent d'écarter automatiquement les masques présentant plus de 100 lavages". Il ajoute que grâce à la puce RFID, de nombreuses fonctionnalités sont possibles. "Nous pouvons aussi avoir accès à l'historique du masque : qui l'a porté par exemple. Les retours utilisateurs nous permettront de déterminer lesquelles sont utiles". Le dispositif serait d'ores et déjà en test dans plusieurs hôpitaux de la région.

Une borne de distribution de gel XXL

De l'autre côté de la Loire, dans un secteur d'activité complètement différent, la PME TCMS suit un cheminement comparable depuis le confinement. Créée en 2011, cette entreprise familiale est sous-traitante pour les secteurs de l'énergie, du pétrole, de la chimie etc. Elle aussi, comme Henitex, constate une érosion de son chiffre d'affaires, après pourtant une embellie entre 2014 et 2018 : 12,7 millions d'euros sur l'exercice 2018/2019, 11,5 millions d'euros sur l'exercice 2019/2020. Et les perspectives pour 2020/2021 tablent sur un CA de l'ordre de 8 à 10 millions d'euros. Une érosion qui l'a amenée à réduire progressivement son effectif de 90 à 70 salariés, sans licenciement.

"Un certain nombre de commandes ont été gelées depuis mars dernier, nous avons perdu 30% d'activité. En tant que sous-traitant, nous sommes complètement dépendants de nos donneurs d'ordre. Cette crise du Covid-19 a été un électrochoc", résume Kader Maïzia, directeur de TCMS.

Après un premier échec à un appel d'offres de l'armée, qui lui a permis "de mettre un pied à l'étrier de l'innovation", la PME d'Andrézieux-Bouthéon a mis au point une borne XXL, munie de trois points de points de distribution de gel hydroalcoolique. Elle peut délivrer 120.000 doses et dispose d'une batterie haute capacité, ce qui permet à Hydropper,  - c'est le nom de la borne-, de recevoir des flux importants (centres commerciaux, événements sportifs, spectacles etc). Des options vont bientôt être ajoutées : distribution de masques, de flacons de gels etc.

Si cette innovation, premier produit propre de TCMS, peine pour l'instant à trouver son marché, en raison notamment "d'un fort ralentissement de l'événementiel avance l'entreprise", elle lui aura déjà permis d'avancer elle aussi sur le chemin de l'innovation. "Nous nous sommes désormais mis en ordre de marche pour développer nos propres produits et les commercialiser afin de moins dépendre des donneurs d'ordre. Il en va de notre pérennité", constate Kader Maïzia.

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