Sadevinox : une transmission d'entreprise en douceur, malgré la pandémie

La Covid-19 n'y aura rien fait : la PME Annécienne Sadevinox, qui exporte aux quatre coins du monde ses fils en acier inoxydable, a changé de mains en pleine pandémie, grâce à la bonne entente entre le cédant et le repreneur. Une opération particulière où le cédant, Denis Moos, prépare sa future retraite en demeurant au sein de la PME en tant que directeur des opérations, accompagnée par Bpifrance.
Denis Moos (à gauche) transmet en douceur Sadevinox à Bertrand Sérisé (à droite), malgré le Covid-19 qui n'était dans leurs plans.
Denis Moos (à gauche) transmet en douceur Sadevinox à Bertrand Sérisé (à droite), malgré le Covid-19 qui n'était dans leurs plans. (Crédits : DR)

Si la pandémie peut semer l'incertitude dans certaines entreprises, cela n'aura pas été le cas chez Sadevinox. Pourtant, quand le confinement s'est imposé, la transmission de cette PME haute-savoyarde n'était pas bouclé.

L'histoire de cette transmission est celle de Bertrand Sérisé, ingénieur en électricité, dont le parcours l'avait mené essentiellement dans des entreprises de taille mondiale, avant de s'intéresser à la PME annécienne, qui s'est faite un nom au cours des dernières années pour son positionnement dans le domaine des fils en acier inoxydables à l'échelle mondiale.

Au début de l'année 2020, Bertrand Sérisé met fin à 18 années passées chez Landauer, spécialiste des rayonnements ionisants. Il était alors vice-président des ventes pour ce groupe basé à Velizy Villacoublay (78), chargé du développement en Amérique Latine, en Europe et en Asie. "Je voulais depuis longtemps travailler pour mon compte, explique-t-il. La reprise d'une entreprise me paraissait évidente".

De son côté, Denis Moos, avait lancé Sadevinox en 2005 dans le cadre du groupe familial de décolletage, avant de la filialiser en 2016. Et souhaitait songer à sa future retraite de manière sereine. "Denis voulait assurer la transmission dans de bonnes conditions, en prenant le temps de bien faire les choses", souligne Bertrand Sérisé.

Sadevinox, qui emploie 8 salariés pour un chiffre d'affaires de 24 millions d'euros l'an dernier, se spécialise dans la distribution de fils en acier inoxydables, destinés aux industriels de différents domaines. L'industrie alimentaire et la restauration font par exemple appel à elle pour le ressort, la soudure, les chemins de câbles, les paniers, les grilles, les plateaux et les tapis transporteurs tandis que le secteur du bâtiment utilise ses clous, agrafes et ancrages muraux. Preuve de son dynamisme, elle exporte en moyenne la moitié de sa production à l'étranger

Accords par vidéo

En février, les deux hommes se rencontrent à Annecy. Puis le confinement survient. Mais ils poursuivent quant à eux leurs échanges en vidéoconférence. "Nous avons fait connaissance à distance après notre première rencontre", sourit Bertrand Sérisé.

Alors que l'économie française est en pause, les futurs acquéreur et vendeur se mettent d'accord pour entrer en négociations exclusives. "Ni lui ni moi ne souhaitions reporter ni renoncer au projet", précise Bertrand Sérisé.

L'accord de transmission est scellé. La famille Moos demeure investie dans l'entreprise au titre de deuxième actionnaire, après Bertrand Sérisé.

Le cédant, Denis Moos, reste aussi dans la PME, comme directeur des opérations.

« C'est important pour assurer une transmission en douceur, souligne Bertrand Sérisé. Nous ne sommes pas dans une perspective de transfert en seulement quelques mois. L'objectif est que j'apprenne, et qu'ensemble, nous fassions émerger des projets de développement. »

Pour son développement, Sadevinox peut compter sur une très forte notoriété sur ses marchés, relève Bertrand Sérisé, qui pointe aussi la bonne résilience de l'entreprise lorsque le contexte économique se dégrade. Si l'entreprise a vu ses ventes baisser en avril, durant le confinement général, elles ont rapidement repris le chemin de la hausse. "Cet été, nous avons réalisé le même chiffre d'affaires que l'an passé", se félicite Bertrand Sérisé.

Bien qu'habituellement peu active sur les dossiers de reprise par des repreneurs extérieurs, Bpifrance a participé cette fois au projet de transmission. La banque publique d'investissement a été séduite par "l'envie de travailler ensemble des deux dirigeants", explique Camille Samarut, directeur de participations chez Bpifrance.

Une envie et une implication qui auront surmonté la mise en pause de l'économie française au printemps dernier.

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