Gibaud repasse sous pavillon français. 14 ans après en avoir fait l'acquisition, le groupe islandais Ossür vient de céder l'industriel stéphanois au groupe pharmaceutique familial Innothéra, dont le siège social est implanté à Arcueil (Val-de-Marne).

Créé en 1913, ce dernier est historiquement positionné sur les médicaments destinés aux maladies veineuses, à la gynécologie et aux carences minérales. La société exporte 95% de son chiffre d'affaires sur ce segment. Depuis 1993, Innothéra est également active sur le marché des dispositifs médicaux, principalement la compression veineuse (chaussettes et bas de contention), mais uniquement en France. C'est sur ce dernier pan que le groupe entend bien renforcer drastiquement son assise, grâce au rachat de Gibaud.

Devenir le numéro 2

"Gibaud dispose d'une gamme complémentaire à la nôtre en orthopédie et podologie. En ce qui concerne la compression veineuse, cette acquisition va nous permettre de renforcer notre présence sur le marché français", précise ainsi Arnaud Gobet, petit-fils du fondateur.

"Ossür souhaitait céder Gibaud notamment car l'Hexagone n'est pas sa priorité. A l'inverse, c'est la nôtre !", sourit ainsi celui qui aime à afficher son 100% Made in France, avec déjà deux usines dans les Vosges et le Loir-et-Cher.

Grâce à l'acquisition de Gibaud (48,5 millions d'euros, 350 salariés, deux sites de production dans la Loire et l'Ain), acquise avec une décote de 80% par rapport à sa valeur de 2006, le groupe Innothéra entend bien bousculer les lignes du marché français de la compression veineuse. "Nous sommes désormais numéro deux, derrière Sigvaris mais devant Thuasne (deux entreprises également implantées à Saint-Etienne, ndlr), avec 22% environ des parts de marché", se réjouit ainsi le dirigeant, soulignant l'importance pour une entreprise de pointer aux toutes premières places. Il estime le marché de la compression veineuse à environ 300 millions d'euros en France (prix fabricant). Une réflexion est engagée sur les noms de marque qu'utilisera désormais le groupe.

Cette opération devrait également permettre à Gibaud de redresser la tête. Car si son chiffre d'affaires a progressé au cours des dernières années, son résultat net lui, s'effrite. "La rentabilité n'était plus au rendez-vous, probablement en raison de la masse critique. Grâce à notre association, cette problématique devrait être résorbée", assure Arnaud Gobet, saluant au passage les progrès significatifs réalisés ces dernières années par l'industriel stéphanois en matière de modernisation, d'innovation et de marketing notamment.

Objectif : 300 millions en 2025

Le nouveau patron de Gibaud annonce par ailleurs que "des investissements industriels réguliers seront faits" sur l'ensemble des usines du groupe, afin de maintenir sa compétitivité et ses capacités d'innovation.

Forte de ces nouvelles gammes, Innothera prévoit de passer à l'offensive à l'international également, en s'appuyant notamment sur son réseau déjà existant, dédié aux médicaments. Sa première cible : la Russie.

L'acquisition de Gibaud entre dans le cadre du plan stratégique établi par Innothéra en 2016 et visant un chiffre d'affaires de 300 millions à horizon 2025. Après une croissance organique forte, lui ayant permis de passer de 150 millions d'euros en 2016 à 185 millions en 2019, le groupe pharmaceutique fait un bond significatif cette année encore, avec cette récente croissante externe qui lui permet désormais d'afficher un CA global de 250 millions d'euros.