SBM Life Science reprend BHS et confirme sa "stratégie jardin"

Le numéro deux européen de la protection des plantes, SBM Life Science, confirme à La Tribune sa nouvelle acquisition, l'activité jardin de BHS. Une nouvelle croissance externe qui marque le coup d'envoi d'une "nouvelle approche du jardin" chère à son dirigeant, Alexandre Simmler et qui confirme la stratégie gagnante de l'ETI (650 salariés, 270 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2019) installée à Ecully, près de Lyon.
Alexandre Simmler est à la tête, aux côtés de son père, du groupe familial indépendant SBM.
Alexandre Simmler est à la tête, aux côtés de son père, du groupe familial indépendant SBM. (Crédits : DR)

La Tribune : La crise actuelle remet-elle en cause votre plan stratégique ?

Alexandre Simmler : Au départ, nous nous sommes préparés à affronter la chute brutale de notre chiffre d'affaires dans toute l'Europe (SBM détient deux usines en France, 1 aux Etats-Unis. Il est présent dans 31 pays, 20 en Europe avec des bureaux en Allemagne, en Angleterre, Italie, NDLR).

Au fur et à mesure, on a vu rouvrir les points de vente, notamment les jardineries. Contrairement à nos prévisions, on a constaté une accélération du business et au final la situation est bien meilleure que prévue. Il se trouve que l'un des effets inattendus du confinement, c'est la reconnexion des gens avec leur jardin.

En interne, la réactivité des équipes a été exemplaire. Cela nous a permis de challenger notre système de fonctionnement et de fonctionner différemment pour gagner en efficacité. Nous avons également mis le doigt sur l'importance du télétravail et de le prendre en compte pour nos évolutions futures.

Pourtant, cela fait déjà plusieurs années que le jardin est devenu une thématique centrale pour les français. Que vous inspire cette évolution, pressentie par votre père lorsqu'il a créé SBM ?

Il y a 14 millions de jardiniers en France, cet intérêt ne va que progresser. C'est un lieu où l'on est en capacité de transformer quelque chose, où l'on peut être fier de son travail et obtenir des résultats rapides et satisfaisants. Cela répond à un besoin de reconnexion et d'interaction avec la nature.

Cette appétence répond aussi à des enjeux de circuits courts, de manger sains et d'économie. On le voit avec l'accélération des jardins potagers. Cela concerne aussi beaucoup les villes : l'essor des balcons terrasses, des toitures végétalisées. Tous ces phénomènes ont besoin d'être accompagnés, car nous allons devoir faire face à des enjeux de transmission générationnelle. La nature est un être vivant dont il faut prendre soin, y compris en utilisant le produit adapté.

Est-ce que vous constatez un phénomène identique dans les autres pays ?

Ce sont les mêmes attentes, y compris aux Etats-Unis qui étaient jusqu'ici un marché de jardins ornementaux. Là-bas aussi les consommateurs veulent se reconnecter à la nature et on assiste à l'émergence des potagers, ce qui est assez nouveau pour le pays. Nos produits Solabiol, d'origine naturels et dédiés au jardinage biologique, plaisent au marché américain. Nous sommes leaders sur ce marché en France et nous nous appuyons sur notre démarche de précurseur pour aborder les autres pays.

Mais votre catalogue comprend aussi des références phytosanitaires plus classiques. N'est-ce pas paradoxal ?

Ce n'est pas un paradoxe : les besoins d'un jardinier ne sont pas ceux d'un agriculteur. Et 75% de notre activité est dédiée aux particuliers. Nous sommes petits sur le marché des professionnels avec 20% de part de marché où nous intervenons en général pour le compte de tiers. Il faut poser le débat sur ce qui est bon pour l'environnement : ce n'est pas parce qu'on met un produit naturel sur une plante que son impact environnemental n'est pas à revoir.

Notre objectif : permettre à une plante de résister sur la base d'un impact environnemental minimum. Chez SBM, j'ai et nous avons la conviction que le végétal est un aspect clé pour influer sur le futur et les changements climatiques auxquels nous devrons faire face.

Votre stratégie de croissance est un mix entre acquisitions et croissance organique. Quel bilan tirez-vous du rachat des activités de Bayer Jardin ?

Comme mon père, je suis un vrai entrepreneur. Nous avons envie de développer l'entreprise selon les opportunités qui se présentent. Même si nous progressons, il est toujours compliqué de grandir sur un marché mature comme la France, qui progresse chaque année entre 0 et 2%.

Avec le rachat des activités de Bayer jardin, en 2016, nous avons fait un bond colossal, l'équivalent de 20 ans de croissance française, y compris aux Etats-Unis. Il ne s'agit pas seulement de portefeuille produit : nous avons hérité de compétences (marketing, R&D), d'un réseau de commercialisation fort, de partenariats et d'expertises et solutions dans divers pays.

A quoi dédiez-vous cette innovation ?

Nos 4% de chiffres d'affaires dédiés à l'innovation ne sont pas positionnés sur la recherche fondamentale. Nous améliorons l'efficacité des matières actives identifiées par les géants du secteur. Nous allons chercher à minimiser l'impact environnemental, à améliorer les packaging pour optimiser l'expérience client, minimiser les doses, etc. Nous travaillons généralement sur l'homologation d'un couple emballage/produit. Nous travaillons sur l'ensemble de la chaîne de valeur, de l'innovation à la commercialisation.

Vous avez annoncé, juste avant la crise sanitaire, votre volonté de racheter les activités jardins de BHS. Où en êtes-vous de ce dossier ?

Malgré la crise, le rachat est confirmé. Il sera effectif au 1er juillet 2020. Cette activité correspond à nos besoins, nous sommes ravis de la compter désormais parmi nous. Nous avons repris BHS pour plusieurs raisons : d'abord, c'est une société familiale, comme nous. Ensuite, l'expertise de ses Hommes m'intéressait beaucoup : ils sont des experts du gazon, un segment où nous n'étions pas présents. Cette nouvelle force de vente est précieuse, d'autant que nous avons imaginé une nouvelle approche du jardin : au lieu de segmenter notre offre par produit - que nous trouvons très anxiogène - nous allons désormais la repenser par univers.

Comment va se dessiner cette nouvelle offre ?

Nous créons quatre univers qui permettent d'accompagner nos consommateurs à travers différents concepts autour de la maison. Nous allons le proposer en magasin mais aussi sur le digital. Même si nous n'allons pas nous mettre à faire du e-commerce en direct, nous allons aider nos partenaires historiques à s'y mettre - c'est un autre enseignement de la crise, cet intérêt pour l'achat de produits de jardin en ligne. Nous avons notre part à jouer en matière de pédagogie dans toute l'Europe.

Quelles sont vos ambitions à moyen long terme ?

Poursuivre avec l'accélération du digital, accompagner ceux qui veulent jardiner tout en étant vigilant sur l'accessibilité de nos produits, en matière de prix comme de distribution car la crise économique qui se profile va avoir un impact sur le pouvoir d'achats de nos jardiniers. Pour notre croissance européenne, nous restons toujours à l'écoute des opportunités, cela passera par des sociétés disponibles ou du partenariat.

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